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Quelles leçons à tirer pour l’opposition gabonaise ?
Publié le vendredi 19 juin 2015   |  gabonlibre


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Le Front de l’opposition pour l’alternance


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L'opposition gabonaise devrait apprendre des exemples du Togo et du Burundi.

Dans un de mes articles, « Pour défendre leur souveraineté les Africains doivent-ils changer leur manière de gouverner ? », paru en 2013, qui d’ailleurs aurait pu s’intituler : réponse au Président Thabo Mbeki, je m’interrogeais sur une partie de son intervention à l’Université du CAP. Mais comment s’étonner du manque de respect de la communauté internationale, et en particulier des grandes puissances, à l’égard des Africains, quand au Burundi, un plus un ne font pas deux ? Ainsi s’expliquent peut-être les événements gravissimes qui secouent le pays en ce moment, et la manière dont les résultats de l’élection présidentielle ont été proclamés au Togo.

Nous savons que l’annonce des résultats d’une élection, en l’occurrence celle d’une élection présidentielle, n’est pas une question de temps. Or, dans le cas du Togo, pour obtenir finalement ces résultats, il a fallu attendre plus de quatre jours et l’arrivée de deux chefs d’Etat voisins, celui du Ghana, John Dramani Mahama, et celui de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Pourtant, au Nigeria, autre pays voisin, les choses ont revêtu une allure bien différente, puisque le Président sortant, Goodluck Jonathan, a félicité son rival en fin d’après midi, sans attendre le résultat final. Certes, dans bon nombre de pays africains, le pouvoir en place n’organise pas une élection pour la perdre. Au Togo on dit même : « on ne cède pas le pouvoir car on n’est pas certain de le reprendre ». Il s’agit de la devise de la dynastie.

Cependant, au Burundi non plus, 1+1 ≠ 2. Est-ce une première ? Selon le pouvoir en place, comme la première élection du Président de la République n’a été faite qu’au niveau du Parlement, on ne pouvait prendre en compte que celle qui l’avait porté au pouvoir par le suffrage universel direct. Autrement dit, le chef d’Etat pouvait se présenter encore comme candidat à sa propre succession. Ainsi, la limitation à deux mandats est alors inopérante.

Qu’en pense l’Union Africaine ? Silence radio. Selon certains, cette organisation n’est qu’un club rassemblant tous ceux qui ont réussi à accéder au pouvoir dans leur pays, elle ne peut donc, en aucun cas représenter une institution au service des peuples du continent.

Mais alors, à partir de ces deux éléments, quelles leçons l’opposition gabonaise peut-elle tirer ?

Soit le pouvoir passe en force, comme au Burundi, où demeure cependant le souvenir pesant des morts, en particulier celui de la disparition d’un responsable de l’opposition. Mais il est vrai que le principal souci réside dans le maintien du clan au pouvoir… Soit nous voici dans une situation semblable à celle du Togo, où le régime contrôle toutes les institutions sensées veiller au bon déroulement de tout le processus électoral jusqu’à la proclamation des résultats.
Ces deux scénarios ont déjà été expérimentés au Gabon, le passage en force et la manipulation des résultats, moyennant le concours d’institutions telles que la Cour constitutionnelle, la CENI... N’est-ce pas cet état de fait qui permet au régime de se maintenir au pouvoir encore aujourd’hui ? Faut-il renouveler l’expérience vécue en 2009 et pérenniser un régime vieux de 47 ans ?

Reste l’article 10 de la constitution qui met en exergue le mode d'acquisition de la nationalité gabonaise des postulants à l'élection présidentielle. Celui-ci remet en question le problème de naturalisation plus ou moins certaine de l’actuel chef d’Etat. On comprend dès lors que le peuple gabonais attende de l’opposition qu’elle adopte une stratégie faisant en sorte que le régime ne puisse renouveler le coup d’Etat électoral de 2009.

Cette opposition, bien que considérée comme une « association cumulative » de partis politiques, ne doit en aucun cas demeurer uniquement cela. Elle devrait montrer une vraie transparence et tracer clairement son chemin. Or, dans son sein, certains préconisent le report de l’élection à cause d’une tension par trop palpable dans le pays. Mais dès lors, comment analyser cette nouvelle initiative ? Peut-on la considérer comme une proposition rassurante ? N'est-ce pas une manière de donner un temps de répit au PDG, alors que le peuple gabonais n’a qu’un seul désir, se débarrasser des liens de soumission qui l’enchaînent à ce Parti ?

L’élection est prévue pour le mois d’août 2016. Quatorze mois, ce n’est pas bien long pour une opposition qui doit faire éclore une cohésion à partir de tant de différences. Elle doit définir une stratégie, donner un programme en quatre ou cinq grandes lignes de force, afin de répondre à de grandes interrogations, celles du peuple gabonais. Cependant, qui incarnera cette opposition ? Quand la campagne débutera-t-elle sur l’ensemble du territoire, auprès des populations ? Comment sera-t-elle structurée ?

Certes, il n'est pas question de se dévoiler face à un régime qui connaît toutes les ficelles pour s’accrocher au pouvoir.
Par ailleurs, l’échec de l’opposition togolaise, qui a pu être expliqué par certains par le refus de se mettre au service du peuple, pourrait s’ériger en exemple et porter à réfléchir. Il est vrai qu’au sein d’une démocratie, il arrive souvent que le désir de se présenter à une élection soit d'ordre individuel. Par ailleurs, n’omettons pas certaines réalités concernant le pays.

Ainsi, par exemple, on pourrait affirmer qu’aucune élection présidentielle n’a été réellement remportée par le régime en place, même en 1994, si l’on considère qu’après un seul tour, le candidat arrivé en tête l’emporte et ceci, quels que soient ses résultats, que ces résultats soient d’ailleurs « retravaillés » ou pas… Tout cela devrait inciter les uns et les autres à transcender leur égo. Et comme il est dit dans certaines religions, il faut « tout sacrifier pour le bonheur de la communauté ». En l’occurrence, quand on parle ici de communauté, il s’agit de la communauté nationale, et donc, de l'ensemble du peuple gabonais.

C’est pourquoi, nous demandons instamment à l’opposition gabonaise d’éviter des stratégies et/ou des tactiques suicidaires, alors qu’une réelle chance de changement existe aujourd’hui.

Abumackaye

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