Dans la nuit du 6 au 7 juin dernier, une patrouille de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) a permis l’interpellation, au nord du Cap Estérias, d’immigrés clandestins, femmes et enfants compris, en provenance du Nigéria.
C’est une bien curieuse deuxième édition de la Journée africaine des frontières que le Gabon a célébrée le 7 juin dernier. Alors que la trop grande porosité de ses frontières ne se discute plus depuis des années, la crainte de la secte islamiste Boko Haram a conduit notre pays à redoubler de constance dans la surveillance des différents points d’entrée. En fin de semaine écoulée, c’est donc une prise exceptionnelle qui a été effectuée et que Dick Fabrice Boungou Mikolo a rendue publique dans la nuit du 7 au 8 juin. Selon le premier adjoint au procureur de la République près le tribunal de Libreville, le nombre total d’immigrés clandestins appréhendés du 5 au 7 juin courant s’élève à 167. Ces derniers ont été déférés au parquet. Ils y attendent désormais leur jugement.
Selon des récits concordants, le 5 juin dernier, une première vague composée de 17 immigrés clandestins a été appréhendée par la brigade territoriale du Cap Estérias. Dans la nuit du 6 au 7 du même mois, une opération menée par l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) a permis l’interpellation de 150 autres immigrés clandestins, femmes et enfants compris. Arraisonné à bord d’une embarcation de fortune à l’île Moka, au nord du Cap Estérias, le deuxième groupe composé de 117 Burkinabés, 16 Togolais, 8 Nigérians, 5 Maliens, 2 Ivoiriens, 1 Ghanéen, 1 Béninois et 1 Nigérien, était en provenance de Calabar au Nigéria. Des clandestins parmi lesquels se retrouvaient les cinq passeurs présumés, qui ont été interrogés, avant d’être placés sous mandat de dépôt. Selon le représentant du procureur de la République, la fouille de l’embarcation a permis de découvrir six sacs de cannabis vraisemblablement destiné à être écoulé sur le territoire national par un quidam vivant au Gabon depuis un certain temps. Le présumé destinataire des sacs a été interpelé à son tour. «Pour lutter efficacement contre l’immigration clandestine, notre pays étant borné par une très grande façade maritime, il est indispensable que l’ensemble des populations collaborent, en dénonçant immédiatement tout cas suspect auprès des officiers de police judiciaire, du procureur de la République, ses adjoints et/ou substituts», a de nouveau lancé le magistrat. Un nouvel appel à la délation ? Voire…
Pour le tribunal de Libreville, c’est notamment ce manque de dénonciation qui est à l’origine de plusieurs crimes fâcheux, aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays, où des individus de nationalités diverses vivant au Gabon sans titre de séjour vaquent sans crainte à leurs occupations, le plus souvent à la limite du légal. Est-ce une raison pour faire des populations les gardiennes du droit d’aller et venir, passer et repasser ? Est-ce suffisant pour les inviter à la délation ? Ne craint-on pas d’ouvrir la boîte de Pandore ? A méditer…