Les Smartphones, Androïdes et autres téléphones portables intelligents menacent de disparition les cybercafés au Gabon qui se ferment à un rythme inquiétant, les uns après les autres.
Les cybercafés ou téléboutiques, très fréquentés au début des années 2000, se vident drastiquement au fil des jours de leurs principaux usagers que sont les jeunes, les élèves et les étudiants, lesquels disposent maintenant de téléphones portables de grande marque pour communiquer sereinement en restant chez eux, sans se déplacer.
A l’école comme dans les rues, les jeunes gabonais s’affichent avec fierté un Smartphone et les écouteurs collés aux oreilles. Dans ces téléphones ils intègrent toutes les applications modernes de communication virtuelle comme : WhatsApp, Skype, Viber (...) et les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter.
Les quatre opérateurs de téléphonie mobile opérant dans le pays (Libertis, Airtel, Moov et Azur) ont impulsé sinon accompagnent ce nouveau mode de consommation en mettant à disposition de l’Internet mobile haut débit.
Du coup, plusieurs dizaines des cybercafés à Libreville et dans d’autres villes à l’instar de Port-Gentil (sud-ouest) et Franceville (sud-est) mettent la clé sous le paillasson. Ceux qui résistent connaissent une grave baisse d’activités. Les clients se font de plus en plus rares.
Maïmouna Aboubacar gère un cybercafé au centre ville de Libreville. Les clients deviennent rares, son chiffre d’affaires a chuté de l’ordre de 50 à 70%, et elle a quasiment perdu l’enthousiasme au travail.
"Tous les clients ont désormais la connexion haut débit dans les bureaux et sur leur téléphone portable. Beaucoup n’ont plus besoin d’aller dans un cyber café pour découvrir leurs mails ou faire des recherches", explique-t-elle.
"Il y a deux ans seulement, les clients patientaient pour avoir un poste de connexion disponible", se souvient la gérante du cybercafé qui dispose d’une vingtaine d’ordinateurs.
"Très peu de clients viennent surfer. Quelques-uns viennent juste pour faire des tirages ou imprimer des documents", déplore pour sa part Gaël Garvine Boussougou, gérant d’un cybercafé au célèbre Carrefour Rio dans le 3ème arrondissement de Libreville.
Dans ce quartier populeux de la capitale, le cyber café était plutôt comme un coin de ralliement des jeunes, une tendance qui passionnait les jeunes et même les personnes d’un certain âge.
"Il y a 5 ou 10 ans, les recettes journalières oscillaient autour de 300 000 et 400 000 FCFA. Ces derniers temps, quand les affaires sont bonnes, je réalise une recette de 50 000 FCFA au plus par jour", ajoute-t-il.
D’après certains usagers, les débits dans les cybercafés ne sont pas fluides comme dans les téléphones portables. Ils arguent que dans les téléphones portables, le débit internet est puissant.
"Je me sers de mon Androïde pour télécharger des fichiers parfois lourds et envoyer aussi des données. Ce qui est parfois plus difficile dans un cybercafé où les machines sont vieilles et manquent de maintenance", affirme Marcel Mouketou, étudiant à la Faculté de droit et sciences économiques à l’Université Omar Bongo (UOB).
Deux des quatre opérateurs locaux ont lancé il y quelques mois l’internet 3G et 4G, ce qui procure un débit très puissant sur les smart phones et les tablettes.
"Il est clair que le problème de lenteur fait fuir beaucoup de clients", reconnait de son côté Jules Ngom, propriétaire du Cybercafé "Deluxe" au quartier PK6 de la capitale gabonaise.
L’operateur économique pointe du doigt Gabon Télécom, fournisseur exclusif du réseau fixe ADSL dans le pays. La quasi-totalité des cybercafés utilisent la connexion ADSL. L’insuffisance des installations techniques de cette filiale de Maroc Télécom compliquerait davantage la tâche des promoteurs de cybercafés.
L’évolution des Technologies de l’information et de la communication (TIC) semble bien inquiéter les promoteurs des cybercafés au Gabon. Avec l’installation à terme sur toute l’étendue du territoire de la fibre optique, ils ne se font pas d’illusions quant à la disparition progressive de leurs affaires. Le câble sous-marin déjà disponible à Libreville va accroitre la connectivité du pays avec le reste du monde.
Pour les spécialistes de la question, la disparition des cybercafés n’est qu’une question de temps. Au-delà des téléphones intelligent, concluent-ils, la réduction progressive des coûts d’acquisition d’un ordinateur portable contribuera à sonner le glas de l’activité des cybercafés.