Pour permettre l'amélioration de la compétitivité des économies de la région réputées fragiles en raison d'un faible niveau de création de la valeur ajoutée, la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC) alloue entre 200 millions et 25 milliards de francs CFA pour le financement du secteur privé, selon des chiffres officiels.
"C'est d'abord dans les missions de base de la BDEAC que de financer les économies de l'Afrique centrale. Et notamment en ce qui concerne l'industrie qui fait partie de l'un de ces programmes [de l'Union européenne] axé sur la mise à niveau, la BDEAC finance à la fois le secteur public et le secteur privé", a souligné à Xinhua Béringar Maïna Ndomnabaye, représentant-résident de cette institution au Cameroun.
Ce soutien prend tout son sens avec le lancement mercredi à Yaoundé de deux programmes pilotes financés par l'Union européenne (UE) en vue de préparer les 6 pays de la CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatorial et Tchad), puis la RD Congo et Sao Tomé et Principe à une meilleure intégration au commerce mondial.
Confiés pour leur exécution à l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), le Programme régional de mise à niveau de l'industrie et le Programme infrastructure qualité de l'Afrique centrale s'inscrivent notamment dans la perspective de l'ouverture en franchise de douane des marchés de cette région aux produits européens.
C'est en rapport avec la mise en oeuvre envisagée d'un accord commercial de libre-échange ou accord de partenariat économique (APE)en cours de négociation avec l'UE et déjà approuvé par le Cameroun en 2009.
Appelée à jouer un rôle dans ce processus, la BDEAC met à disposition dans le cadre de son plan stratégique quinquennal 2013- 2017 un portefeuille de 900 milliards de francs CFA (1,8 milliard de dollars) consacré pour 30% aux prêts aux entreprises de la région,annonce son représentant au Cameroun.
"Quand la BDEAC a commencé ses opérations en 1979, dans ces financements 70% ont été destinés au secteur privé et 30% au secteur public. C'est actuellement qu'il y a une inversion qui se fait, mais c'est dû aussi au fait que les projets d' infrastructures demandent beaucoup d'argent. Donc, sur un projet on peut mettre 20, 30, 40 milliards [de francs CFA]", explique M. Ndomnabaye.
Ce n'est pas le cas pour les projets émanant des PME qui, selon le responsable financier, dépassent peu les 10 milliards de francs CFA. "Donc, quand on soustrait les 30% d'apport en fonds propres, le reste,les banques se le partagent. Et nous au niveau du secteur privé, nous ne devons pas intervenir pour plus de 50% d'un projet".
Dans le détail, "notre fourchette d'intervention va de 200 millions pour le moment à 25 milliards pour des prêts directs. Mais il y a des prêts-programmes aussi et pour certains d'entre eux, nous allons jusqu'à une quarantaine de milliards par programme", indique-t-il en outre.
"Nous finançons par exemple Biopharma [une entreprise de production pharmaceutique camerounaise]. Nous avons financé un projet en cours de démarrage qui concerne la production de gaz médical et des compresses, SITRACO, dont l'usine se situe dans la zone industrielle de Bassa (Douala)", énumère-t-il.
Entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux locaux, dont le fer à béton et les clous, Métafrique a pour sa part reçu un appui financier pour le renforcement de ses capacités productives.
"Le financement de la BDEAC et d'Afriland First Bank lui permet de produire également les profilés qui vont servir à construire les lignes de transport [d'énergie]", révèle encore Béringar Maïna Ndomnabaye.
C'est la première production locale de profilés en Afrique centrale,dans un marché en pleine expansion et qui offre des perspectives plus intéressantes avec la construction en cours dans les différents pays de la région d'ouvrages de production de l' électricité.
C'est le cas du barrage hydroélectrique de Lom Pangar à l'Est du Cameroun, un projet d'ailleurs financé à hauteur de 20 milliards de francs CFA (40 millions de dollars aux côtés d'autres bailleurs par la BDEAC, pour laquelle les infrastructures d' énergie et de transport constituent la priorité du plan stratégique 2013-2017 pour le compte du secteur public.
"Nous venons de financer une usine de production de pâtes alimentaires [également à Douala au Cameroun]. Une de plus, mais le marché est encore disponible. Nous intervenons notamment au niveau des PME au niveau des projets de création. Ce sont des projets qui sont assez risqués, mais la BDEAC, de par sa vocation, intervient dans les projets de création. Les banques commerciales en général interviennent dans les entreprises qui sont assises", assure par ailleurs M.Ndomnabaye.
"Nous avons financé un projet de complexe industriel de raffinage d'huile de palme, savonnerie, margarinerie à Douala, qui peine à démarrer. Mais, je pense qu'il y a des solutions, parce qu' il s'est avéré qu'avec les changements des prix de l'acier il y a des financements complémentaires qui sont en train d'être recherchés pour pouvoir terminer le projet", ajoute-t-il.
Pour pouvoir réaliser ses ambitions, l'institution a récemment porté son capital à 1.200 milliards de francs CFA (2,4 milliards de dollars).