Après tant et tant de forums sur l’emploi et sur la lutte contre le chômage au Gabon et à l’étranger (France, Maroc), la courbe du chômage semble ne pas baisser ou se stabiliser.
Lors de l’interpellation du Premier ministre Daniel Ona Ondo à l’Assemblée nationale le 5 mai dernier, le député Hugues Alexandre Barro Chambrier s’est étonné de l’accumulation des arriérés de paiement de la dette intérieure et des arriérés de reversement de TVA aux entreprises, affirmant que si cette tendance venait à perdurer, il y a des risques de voir monter le chômage.
«Chômage» ! Le mot était ainsi lancé. Dans certains pays, c’est lorsque la croissance est forte que des emplois se créent. C’est le cas en Allemagne, en France, au Maroc et en Tunisie pour ne citer que ces pays-là. Or, au Gabon, malgré des taux de croissance élevés, «la courbe du chômage n’est pas près de baisser ou de se stabiliser», ainsi que l’indiquait Gabon Review en avril 2014.
En juin 2013, la Banque mondiale affirmait que «le taux général du chômage est de 16% au Gabon -soit 150.000 chômeurs- et le double chez les jeunes avec un peu plus de 3%». L’institution pointait du doigt l’industrie pétrolière, principal moteur de la croissance économique au Gabon, «très peu intensive en main-d’œuvre» et ne créant donc que peu d’emplois.
Pourtant, le gouvernement n’est pas resté les mains croisées. Il a créé la Zone Economique spéciale (ZES) de Nkok, à la périphérie de la ville de Ntoum, pour une création massive d’emplois, puisque 62 entreprises devaient s’y installer. Or, moins d’une huitaine de structures économiques auraient pris leurs quartiers sur le site. Et, si le gouvernement a récemment lancé le Programme Graine qui devrait créer au moins 15.000 emplois, ce projet ne porte pas moins en lui quelques incertitudes. Le gouvernement a également organisé ou suscité divers Forums sur le sujet, notamment le Forum national de l’Emploi du 17 au 19 octobre 2013, tandis que l’actuel ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle est sur tous les fronts pour éradiquer ce phénomène sociétal. Lors d’un passage sur la chaîne de télévision Africa 24, Simon Ntoutoume Emane a évoqué «les 80.000 chômeurs» (chiffre O.N.E.) que compterait le Gabon et indiqué quelques pistes, notamment le Fonds d’Insertion et de Réinsertion (FIR) qui devrait disposer d’un budget de 10 milliards de francs CFA, pour contenir ou améliorer la situation actuelle. Mais sa bonne volonté et sa détermination ne peuvent suffire si l’ensemble du gouvernement ne prend pas de mesures à cet effet, car il s’agit d’un problème transversal. «Il est insupportable de voir tous ces Bac + 5 au chômage», déplore un ancien directeur général de l’Économie. Et ils sont effectivement nombreux, les titulaires de Master à n’avoir pas obtenu un emploi jusqu’ici, dans des domaines tels que les transports et la logistique, la gestion des ressources humaines, le génie logistique, la gestion des entreprises et des administrations…
Même si certains experts pensent que le Gabon n’a pas la capacité d’absorption de tous ses chômeurs «en raison d’un sous-emploi endémique», – très peu d’emplois ayant été créés ces dix dernières années- le chômage est l’une des préoccupations des populations ; qu’il soit de 80.000 (chiffre ONE) ou de 150.000 (chiffre Banque mondiale), il doit être combattu et inséré plus que jamais au rang des priorités. Parce que, pour le moment, tout n’a pas été essayé pour lutter contre ce phénomène !