Contre toute attente, le très controversé président de la Fédération internationale de football association (FIFA) a annoncé sa démission, le 2 juin 2015. Il fait donc les frais du scandale de corruption qui secoue en ce moment l’instance qu’il a dirigée pendant 17 ans.
À peine quatre jours de présence à la tête de l’instance mondiale du football, pour le compte de son cinquième mandat entamé le 29 mai dernier, que déjà Sepp Blatter, très fragilisé par le scandale de corruption et de blanchiment dans lequel il serait visé, a décidé de jeter l’éponge. «Même si j’ai été réélu, je n’avais pas le soutien de tout le monde du foot», a-t-il expliqué au siège de l’institution, à Zurich en Suisse. Pour lui, la Fifa, «face à des défis qui ne s’arrêtent pas, a besoin d’une profonde restructuration». Le patron du football mondial, 79 ans, en poste depuis 1998, a indiqué qu’il convoquerait un congrès extraordinaire où il remettra son mandat en jeu et au cours duquel son successeur sera élu. Cette assemblée devrait se tenir entre décembre 2015 et mars 2016.
Si Sepp Blatter a décidé de démissionner, c’est que la pression devenait très forte et ingérable. La Fifa doit faire face, depuis plusieurs jours, à un double scandale de corruption et de blanchiment d’argent. L’institution basée à Zurich fait, en effet, l’objet de deux enquêtes distinctes : l’une de la justice américaine, qui a abouti à l’arrestation de sept hautes personnalités, suspectées de corruption, l’autre de la justice suisse, qui a déposé une plainte contre X dans une affaire de «blanchiment d’argent et de gestion déloyale» dans l’attribution des coupes du monde 2018 et 2022.
Ces ennuis judiciaires, qui ne sont pas les premiers dans ce milieu, ont surgi au plus mauvais moment pour Sepp Blatter, puisqu’ils ont éclaboussé la Fifa à quelques jours de son congrès. L’élection du 29 mai dernier en a été logiquement perturbée, avec le retrait de son challenger au terme du premier tour. Depuis 1998, la Fifa fait face à de nombreux scandales. Avant Sepp Blatter, Joao Havelange avait été vivement critiqué pour sa gestion. En 2006, un livre dénonçait des élections «truquées». Dans la foulée, la BBC diffusait un documentaire soupçonnant de hauts dirigeants de la Fifa d’avoir touché des pots-de-vin. Mais le plus gros scandale viendra en 2010 avec l’attribution des coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar). Depuis cinq ans, de très forts soupçons de corruption pèsent sur plusieurs membres du comité exécutif de la Fifa. En 2011, le Qatarien Mohamed Bin Hammam, lui aussi soupçonné de corruption, fut banni des instances à vie.