Non sans susciter quelques doutes au sujet de son véritable positionnement, Dieudonné Minlama Mintogo, futur candidat à la présidentielle 2016, a annoncé la naissance d’un mouvement qui dit poursuivre le combat d’André Mba Obame. C’était le 20 juin dernier, à la faveur de son «rassemblement citoyen».
Il y avait du monde, le samedi 20 juin dernier, au Collège Ntchoréré au quartier dit Ancien-Sobraga ! Il y avait là, réunis, des anonymes et des personnalités de la société civile et du monde politique, parmi lesquels Samuel Mendou, président de l’une des branches du Mouvement de redressement national (Morena), David Mbadinga, transfuge de l’Union du peuple gabonais (UPG), vêtu de sa légendaire cravate rouge, et Thierrry d’Argendieu Kombila, président de l’Union nationale des forgerons (UNAF), et Cécile Mouketou, président de l’ONG Patrie Avenir.
Dans un discours de plus de quarante-cinq minutes, Dieudonné Minlama a rappelé toutes les actions qu’il a initiées depuis quelques années dans le champ politique, à savoir, entre autres, l’appel à un dialogue politique, l’appel à l’organisation d’élections transparentes et démocratiques… Mais il a surtout voulu faire le bilan des «années Omar» sans dire un mot sur la gouvernance Ali Bongo, rappelant les différentes phrases symboliques du discours testamentaire du président Omar Bongo du 1er décembre 2007 (celui-ci célébrait alors ses 40 ans de pouvoir) et celles du 6 janvier 2009, lors de la présentation des vœux de l’an 2009, et dans lesquelles il avait lancé «Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour faire ce que nous sommes en train d’en faire». Estimant que ses multiples appels à la tenue d’un dialogue inclusif n’ayant pas été entendus, Dieudonné Minlama a décidé de franchir la ligne qui sépare la société civile du monde politique.
Ainsi, une dizaine de minutes après ce discours riche en anecdotes et en histoires diverses sur ses hauts faits aux côtés d’André Mba Obame et certains leaders de la société civile en faveur de l’instauration d’une véritable démocratie, le président de l’Observatoire national de la démocratie (OND) a lancé à l’endroit d’un public compact : «Je suis prêt à prendre mes responsabilités», ajoutant : «Aujourd’hui, pour la première fois, je me présente seul devant le peuple. J’ai pris la décision, en toute âme et conscience, et en homme libre, de monter mon implication citoyenne dans la vie politique d’un cran : j’ai décidé de monter le niveau.» Si Dieudonné Minlama Mintogo a reçu les acclamations, le reste de sa déclaration, que d’aucuns annonçaient «importante», a semblé moyennement satisfaire ses destinataires. Certains s’attendaient à plus de poigne de la part de celui que les récits, souvent à son avantage, relatés tout au long du discours, présentaient comme une sorte de héraut de la démocratie.
Pourtant, l’initiateur du «grand rassemblement citoyen» du 20 juin dernier à Libreville, est apparu quelque peu en-deçà des attentes des uns et des autres, bien qu’il se soit voulu plus déterminé que jamais à mener son combat, à l’instar de celui dont il se fait l’héritier : «S’il n’y avait pas eu le 12 avril (date du décès d’André Mba Obame), il n’y aurait jamais eu ce 20 juin», a-t-il lancé, justifiant sa décision par le fait que «notre démocratie est malade (et) est devenue un danger». Une situation qui, estime-t-il, interpelle les acteurs politiques de tous bords. Or, tout en revendiquant sa neutralité, Dieudonné Minlama Mintogo a annoncé le lancement officiel de la «Convention nationale de l’interposition», à qui il dit attribuer trois principaux objectifs : «Terminer le travail d’Omar Bongo qui voulait remettre le Gabon aux mains de Dieu, parce qu’il avait compris que le pacte avec le diable n’avait donné que de mauvaises choses ; maintenir la paix et la stabilité entre les forces vives de la nation qui se déchirent et faire aboutir la nouvelle espérance souhaitée par André Mba Obame.» Autant de missions qu’il entend mener en partenariat avec les organisations de la société civile, dont certaines ont déjà eu à œuvrer à ses côtés, dans le cadre de précédents combats, notamment la rédaction d’un mémorandum rendu public en février 2011.
Sur les questions d’actualité, Dieudonné Minlama Mintogo qui sera candidat à l’élection présidentielle de 2016, selon des sources concordantes, a évoqué la candidature unique de l’opposition. Pour lui, «la candidature unique est très risquée», d’autant que l’histoire, notamment celle de 2009, a révélé qu’elle reste difficile à matérialiser, en raison des velléités des uns et des autres. Une réalité qui impose une réflexion sur la qualité de l’élection de 2016. C’est pourquoi le président de l’OND dit continuer d’œuvrer, à l’instar du mouvement citoyen «Ça suffit comme ça», en faveur d’une élection présidentielle libre et totalement transparente, qui passe par la réforme des institutions telles que la Cenap et la Cour constitutionnelle.