L’annonce des réformes et leur mise en place semblent prendre beaucoup de temps, notamment dans le secteur de la Communication. Alors que le gouvernement avait annoncé en 2010 la création de deux entités publiques distinctes, Gabon Télévision et Radio Gabon, à ce jour les deux chaînes publiques de radio-télévision (RTG1 et RTG2) n’ont pas été dissoutes. La présence d’une juriste à la tête du ministère de la Communication n’y a rien changé. Y aurait-il une volonté inavouée de maintenir en vie la RTG2 ?
C’était une réforme courageuse lancée par René Ndemezo’Obiang, puis reprise par Laure-Olga Gondjout, Paul Ndong Nguéma et Blaise Louembet. Elle devait consacrer la création de Gabon Télévision, Radio Gabon et Télédiffusion du Gabon, et mettre fin à l’existence juridique de la Radio-Télévision Gabonaise chaîne 1 (RTG1) et de celle de la Radio-Télévision Gabonaise chaîne 2 (RTG2). Mais en dépit de la désignation d’une partie des équipes dirigeantes de Gabon Télévision et de Radio Gabon et de Télédiffusion du Gabon, d’abord en septembre 2011 avec la nomination des PCA des trois entités, à savoir respectivement Christophe Othamot, Micheline Koumba et Camille Mombo, puis en décembre 2014 et mars 2015 des directions générales, on constate que la RTG1 et la RTG2 existent toujours. La deuxième chaîne de radio et de télévision publique continue de diffuser ses programmes aussi bien à la radio qu’à la télévision. Cela ne peut manquer de créer une certaine confusion dans les esprits. Et les professionnels du secteur se désolent de voir que les choses n’avancent qu’à pas de tortue. Une désolation qui peut se comprendre.
Parce que, en fait, la transition dure depuis trop longtemps dans ce secteur de l’audiovisuel public qui a besoin de clarté et goûte peu à l’improvisation, aux approximations, à l’à-peu-près. Cinq ans, diantre ! qu’on attend la mise en place de la réforme du secteur public de l’audiovisuel. Déjà, l’audit sur la ressource humaine et le patrimoine de l’une et l’autre structure n’a jamais été réalisé. Qui, parmi les personnels, sera affecté à Radio Gabon ? Qui le sera à Gabon Télévision ? Qui ira servir à Télédiffusion du Gabon ? Et, parmi ceux qui ne seront affectés ni dans une structure, ni dans une autre, où les enverra-t-on ? Concernant le patrimoine, qui récupérera la Maison Georges-Rawiri ? Et où iraient les deux autres entités ? Cinq ans après la création de Gabon Télévision, Radio Gabon et Télédiffusion du Gabon, rien n’est fait, pas grand-chose n’est réalisé.
Lorsque Aminata Ndzomba Ondo, président du Synapap, demande des explications sur cette réforme, exprimant ainsi, au nom de ses congénères, une forme d’inquiétude sur leur avenir professionnel et personnel, un doute sur l’évolution de leur emploi, a-t-elle tout à fait tort ? Qu’est-ce qu’un emploi finalement, si ce n’est l’accomplissement d’un individu ? Lorsqu’elle estime que si la RTG1 et la RTG2 n’existent plus, il faudrait harmoniser les salaires des «chefs» nommés par le gouvernement et ceux des agents exerçant jusqu’ici dans ces structures, a-t-elle toujours tort ? Les «chefs» sont en effet payés sur le mode de gestion des entreprises publiques avec des émoluments relativement élevés, alors que les «petits agents» perçoivent des salaires «petits pieds», ceux d’agents de la Fonction publique. Aminata Ndzomba a-t-elle tort d’exiger plus de cohérence et d’intelligence dans la gestion actuelle des chaînes publiques de radio et de télévision ? Et que lui répond-t-on ? Qui pour lui répondre ?
Cinq ans après la création de Gabon Télévision et de Radio Gabon, la loi des finances votée chaque année prévoit toujours un budget pour la RTG1 et la RTG2. Le ministre de la Communication est invité à faire bouger les lignes dans ce secteur qui, il est vrai, a connu cinq ministres depuis 2011 (Laure-Olga Gondjout, Paul Ndong Nguéma, Blaise Louembet, Pastor Ngoua Nneme et Denise Mekam’ne) et reste marqué par une forme d’instabilité institutionnelle. Mais ce secteur a plus que jamais besoin de voir aboutir la réforme. Il faudrait, pour cela, commencer par élaborer les lois devant supprimer les deux chaînes existantes (RTG1 et 2), ainsi que le voudrait le parallélisme des formes, sauf si derrière l’existence continue de la RTG2 à la présidence de la République, se cache une volonté inavouée de maintenir en vie cette structure… Les observateurs se demandent si, malgré la réforme, la RTG2 sera démantelée. Parce que, selon un responsable de Radio2, c’est ce qui semble bloquer la réforme, et non, comme l’affirment d’autres, la création des chaînes thématiques devant intégrer les groupes Radio Gabon et Gabon Télévision.