LIBREVILLE - Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 1,8 milliard d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable et 2 milliards sont privés d’installation sanitaires. La mise en œuvre du droit de l’homme à un accès à l’eau potable reste donc posée, d’autant que les problématiques diffèrent notablement entre les zones rurales et les zones urbaines.
Les maladies associées à l’eau tuent un enfant dans le monde toutes les 8 secondes. Les maladies d’origine hydrique sont des maladies « de l’eau sale » causées par une eau qui a été contaminée par des déchets humains, animaux ou chimiques. Des millions d’êtres humains meurent chaque année, dans le monde, à cause de maladies liées à l’eau. Quand il n’y a pas d’installations sanitaires appropriées, les maladies d’origine hydrique peuvent se répandre rapidement. Des excréments non traités qui contiennent des organismes vecteurs de maladies sont transportés par ruissellement ou par infiltration dans des sources d’eau douce, contaminant ainsi l’eau potable et les aliments.
Les différents types de maladies liées à l’eau sont :
- Les maladies hydriques
- Les maladies aquatiques
- Les risques liés aux composés chimiques
Les maladies hydriques
Il s’agit en premier lieu des « maladies hydriques » qui sont provoquées par de l’eau contaminée par des déchets humains, animaux ou chimiques. Elles comprennent entre autres le choléra, la typhoïde, la poliomyélite, la méningite, l’hépatite A et E, et la diarrhée. Chaque jour, 6000 personnes meurent dans le monde à cause de maladies diarrhéiques. En 2001, on a ainsi dénombré près de 2 millions de morts, dont plus de la moitié sont des enfants. Ces maladies ont ainsi tué plus d’enfants au cours des 10 dernières années que tous les conflits armés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La raison principale de cette situation catastrophique est la pauvreté. Un bon nombre de la population ne disposent pas d’eau potable, les aménagements indispensables au traitement des eaux usées et à la fabrication de l’eau potable étant trop couteux, ni même des soins que ces affections nécessitent, les infrastructures médicales n’étant pas suffisantes. Cependant, avec de simples mesures d’hygiène, la plupart de ces morts pourraient déjà être évitée.
Les maladies aquatiques
Elles sont transmises par des organismes aquatiques qui passent une partie de leur vie dans l’eau et une autre en tant que parasite. Ces maladies sont causées par toute une variété de vers. Ces vers infectent les organismes humains et, sans forcément être mortels, diminuent fortement les capacités physiques. La plus connue de ces maladies est la schistosomiase, appelée aussi bilharzioses. On estime que près de 200 millions de personnes sont infectées par le ver qui est à l’origine de la schistosomiase, parmi lesquelles 20 millions souffrent de séquelles sérieuses. Cette maladie est présente dans 74 pays. On distingue enfin les maladies véhiculées par les moustiques et les mouches tsé-tsé qui infestent certaines zones aquatiques. Parmi ces maladies, on trouve la fièvre jaune, la dengue (dont la forme la plus virulente déclenche des hémorragies graves voire mortelles), la maladie du sommeil, la filariose et le paludisme (malaria). Cette dernière provoque à elle seule, chaque année, plus de 1 million de décès et cause 300 millions de cas de maladies aigues. 90 % des victimes qui décèdent du paludisme se situent dans l’Afrique sub-saharienne et les enfants payent le plus lourd tribut.
Les risques liés aux composés chimiques
Face à l’industrialisation des pays africains et au développement de l’agriculture, le problème de la pollution des sources hydriques par les produits chimiques se pose avec acuité. L’eau de la nature est d’autant moins potable aujourd’hui qu’elle est de plus en plus polluée par des substances rejetées par les sociétés humaines. Or, cette pollution est parfois telle que même la qualité de l’eau traitée s’en ressent. Si l’eau potable fait l’objet d’une réglementation précise et de contrôles fréquents, les principales inquiétudes portent sur la présence de plomb, de nitrates et de pesticides dans l’eau qui coule de nos robinets du fait d’une éventuelle contamination des sources. De toutes ces matières présentes dans l’eau, certaines sont sans risques pour la sante en dessous d’une certaine concentration, d’autres sont toxiques même à l’état de trace. Outre leur concentration, le temps d’exposition à ces substances est également très important. Si la contamination par les organismes pathogènes est très rapide, une seule absorption d’eau infectée pouvant suffire, certaines substances ne sont toxiques qu’après un long temps d’exposition. En tous les cas, les effets sur l’organisme de cette kyrielle de substances que les hommes ingèrent à doses homéopathiques restent pour la plupart encore méconnus. Certaines substances, comme les métaux lourds, ne sont pas éliminées par l’organisme. Elles s’y accumulent, et leur ingestion prolongée peut être la cause de maladies graves, même si leur teneur dans l’eau est faible. Ingérées en grande quantité lors d’une pollution accidentelle, ces mêmes substances sont rapidement toxiques.
Les nitrates
Au-delà d’un certain seuil de concentration, les nitrates peuvent engendrer, chez les enfants et surtout les nourrissons très sensibles à une absorption trop importante, un empoisonnement du sang appelé une méthémoglobinémie ou encore maladie bleue. Les nitrates ne sont pas nocifs en soi pour la santé. Mais sous l’action d’une bactérie présente dans le corps humain, ils se transforment en nitrites qui eux oxydent l’hémoglobine du sang qui ne peut plus fixer l’oxygène et perturbe la respiration cellulaire. Même à faible concentration, ils peuvent également engendrer à long terme des cancers chez les adultes lorsqu’ils sont associés à certains pesticides avec lesquels ils forment des composés cancérigènes. Le risque demeure difficile à évaluer, et les normes actuelles, qui fixent le seuil de concentration des nitrates à 50 mg/l représentent une application raisonnable du principe de précaution.
Les pesticides (insecticides)
La difficulté avec les pesticides est qu’ils forment une famille très nombreuse : plusieurs centaines de molécules très diverses sont en effet utilisées. En outre, dans la nature, ces molécules se dégradent et en génèrent d’autres. Les toxicités de ces substances, pesticides et produits de dégradation, diffèrent et sont mal connues pour la plupart, l’incertitude portant sur les effets à long terme de doses infimes répétées. Certains sont cancérigènes comme l’atrazine. La réglementation fixe à 0,1 µg/l pour chaque type de pesticide identifie et a 0,5 µg/l la concentration totale des pesticides. Il parait difficile de lever les inquiétudes provoquées par la présence de pesticides dans l’eau du robinet dans la mesure ou les connaissances sur le sujet demeurent limitées.