En prélude à la tenue, à compter du 8 juin prochain, du 15e colloque mondial des régulateurs (GSR), le président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) est revenu, dans une interview accordée à la presse, le 5 juin courant, sur les enjeux de cette grand-messe de l’Union internationale des télécommunications.
Gabonreview : Le Gabon abrite, à partir du 8 juin 2015, le colloque mondial des régulateurs (GSR). Quelle est la particularité de cet événement ?
Lin Mombo : Ce colloque qui se tient une fois par an dans les pays membres de l’Union internationale de communication (UIT) va donc se tenir au Gabon à partir du 8 juin prochain. C’est ce qu’on appelle un pré-événement, c’est-à-dire que les régulateurs se retrouvent avec tous les équipementiers du monde entier qui interviennent dans le domaine des communications électroniques pour échanger. Et le 9 courant, va être le jour officiel d’ouverture de la conférence proprement dite. Le GSR 2015, qui est une plateforme d’échange, d’information et de bonne gouvernance, va abriter tous les régulateurs. Au cours de cette rencontre, les régulateurs adopteront, en fin de session, ce que nous appelons les lignes directrices qui vont être les éléments du rapport définitif du symposium 2015 en ce qui concerne le GSR 2015 au Gabon.
De manière concrète, quel est l’objectif de ces assises et surtout quels en sont les enjeux ?
Lorsqu’un pays comme le Gabon abrite la conférence mondiale des régulateurs, j’ai l’impression que les gens ne se rendent pas compte de l’importance de l’événement. À partir du 7 juin prochain, vous aurez au Gabon des régulateurs qui viennent des Etats-Unis, de France, du Congo, du Pérou, du Brésil, de Chine, de Singapour… C’est donc une conférence majeure dans le cadre des rencontres de l’UIT. En fait, l’Union internationale des télécommunications où le Gabon est membre, est le plus grand régulateur. Et il y a un ensemble de conférences. La conférence de référence est la «plénipotentiaire» qui se tient tous les quatre ans, suivie de la conférence des radios, la conférence de développement des télécommunications, et la conférence des régulateurs qui se tient une fois par an de manière rotative. Donc pour abriter un tel événement, les pays sont en ligne et un choix se fait. Et pour 2015 c’est le Gabon qui a été choisi pour l’abriter. C’est la première fois, au niveau de l’Afrique subsaharienne, qu’une telle rencontre se tient.
Vous admettrez que le fait d’attendre près de 800 personnes, montre qu’il y a un impact. La preuve, je viens d’être saisi par certains collègues et amis, qui n’ont pas pu trouver une place d’hôtel. Nous sommes en train de nous battre au niveau de la périphérie pour pouvoir satisfaire ces personnes-là. Ils vont consommer. Ils amèneront des devises au niveau national. Cet argent restera. Il y aura donc un sursaut économique. La consommation sera importante.
Qu’est-ce qui a motivé le choix du Gabon ?
Les raisons du choix sont diverses. Il y a d’abord l’aspect politique à travers le PSGE du président Ali Bongo Ondimba qui veut que le Gabon soit un hub numérique et que les NTIC soient un vecteur de développement. Il y a le niveau infrastructurel du Gabon, qui fait du pays au niveau de l’Afrique, le seul qui dispose de deux points d’atterrissement international à savoir SAT3 et l’ACE. Ces technologies font qu’en matière de haut débit le Gabon est une référence. En plus de cela, nous avons la migration de 3 et 4G opérée au niveau de l’Afrique subsaharienne. Ces éléments ont participé au choix du Gabon pour abriter la GSR 2015.
Le public et les opérateurs ont encore du mal à apprécier le travail du régulateur dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Ils vous assimilent à un gendarme chargé simplement de sanctionner. C’est peut-être ici l’occasion d’expliquer le rôle de l’autorité de régulation que vous représentez ?
Dire que nous sommes un gendarme est peut-être vrai. Mais je dirai que nous sommes de bons gendarmes dans la mesure où l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes a pour rôle de veiller à ce que les dispositions de la loi ou des lois en matière soient respectées par les opérateurs. Lorsque le gouvernement attribue une licence aux opérateurs, derrière la licence, il y a ce qu’on appelle un cahier de charges où sont décrites les obligations des opérateurs, en termes de couverture, de qualité de service, continuité de signal. L’autorité de régulation veille au respect de ces engagements. Vous êtes d’accord avec moi que si les opérateurs ne veillent pas à ces obligations, nous sanctionnons. Par ailleurs, le rôle de l’autorité de régulation est de faire en sorte que tous les opérateurs aient accès libre sur le marché et qu’il y ait une concurrence parfaite, que les prix ne soient pas sortis d’une entente entre opérateurs. Nous veillons à ce que la problématique de l’interconnexion ne soit pas quelque chose qui fasse en sorte que la qualité du signal soit amoindrie. Voilà en résumé le rôle du régulateur.
Quelles sont aujourd’hui les grandes avancées enregistrées par le Gabon dans le domaine de la régulation ?
Je citerai quelques avancés. Il y a quelques années nous étions incapables d’avoir en termes de chiffres, le volume de trafic international entrant. L’Arcep a installé un outil de contrôle des trafics internationaux entrants, ce qui fait qu’à tout moment nous avons la volumétrie exacte du trafic. L’impact est le suivant : le chiffre d’affaires d’une société de téléphonie mobile est calculé à partir du volume de son trafic multiplié par la valeur de l’unité du volume. Et le chiffre d’affaires est une ressource qui constitue, en termes de différence arithmétique avec les dépenses, le résultat, qui est imposé par les Impôts. Nous sommes devant une réalité qui nous permet de contrôler si les opérateurs livrent les vrais chiffres de leur volumétrie en termes de trafic international entrant. Elle permet également de savoir quels sont les pays qui trafiquent vers le Gabon.