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Discours de Pierre MOUSSA, Président de la Commission de la CEMAC
Publié le mercredi 6 mai 2015   |  Gabon News


Le
© Autre presse par DR
Le président de la comission CEMAC reçu au palais


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Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Une fois de plus, le peuple de Libreville, cité au nom évocateur des luttes
grandioses passées, nous donne l’occasion de bénéficier de son hospitalité
légendaire. L’accueil chaleureux dont sont l’objet les délégations
prestigieuses, venues en force pour participer ou saluer la 12ème session
ordinaire du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEMAC,
constitue un témoignage éloquent de la profonde adhésion des populations
de ce beau pays, le Gabon, à l’idéal communautaire pour lequel le
Président Omar BONGO ONDIMBA a tant oeuvré.
Les magnifiques infrastructures, caractéristiques d’un pays candidat à l’émergence et les facilités multiples, mises à la disposition de la Conférence, permettront de féconder les travaux de cette auguste assemblée. La Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC, clé de voûte de l’architecture institutionnelle de la Communauté, pourra ainsi, dans un cadre propice à l’inspiration, porter, comme à l’accoutumée, une attention soutenue au présent et surtout au devenir de cette portion d’Afrique, dans
sa volonté maintes fois réitérée, de fédérer son futur, dans le cadre d’un processus irréversible d’intégration. Nul doute, que les orientations et les directives qui en seront issues, donneront un nouveau souffle à la Communauté et par conséquent à la sous-région et un surcroît de vitalité. Nous vous remercions donc, Monsieur le Président Ali BONGO ONDIMBA, et à travers vous, le Gouvernement et le peuple Gabonais,
pour l’ensemble des conditions ainsi réunies.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,

La présente Conférence des Chefs d’Etat se tient à un moment particulièrement critique pour notre sous-région. Cette sous-région on le sait, est déjà très éprouvée par la très dure crise politico-sécuritaire, qui a secoué, que dis-je, secoue encore la RCA, pays de Siège de la Communauté.

Cette tragédie, qui a déstabilisé et affaibli la Communauté dans son ensemble, a fait, des dégâts humains et matériels considérables. Elle a largement détruit le soubassement qui porte l’Etat et fragilisé les fondamentaux de la société centrafricaine, en mettant en oeuvre des mécanismes de division particulièrement destructeurs, amplifiant l’insécurité et grossissant de ce fait le nombre de réfugiés intérieurs et dans les pays voisins. Dès lors, l’effondrement de l’économie et son corollaire l’aggravation de la pauvreté devenaient inéluctables.

Face à ce drame, la sous-région a apporté des réponses importantes en moyens humains, financiers et matériels, qui ont eu un effet catalyseur sur la Communauté Internationale. Aujourd’hui, grâce aux efforts du Gouvernement de transition, de la
Médiation, de la sous-région, de l’Afrique et de la Communauté Internationale, la situation est en train d’évoluer vers la stabilisation. Le souhait le plus ardent des peuples de l’Afrique Centrale est que le forum intercentrafricains actuellement en cours à Bangui, éclose d’un processus irréversible vers la sortie définitive de crise.
Tout drame de cette ampleur comporte aussi son lot de victimes collatérales. Parmi celles-ci, les structures communautaires basées à Bangui, et notamment la Commission, qui se retrouve ainsi depuis plus de 02 ans, sans Siège, sans bureaux, sans administration, avec un personnel dispersé, obligée d’errer ici et là pour tenter de faire face à un minimum de responsabilités.

L’autre trait caractéristique du contexte actuel dans notre sous-région est le développement du terrorisme. Jusque-là relativement contenu et même réduit avec l’affaiblissement de la L.R.A de Joseph Kony, l’Afrique Centrale, et notamment la zone CEMAC, doit désormais, de façon directe, affronter la menace de Boko Haram. Ce groupe terroriste implacable et obscurantiste a décidé désormais d’étendre son aire d’action. Les menaces et agressions contre de paisibles populations, perpétrées avec une sauvagerie extrême, donnent la mesure de sa détermination. L’extension de ses actions à de nouveaux territoires au Cameroun, au Tchad et au Niger, constitue selon toute vraisemblance une étape du dessein délibéré de cette organisation de se disséminer à travers l’Afrique en vue d’imposer son idéologie et ses pratiques d’un autre temps. Son adhésion officielle au milieu terroriste international le plus extrême en porte témoignage. L’ensemble de l’Afrique Centrale est donc ciblée et menacée et avec elle l’attractivité qu’elle peut exercer sur l’investissement en général et l’investissement étranger en particulier.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,

Le présent Sommet se tient à un moment marqué aussi par la baisse drastique du cours du baril de pétrole, qui a perdu environ 50% de sa valeur. La zone CEMAC est connue et reconnue pour son potentiel en hydrocarbures. La quasi-totalité des pays de cette configuration géographique en sont producteurs et c’est l’élément qui alimente substantiellement leurs budgets. La réduction de la rente pétrolière,
consécutive à l’effondrement du prix du brut, exerce une pression négative sur les budgets, les programmes d’investissement, nécessaires au processus menant à l’émergence. Elle menace aussi la sauvegarde des acquis sociaux. D’ores et déjà, les prévisions macro-économiques de toutes sources, pronostiquent à la baisse la croissance économique de la sous-région, laquelle est donc invitée à ajuster ses objectifs économiques et sociaux.

