LIBREVILLE -- Un jeune Camerounais de 32 ans, Armel Maxime Tchangou, a trouvé la mort, mercredi après-midi, au carrefour Léon Mba, dans le 3ème arrondissement de la commune de Libreville, a constaté sur place un journaliste de l'AGP.
A l’origine de ce décès, un générateur de plus de 245kg qui est retombé sur la tête du jeune Camerounais alors qu’il essayait de le déplacer avec des amis (9 autres manutentionnaires), venus prêter main forte à un grossiste installé dans la périphérie et qui a sollicité leur aide, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes, soit 60.000 FCFA à partager entre 10 personnes.
La journée de mercredi aura été sombre pour les manutentionnaires du Carrefour Léon Mba, surtout pour ceux qui travaillent aux containers de ‘’Petit Paris’’où leur ami et frère, Armel Maxime Tchangou, a connu une mort atroce avec la chute sur sa tête d’un générateur du magasin ‘’Sipagel’’, appartenant à un ressortissant libanais, du nom d’Hassan Miseï.
Les faits se sont déroulés aux environs de 14 heures dans l’enceinte-même du magasin. Arrivés sur le lieu du drame, c’est une foule fulminante de colère, que nous avons trouvée. Mais elle a été vite dispersée par les agents des forces de l’ordre, qui sécurisent la zone.
La machine meurtrière et le sang encore frais de la victime témoignent encore de la gravité du choc et de la douleur ressentie, à cet instant précis de l’accident, par la victime. La tête, complètement coupée du reste du corps n’a pu être retirée avant le transport du corps, dans une maison des pompes funèbres, par les pompiers.
"C’est un meurtre, c’est un meurtre", crient certaines personnes, qui ne comprennent pas que le libanais Hassan ait demandé à quelques manutentionnaires de soulever une machine de près de 245 kg moyennant la modique somme de 6000 FCFA par personne, au lieu d’opter pour la location, comme il est de tradition, d’un chariot élévateur.
"Sous d’autres cieux où la sécurité des personnes au travail est considérée comme étant une lettre à respecter et à faire respecter, les machines d’une telle envergure sont généralement soulevées par des engins spécifiques", a renchéri un manutentionnaire visiblement consterné.
Selon Rodrigue Dounko, un proche de la victime, par ailleurs témoin du drame, il était 13 heures, lorsque Armel Maxime Tchangou et d’autres manutentionnaires finissent leur tâche quotidienne au container de ‘’Petit Paris’’. Là, ils ont passé toute la matinée à charger, pour espérer trouver de quoi satisfaire leurs besoins.
Exténués, Rodrigue et son ami Armel se retirent pour boire quelques sachets d’eau et discuter. Les deux amis prennent quelques photos ensemble, sans se douter que la mort aura à décider, les minutes qui suivront, de qui des deux sera emporté par cette faucheuse.
Une heure plus tard, Rodrigue et Armel sont appelés par un collègue, Marc, qui vient de se voir proposer un marché par le propriétaire du magasin ‘’Sipagel’’. Une véritable opportunité pour ces jeunes, de gagner un peu d’argent, surtout que la matinée n’a pas été aussi fructueuse que d’habitude.
"Le Libanais m’a dit qu’il avait besoin de six personnes pour transporter un générateur de 245 kg. Et qu’il était prêt à débourser 6000 FCFA à chacun. Mais je lui ai dit qu’il fallait plus de personnes, parce que cette machine est très lourde. Il a accepté. Aussitôt, j’ai appelé mes frères dont le petit Armel Maxime Tchangou", explique Marc, les yeux larmoyants, presque traumatisé.
C’est donc une dizaine d’hommes qui se retrouvent autour de l’imposante machine. Armel Maxime Tchangou est bien en place, prêt à soulever le générateur.
"Nous avons une première fois tenté de soulever la machine, mais elle était vraiment lourde, malgré le nombre que nous étions", poursuit Marc. Mais face à la difficulté, tous décident d’acheter une corde dans la quincaillerie d’à côté, en vue de soulever plus facilement la machine censée être déposée sur une plate forme conçue, laquelle leur aurait permis de trouver meilleurs appuis.
"Après avoir acheté la corde, nous l’avons attaché sur chaque côté du générateur. Ceux qui étaient sur la plate-forme, c’est-à-dire en haut, devaient tirer pendant que nous soulevions la machine en bas. Malheureusement, arrivée à une certaine hauteur, la machine à basculer pour s’effondrer sur la tête du jeune Armel Maxime", confie Marc.
Effectivement, au moment où la machine bascule, tous prennent la fuite pour éviter d’être touchés par le mastodonte dont ils n’ignoraient la dangerosité de la masse. Mais, le sort avait jeté son dévolu sur Armel Maxime Tchangou, qui, en essayant de fuir comme les autres, va trébucher et tomber pour ne plus se relever. Le générateur va s’écraser sur sa tête et la sectionner d’un coup. Aussitôt, les cris de ses amis, paniqués et devenus étourdis pour d’aucuns après avoir vécu cette horrible scène ont ameuté les badauds, curieux de savoir ce qu’il en retournait réellement.
A l’instant, Hassan Miseï, propriétaire de la machine, appelle les pompiers et la police judiciaire. Les amis de la victime, en colère, décident d’en découdre avec le Libanais qui n’a eu la vie sauve que grâce à la présence des agents des forces de police dépêchés sur le lieu du drame.
Le magasin a été fermé pour des raisons d’enquête. Le propriétaire, Hassan Miseï quant à lui, a été conduit, si tôt, dans les locaux de la police judiciaire où il aurait été auditionné avant d’être relaxé.