Tentant de donner suite aux préoccupations de l’Union des syndicats de l’administration publique, parapublique et privée (Usap), relatives à la rétention des bons de caisse de certains enseignants, au non-paiement de la Pip et de la Pife 2015 et à la non-publication des résultats des travaux sur le nouveau système de rémunération, la ministre de l’Éducation nationale a pris appui sur les statistiques issues de l’opération de mise sur bon de caisse pour solliciter un sursis.
Ne disposant d’aucune solution pour faire payer aux enseignants les différentes primes non versés, dans les délais requis par l’ensemble des structures syndicales, Ida Reteno Assonouet s’est contentée, le 19 juin courant, de rhétorique pour amener ses partenaires à revoir leur position. «Le délai de 22 juin, (…) ayez l’obligeance de le reconsidérer. Nous, nous allons aborder les examens et concours, accordez un petit œil simplement pour les enfants. Votre avenir à vous, il est derrière vous», a-t-elle lancé aux syndicalistes. «La situation dans laquelle nous sommes n’est peut-être pas perceptible par tout le monde, mais elle est d’une gravité extrême. La dégringolade a dépassé, en 2015, un peu celle qui était de la réjouissance démocratique et syndicale des années 90-92. Nous lançons un appel, à toute la communauté nationale afin que tous ceux qui ont droit à la parole dans cette nation se penchent sur la gravité de notre système éducatif. Nous appelons à un sursaut national autour de la question de notre école», a renchéri Paul Moussavou Mombo de l’Ospen.
Et comme pour rassurer ces hommes et femmes, qui se disent abusés par les promesses du gouvernement, la ministre de l’Education nationale a dû recourir aux données statistiques issues de l’opération de mise sur bon de caisse du mois de mars, pour démontrer sa bonne foi et mettre fin aux accusations portées sur sa personne. «Ce n’est pas par plaisir que l’on va décider de retenir vos bons de caisse. Nous avons le souci de l’éducation de nos enfants. Nous allons organiser nos examens et concours. Il se peut que ces bons de caisses n’aient pas été édités pour ceux qui ont fréquenté normalement parce que, effectivement, nous déplorons le fait que certains bons de caisse n’aient pas été édités. Non pas par malveillance, mais compte tenu de la cadence du travail. On peut comprendre qu’il ait pu avoir des omissions», a-t-elle assuré, admettant : «Si nous détenons vos bons de caisse à tort, on n’organisera jamais les examens et concours, puisque vous allez vous remettre en grève».
Selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, issues de la décision de mise sur bon de caisse des agents publics, pour le compte de mars 2015, l’opération a permis de dénombrer 20 415 bons de caisse édités, 19 567 ont été ventilés, 286 non réclamés, 489 réclamations pour des bons non édités, 60 bons pour des agents décédés, 53 pour abandons de poste, 17 pour des personnes affectées par de graves maladies. On a également noté que 213 enseignants n’avaient pas repris les cours au mois de mars, 257 émargeaient sur le listing de l’éducation nationale mais n’étaient pas en poste pour le compte dudit ministère alors que 40 coopérants égyptiens ont regagné leur pays et ne servent plus le Gabon tout en continuant à percevoir leurs salaires.
«Nous sommes heureux de constater que quelques heures après notre point-presse, madame le ministre s’est résolue à nous recevoir pour nous présenter ses inquiétudes par rapport à notre décision. Nous avons toujours prôné la démarche réaliste qui consiste à ne vouloir chercher que l’intérêt des enseignants et cet intérêt aujourd’hui est la préoccupation posée quant au payement de la Pip et de la Pife. Elle souhaite qu’on lui accorde un petit délai d’une semaine. Elle a dit qu’elle se battra pour que ceci soit fait», a déclaré Fridolin Mve Messa, qui dit attendre la décision de sa base pour décider de l’arrêt ou de la poursuite des cours. Affaire à suivre…