La réduction projetée de ces programmes d’investissement n’est pas sans incidence sur l’emploi, notamment l’emploi des jeunes. Notons par ailleurs que l’année 2015 est l’année du bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement(O.M.D). Les informations qui filtrent des pré-rapports établis sur le sujet indiquent pour l’Afrique
subsaharienne une tendance non favorable. En d’autres termes, pour la sous-région, ces objectifs ne seront probablement pas atteints, malgré quelques réussites partielles ici et là. Le décor ainsi planté suggère fortement que des risques potentiels de crise existent. La solution n’est heureusement pas dans le repli
micronational. Bien au contraire !

Au moment même où la croissance économique dans la sous-région paraît menacée, il est pertinent de rappeler qu’une étude menée par la Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI) et présentée, il y a deux ans à la réunion des Ministres des Finances et de l’Economie de la zone franc, indique que le renforcement de l’Intégration génère 2 à 3 points de croissance supplémentaires. Les petites économies fragiles non diversifiées, subissent de façon amplifiée les effets négatifs des chocs extérieurs, qu’elles ne peuvent pas de parer avec efficacité. Il n’y a donc pas d’alternative crédible à l’Intégration. Elle est une nécessité historique, une réponse au morcellement hérité, une condition du développement dans un contexte mondialisé, où seuls les grands ensembles pèsent.
En créant la CEMAC, il y a une vingtaine d’années sur les cendres de l’UDEAC, vous aviez, Messieurs les Chefs d’Etat, en bons visionnaires, clairement affiché votre volonté d’édifier un espace commun fort, territorialement désenclavé et interconnecté, économiquement unifié et s’articulant bien dans le processus général de la construction africaine. Dans cet esprit, beaucoup de choses ont été faites et beaucoup d’acquis ont été enregistrés. Avec le soutien avisé de la Conférence des
Chefs d’Etat, des réformes importantes ont été réalisées. L’intégration monétaire est un fait abouti, portée par un institut d’émission en voie de consolidation. Au niveau de l’Intégration économique, La zone de libre-échange et l’Union Douanière sont une réalité qui fait de la CEMAC un espace de libre circulation des biens, des services et des capitaux. Le Marché Commun est en train de se bâtir. Déjà quatre pays sont en libre circulation des personnes et des actions concrètes à mener par les Etats membres et la Commission font l’objet d’une Feuille de route consensuelle pour généraliser la libre circulation des personnes et rendre effectif le Marché Commun en Afrique Centrale. La définition des politiques sectorielles communes dans certains secteurs tels que l’agriculture, les transports et la santé, engage la sous-région dans
la construction de l’Union Economique. Ces réussites pour ne citer ici que certains secteurs, devraient s’étendre à d’autres domaines.

Le Programme Economique Régional (PER) adopté il y a cinq (5) ans, constitue dans son principe la base d’une vision de développement collectif, quoique perfectible.
Il faut souligner ici le fait que des institutions et des organes nouveaux ont été mis en place dans le but de conforter le programme d’Intégration. Cependant, si beaucoup a déjà été fait, beaucoup plus reste encore à faire. Tout doit donc être mis en oeuvre pour renforcer le processus qui devra conduire, à l’édification d’une Union Economique achevée et forte. Ce renforcement passe par celui de l’Union Douanière, en mettant fin
à ses dysfonctionnements constatés ; par la mise en oeuvre des actions de la
Feuille de route consensuelle sur la libre circulation des personnes, avec l’appui des partenaires, en vue de la généralisation de celle-ci sur l’ensemble de l’espace CEMAC ; par la poursuite de l’élaboration des politiques sectorielles communes ; par la priorité à donner à la révision du PER afin de l’adapter au nouveau contexte et de le rendre cohérent avec les plans nationaux de développement. Cette opération lourde de relecture et d’adaptation du PER a besoin d’un financement sûr et sanctuarisé.
L’effort de renforcement devra porter également sur la convergence des économies de la CEMAC, la réalisation de l’Intégration financière en vue du développement des marchés financiers, pour les rendre aptes à financer les grands projets intégrateurs du PER, en particulier ceux des infrastructures de base.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,

Cela n’est cependant possible que dans le cadre d’un espace sécurisé, où règnent la paix et la concorde. C’est pourquoi la lutte antiterroriste et contre la déstabilisation est et doit être au centre de l’oeuvre d’Intégration, afin que prospère cet idéal en Afrique Centrale. Des signaux forts, donnant une nouvelle impulsion, nouvel élan, dans le cadre d’une volonté politique réaffirmée, sont ardemment attendus. C’est à cette fin que l’ordre du jour proposé prend en compte des sujets aussi variés que complexes, tels que la sécurité dans la sous-région, la fonctionnalité des institutions communautaires basées à Bangui, la libre circulation des personnes, les négociations de l’Accord de Partenariat Economique(APE) avec l’Union Européenne, le financement du développement, la question environnementale, etc.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Délégation,
Mesdames et Messieurs,

Les peuples africains en général et ceux de la sous-région en particulier, fondent leur espoir dans l’accomplissement de leur destin communautaire qui transforme les frontières physiques des Etats en trait d’union pour l’unité, la paix, la concorde et le développement humain.

Ainsi l’Intégration, la CEMAC des peuples ne seront plus un mirage.
Vive la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale,

Vice l’Intégration de l’Afrique Centrale,
Vive la coopération africaine,

Je vous remercie.

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