Le 16ème sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) s' est achevé lundi N'Djamena, capitale tchadienne, sur d'importantes décisions qui devront donner une nouvelle dimension à l' organisation d'intégration régionale.
"Cette conférence se tient dans un contexte régional crucial. Elle se tient au milieu de l'année 2015 qui marque la fin de la première étape dans la mise en oeuvre de la vision stratégique de la CEEAC à l'horizon 2025, adoptée à Brazzaville en 2007", a déclaré le secrétaire général de la CEEAC, Ahmad Allam-mi.
Dans les domaines prioritaires sur lesquels cette vision met un accent particulier, la CEEAC affiche un bilan globalement positif et encourageant, qu'il s'agisse de la paix, la sécurité et la stabilité, ou de grandes infrastructures notamment des transports, des TIC, ou de l'énergie, l'eau et l'environnement.
"Mais en dépit de ces progrès, notre communauté fait toujours face à de nombreux défis", reconnaît M. Allam-mi, évoquant la situation en République centrafricaine, la lutte contre le groupe terroriste nigérian Boko Haram ou conflits électoraux, notamment au Burundi.
En signant le 23 octobre 1983, le Traité de Libreville instituant la CEEAC, les chefs d'Etat de la sous-région s'étaient engagés à mutualiser leurs efforts pour promouvoir et renforcer une coopération harmonieuse et un développement auto-entretenu dans tous les domaines socioéconomiques. Mais leur optimisme de départ a été contrarié par des facteurs politico-sécuritaires endogènes et exogènes qui ont contribué à annihiler les efforts et compromettre les espoirs.
Les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à Libreville en 1998, ont demandé au Secrétariat général de la CEEAC d'étendre ses missions traditionnelles à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité pour assurer cette intégration sous-régionale.
"Nous devons persévérer et avancer ensemble et d'un même pas, pour transformer nos rêves de paix, de sécurité et de stabilité en réalités tangibles", a martelé le président tchadien Idriss Déby Itno, président en exercice sortant de la CEEAC.
"Le recul historique nous enseigne que la lutte pour la paix, la sécurité et la stabilité ainsi que le projet d'intégration économique communautaire de l'Afrique Centrale, ne peuvent plus faire l'économie d'une réflexion stratégique sur les questions sécuritaires d'une part, et celles qui prennent en compte les questions économiques, monétaires, sociales et culturelles d'autre part", a-t-il ajouté, avant d'exhorter les pays de la sous-région à ne négliger aucun aspect de leur vivre-ensemble pour assurer la paix et la sécurité.
Ensuite, la mise en oeuvre des décisions relatives à la libre circulation des personnes à l'intérieur de l'espace communautaire, reste l'un des principaux défis pour concrétiser la zone de libre- échange dont les démarrages de la mise en oeuvre étaient fixés en 2012, conformément au calendrier de l'Union africaine qui prévoit la zone de libre-échange opérationnelle au niveau continental en 2017.
"Comment peut-on réaliser ce projet de la zone de libre-échange si les personnes ne circulent pas librement?", s'est indigné le président Déby Itno.
Il a déploré que, par exemple, les agents et fonctionnaires du Secrétariat général de la CEEAC eux-mêmes doivent au préalable obtenir un visa dans le cadre de leurs missions officielle dans certains pays de la sous-région.
"Les résolutions prises sur la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ne doivent pas se limiter aux simples déclarations d'intention mais doivent être appliquées intégralement dans l'espace CEEAC", a-t-il insisté.
Le sommet de N'Djaména a été marquée par le retour du Rwanda qui avait suspendu sa participation aux travaux de l'institution régionale en 2007.
Le prochain sommet devra se tenir en mai 2016 à Libreville, au Gabon.