En prélude à la célébration en différé du 47ème anniversaire du Parti démocratique gabonais, l’ensemble des fédérations PDG du Gabon et de l’étranger ont reçu pour mot d’ordre d’appeler le «Distingué Camarade» à se présenter à sa propre succession en août 2016.
Mais, on note dans les sons de cloche, quelques dissonances, parmi les militants.
Tout a commencé le 14 mars sous le chapiteau du Jardin Botanique : à la demande du secrétariat exécutif, Annie Chrystel Limbourg Iwenga, déléguée nationale de l’Union des Femmes du PDG s’était chargée de lire une motion appelant à la candidature du «Distingué Camarade» et demandant à celui-ci d’être le porte drapeau du PDG à l’élection présidentielle de l’année prochaine. La même instruction a été donnée aux fédérations du parti. Et celles-ci ne s’en sont pas privées.
Profitant donc de la célébration des 47 ans de leur parti, les secrétaires provinciaux, départementaux et fédéraux se sont lancées dans cette opération. Elles ont toutes appelé à cette candidature, mais certains militants de ce parti se demandent si cet appel à Ali Bongo à se porter candidat n’arrive pas trop tôt. «Avant de parler de candidature, le secrétariat du parti devait d’abord appeler à une accélération de la concrétisation du PSGE qui pour l’instant est trop théorique, et j’ajoute que même si Ngari a fait un rétropédalage, nous sommes nombreux à penser comme lui», estime un membre du Bureau politique du PDG de la province de la Ngounié. Un autre, membre du Conseil national pour Tsamba Magotsi, affirme que «les militants pouvaient lancer les appels à la candidature à partir de janvier prochain. Or là, on donne le sentiment au peuple que seul notre maintien au pouvoir nous intéresse, au lieu que ce soit l’amélioration des conditions de vie des populations». Un ancien ministre siègeant aujourd’hui au sein du Conseil consultatif des Sages souligne, pour sa part, que «nous savons qu’il est le candidat naturel du parti à l’élection présidentielle. Il n’était pas nécessaire de lancer dès à présent ces appels. Travaillons d’abord à mettre en pratique ce que nous avons promis au peuple, notamment les logements».
Ces critiques de militants PDG arrivent au moment où, il est vrai, Idriss Ngari, visiblement dépité, dénonçait devant le Premier ministre, Daniel Ona Ondo, à l’Assemblée nationale le 5 mai dernier, le manque de concrétisation des trois piliers du PSGE, à savoir le Gabon des Services, le Gabon Vert et le Gabon Industriel. «On ne voit pratiquement rien», et même le Programme Graine, «on va regarder ça». Il y a en réalité, parmi les militants du PDG, un sentiment diffus de déception et de désespérance qui traverse le parti. Seul un membre du Secrétariat exécutif a affirmé qu’il fallait lancer ces appels, car, selon lui, «le Front de l’opposition pour l’alternance va bientôt désigner son porte-flambeau, et il faut qu’en face, ils sachent qu’Ali Bongo sera bel et bien là».