NDONG ABAGHA Jean-Francois et ses complices BEYEME NGUEMA Célestin et ESSONO MEBALE Telesfor ont été arrêtés à Sam par la gendarmerie. Le premier pour avoir tué une panthère en complicité avec le second et pour avoir commercialisé la peau de la panthère en complicité avec le troisième. L’acheteur est un Abbé de Mitzic, Monseigneur OKOUE-NGOU, qui a été trouvé en possession de deux peaux de panthère. Il est âgé de 79 ans et n’a pas été gardé à vue, apparemment à cause de son âge mais peut-être aussi à cause de ses contacts et de son statut. Précisons que ce type d’arrestations n’est pas rare dans la province du Woleu-Ntem et notamment dans la zone de Mitzic.
Peuplant autrefois les continents asiatique et africain de la Sibérie à l’Afrique du Sud, la panthère ou léopard (Panthera pardus) a vu son aire de répartition fortement réduite en raison de la chasse et de la perte de son habitat. La recherche de peaux pour la décoration en est la principale cause. Les collectionneurs qui achètent ces peaux sont originaires d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord.
La panthère est un chasseur puissant souvent respecté et craint, mais les cas d’attaque sont plus que rares sauf concernant des animaux pris au piège ou blessé. Elle est en tout cas sacré pour de nombreux groupes ethniques gabonais. C’est le cas dans les cultures Mitsogo et Pouvi, avec la société secrète nzergho (du léopard). Mais toutes les ethnies du Gabon accordaient traditionnellement un grand respect au léopard. C’est d’ailleurs la peau de panthère qui est un des symboles les plus forts du rite initiatique « Bwiti », notamment dans le cadre des danses traditionnelles.
Bien que sa peau et ses dents sont utilisées traditionnellement, on dit souvent que tuer un léopard attire les mauvais esprits sur les chasseurs et le village concernés par l’abattage d’une panthère et une cérémonie devait traditionnellement être organisée pour les en chasser. C’est en tout cas ce qu’explique l’ethnographe et auteur gabonais André Raponda-Walker qui assista à l’une de ces cérémonies durant trois jours près de Fougamou. C’est peut-être aussi par le respect que cette espèce impose qu’elle a été choisie comme symbole de l’équipe nationale de football du Gabon. Aujourd’hui, la survie de ce félin repose sur la place que voudra bien lui accorder la société moderne et seule une application stricte de la loi par les autorités, les forces de l’ordre et les gardes forestiers pourrait permettre sa survie sur le long terme.
Comme précisé dans le Code Forestier, la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des espèces intégralement protégées sont interdits et les infractions vis-à-vis de ces espèces sont punies de 3 à 6 mois de prison avec des amendes allant de 100 000 à 10 millions de francs. Des peines qui ont souvent du mal à être appliquées et qui, compte tenu de l’amplification du phénomène de braconnage, ne sont pas vraiment dissuasives.