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Pierre Péan et «Le paradis gabonais de la mafia corse»
Publié le vendredi 29 mai 2015   |  Gabon Review


Pierre
© Gabon Review par DR
Pierre Péan journaliste et écrivain Français


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Les révélations de Mediapart sur les conversations téléphoniques, captées par la justice française, entre Michel Tomi, l’homme d’affaires corse, et le président Ali Bongo, arrivent au moment où paraît, en France, le nouveau livre de Pierre Péan, «Compromission – La République et la Mafia Corse» (Editions Fayard). «Le paradis gabonais de la mafia corse» en est le chapitre d’ouverture.

L’écoute par la justice française des conversations téléphoniques de quelques chefs d’Etat africains, dont le président Ali Bongo, mettent sous les projecteurs de l’actualité l’homme d’affaires corse Michel Tomi. Détenteur d’un patrimoine financier dans l’ancien pré-carré français en Afrique, il y traite d’affaires avec le chef de l’Etat gabonais. Cette nouvelle révélation du site Mediapart se produit au moment où Pierre Péan révèle dans son nouveau livre, «Compromissions – La République et la Mafia Corse», que «les mafieux corses ont effectivement trouvé au Gabon un havre de paix, un paradis ’’sans douane et sans police’’ dans lequel ils peuvent mener leurs activités à l’abri des regards et avec la bienveillance des autorités, Ali Bongo en tête».

Intitulé «Le paradis gabonais de la mafia corse», le premier chapitre du dernier opus scriptural de Pierre Péan indique notamment (rien de bien nouveau en réalité) que «Le Gabon est le refuge des Corses en cavale ou en délicatesse avec la justice. Le grand manitou, là-bas, s’appelle Michel Tomi. Il est immensément riche. Il dispose d’une compagnie d’aviation, Afrijet. Il parle d’égal à égal avec Ali Bongo qu’il a contribué à installer et dont il assure la pérennité du pouvoir.»

On y apprend également comment un fils à papa a été parachuté à l’Agence nationale des parcs nationaux du Gabon (ANPN). En effet, Jean-Baptiste Squarcini, 32 ans, a été nommé en Conseil des ministres du 27 décembre 2012 chef de service chargé de l’aménagement des parcs. Fils de Bernard Squarcini, le fameux patron français de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) tant cité dans l’affaire Mohamed Merah, il avait été embauché à l’ANPN sur recommandation directe du président Ali Bongo. Depuis lors, il travaillait avec Lee White en tant que conseiller chargé des aménagements des parcs nationaux. Si on s’était toujours demandé à quoi rimait ce «parachutage» du fils du patron du renseignement intérieur français, le livre de Péan apporte une réponse. Il est connu, par ailleurs que, titulaire d’un master en sciences de l’environnement, Jean-Baptiste Squarcini avait fait l’objet, en février 2012, d’une enquête préliminaire par les gendarmes de la section de recherches de Marseille. On pensait alors qu’il avait été recruté et augmenté à «13 Développement», une société d’économie mixte du département dans lequel se situe Marseille, grâce à un trafic d’influence. Selon la gendarmerie française, en octobre 2007, le salaire du fiston avait été augmenté de près de 1 000 euros, pour passer de 2 à 3 000 euros. Si cela a de quoi susciter l’intérêt de la gendarmerie française, au Gabon cela n’étonnerait personne.

Par ailleurs, selon l’auteur du livre, Charles Pasqua, Corse d’origine et ancien ministre français de l’Intérieur entre 1986 et 1988 et entre 1993 et 1995, «va apparaître, aux yeux de certains comme le ’’grand protecteur’’, en aidant notamment à monter casinos et cercles de jeu, mais surtout en permettant à quelques Corses (…) de réaliser un nouveau rêve : s’installer au Gabon et, à partir de cette base, rayonner sur l’ancien pré-carré français en Afrique».

Alors que le journal français Marianne lui demande : «Vous montrez que de nombreux mafieux corses trouvent refuge au Gabon. Pourquoi le Gabon ?», Pierre Péan qui considère le Gabon comme son pays d’adoption pour y avoir beaucoup travaillé, répond : «C’est au fil du temps que je me suis aperçu que les Corses étaient de plus en plus récurrents dans les affaires gabonaises. J’ai commencé à tirer une ficelle, qui m’a mené vers une autre, puis une autre, à tel point que j’ai estimé qu’il y avait matière à mener une enquête. (…) Je les ai vus à l’œuvre, les corsico africains. Il y avait déjà Michel Tomi, Robert Felicciaghi… Tous ces gens m’étaient familiers car ils étaient dans le camp d’en face, et j’ai vu leur influence grandir sous mes yeux. Par ailleurs, les Corses ont véritablement pensé le côté cubain de leur entreprise. Ils avaient besoin d’un pays où ils ne seraient pas gênés par la douane, la police, où ils pourraient affréter des avions et des bateaux pour relier des paradis fiscaux, etc. Ils voulaient créer au Gabon ce qui existait à Tanger, ce qu’avait été un jour Marseille et Cuba.»

De fait, les hommes d’affaires corses ont monté des entreprises qui prospèrent au Gabon, notamment les cercles de jeu de hasard, les casinos, le loisir et l’immobilier. Les conversations téléphoniques entre Michel Tomi et Ali Bongo ont donc été écoutées par des magistrats français au cours des deux dernières années. Il en ressort une forte relation d’affaires entre les deux hommes qui se sont liés d’amitié au début des années 2000, alors qu’Ali Bongo était ministre de la Défense. On les voyait parfois au casino, soutiennent des ragots récurrents en ce moment.

C’est la cinquième fois que le nom du chef de l’Etat gabonais apparaît dans «le domaine des affaires» et des faits divers en France, après les BMA, la succession Omar-Bongo, l’affaire de l’avion bloqué dans un aéroport parisien, et Delta Synergie.

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