Paris - Les conversations des présidents malien et gabonais, Ibrahim Boubacar Keïta et Ali Bongo, avec l’homme d’affaires corse Michel Tomi, soupçonné de corruption, ont été interceptées par la justice française, rapporte vendredi le site d’information Mediapart.
Ces écoutes ont été diligentées dans le cadre d’une enquête visant les activités du fondateur du groupe Kabi, poids lourd des jeux (casinos mais aussi PMU) en Afrique de l’ouest, a confirmé une source proche du dossier.
Dans ce dossier, Michel Tomi a été mis en examen en juin 2014, notamment pour corruption d’agent public étranger, faux et usage de faux, abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux et travail dissimulé.
Les écoutes, dont Mediapart publie des extraits, montrent que l’homme d’affaires Michel Tomi semble entretenir une relation privilégiée avec le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta.
Selon les échanges téléphoniques relatés par le site d’information, l’homme qui a constitué un empire des jeux en Afrique rend de multiples services à M. Keïta, des réservations et du paiement de chambres d’hôtels dans des palaces français jusqu’à la prise de rendez-vous médicaux en France.
Michel Tomi lui fait également cadeau d’un véhicule et fait acheter pour lui des costumes, toujours selon les conversations enregistrées par les enquêteurs.
"Michel, si les gens de Cifonelli (tailleur haut de gamme), là, pouvaient me donner mes habits de campagne, j’apprécierais beaucoup", explique le président malien lors d’un échange en mars 2014.
"Elles seront prêtes demain. Vous avez besoin d’autre chose ?", lui répond Michel Tomi.
"Euh..., en ce moment, non", conclut M. Keïta.
Les éléments de l’enquête dont fait état Mediapart montrent également que le Corse qui a effectué l’essentiel de sa carrière professionnelle en Afrique entretient une relation de proximité avec le président gabonais, Ali Bongo.
L’homme d’affaires corse aurait notamment offert une croisière sur son yacht au dirigeant gabonais et son épouse en 2013.
Les liens de Michel Tomi avec le Gabon remontent à Omar Bongo, père d’Ali et lui-même président de 1967 jusqu’à son décès, en 2009.