Renvoyé à plusieurs reprises, le procès tant attendu a finalement eu lieu le 24 juin 2015. La salle d’audience comme il fallait s’y attendre a été prise d’assaut par les Port-Gentillais, bien curieux de connaître l’épilogue de cette affaire qui depuis plusieurs mois suscite moult commentaires.
C’est Séraphin Ndaot qui, ayant la parole en premier est revenu sur les éléments qui l’ont conduit à traîner son ancien allié au sein du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS) devant le tribunal correctionnel, pour injures publiques et menaces de mort. Si Ndaot, lui, a égrené divers propos de Féfé Onanga, rapportés par les journaux et tenus lors de causeries politiques, pour illustrer les injures publiques, son conseil Me Chansel Guissiga n’en a retenu qu’un seul. Et concernant cette infraction, tout s’est joué sur une comparaison faite par le prévenu entre Jean Ping et Séraphin Ndaot. «Entre Ping et Ndaot c’est le jour et la nuit», aurait-il avancé lors d’une causerie politique ; des propos rapportés par un hebdomadaire national.
«Je faisais allusion à l’expérience politique», a répondu Féfé Onanga à l’avocat de la partie civile qui voulait savoir ce qu’il entendait par là. «Faire une comparaison entre deux hommes en assimilant l’un au jour et l’autre à la nuit est un signe de mépris», a rétorqué Me Chansel Guissiga non sans souligner que les propos méprisants étaient considérés comme des injures par la loi.
Concernant les propos «nous allons régler le compte de Ndaot en 2016», considérés par l’intéressé comme des menaces de mort, Féfé Onange a estimé qu’ils avaient été sortis de leur contexte. «Je faisais allusion à la mort politique», a-t-il fait savoir. Le prévenu a d’ailleurs été soutenu par la présidente de la cour qui a rappelé que 2016 renvoie à une échéance électorale importante.
Si l’avocat de Séraphin Ndaot s’est attelé à démontrer le caractère injurieux des propos de Féfé Onanga assimilant Ping au jour et Ndaot à la nuit, puis les menaces de mort lorsque le prévenu déclare en finir avec son client en 2016, le procureur de la République dans son réquisitoire n’y a vu ni injures, ni menaces de mort. Jean Bedel Moussodou Moundounga a donc demandé que le tribunal relaxe purement et simplement Féfé Onanga. Il a, en revanche sollicité une requalification des faits en diffamation et de l’en déclarer coupable avant de requérir un mois de prison avec sursis.
Estimant que cette requalification foulait aux pieds les droits de la défense en ce qu’elle ne s’était pas préparée pour cette nouvelle infraction, les avocats de Féfé Onanga, maîtres Eteno Amorissani et Missou, ont demandé au tribunal de la rejeter. Le reste s’est révélé plutôt facile puisque le procureur de la République qui est le maître des poursuites, venait juste de démontrer que les délits d’injures publiques et de menaces de mort n’étaient point constitués. Les deux ont insisté, comme le procureur avant eux, sur le contexte dans lequel les propos visés ont été tenus. Me Elie Missou en a d’ailleurs profité pour infliger une volée de bois vert à la partie civile. Pour lui, en tant qu’ancien bâtonnier, ancien maire, puissant homme d’affaires et président du conseil national de la démocratie, Ndaot s’est rabaissé en traînant Féfé Onanga devant le tribunal pour «une affaire aussi banale». Un avis que n’a vraisemblablement pas partagé le tribunal qui a pris tout le monde de cours en décidant de rendre le jugement sur le siège.
De retour après une demi-heure de délibération, le tribunal statuant sur la requalification des faits sollicitée par le ministère public, l’a purement et simplement rejetée. Il a également relaxé le prévenu pour ce qui est de l’infraction de menaces de mort. En revanche, le délit d’injures publiques étant à ses yeux constitué, il l’en a déclaré coupable et en répression l’a condamné à 60 jours de prison dont 45 de sursis.
Féfé Onanga qui doit purger quinze jours à la prison du Château devra par ailleurs verser à Séraphin Ndaot un franc symbolique au titre des dommages et intérêts.