Dire qu’une large frange de la population de la capitale gabonaise ne porte pas l’archevêque de Libreville dans son cœur est un euphémisme… Hier, pendant la procession qui menait le corps de l’ancien ministre et secrétaire exécutif de l’Union Nationale (UN) vers le stade de Nzeng-Ayong, de nombreux Librevillois tenaient des propos peu amènes sur Mgr. Basile Mvé Engone.
Il est fait reproche à l’archevêque de Libreville d’avoir organisé une rencontre, à la présidence de la République, le lundi 27 avril, entre le chef de l’Etat et des proches d’André Mba Obame. Plus précisément Henri Nsi Ndong Obame et Henri Georges Obame, neveux de l’ancien ministre de l’Intérieur. «L’annonce, par le porte-parole de la présidence de la République de cet entretien, puait la récupération politique, et cette annonce a surpris une bonne partie de la famille qui n’avait pas été informée de cette audience», indique un des enfants d’André Mba Obame avant d’ajouter : «nous avons tout de suite organisé la riposte en diffusant un communiqué sur TV+ où nous avons déclaré que nous n’avons mandaté personne pour aller rencontrer Ali Bongo».
En fait, selon des sources concordantes, Mgr Basile Mvé a voulu rendre service aux tenants du pouvoir, mais sa démarche a été maladroitement conçue. Au lieu de demander l’avis des enfants, il a préféré s’adresser à certains de leurs cousins qui, bien que membres du comité d’organisation des obsèques, ne pouvaient se rendre à une telle rencontre sans s’être concertés avec toute la famille. Du coup, certains ont estimé que l’archevêque de Libreville, aidé de quelques membres de la famille, a voulu se servir de la mort de ce leader de l’opposition pour recevoir quelques prébendes. Dans les couloirs de l’archevêché, certains prêtres dénoncent l’acte posé par Basile Mvé «qui ne manquera pas d’entacher l’image de l’Eglise catholique du Gabon». Pour de nombreux parents et proches d’AMO, Basile Mvé est persona non grata pour toute la durée des obsèques d’André Mba Obame. Dans la famille, il est aisé de croire qu’elle en veut plus à Basile Mvé qu’aux deux proches qui se sont rendus au Palais du Bord de mer.
Hier après-midi encore, devant toutes les rumeurs qui s’échappaient de la foule au moment du vol annulé sur Oyem pour la dépouille, c’est l’archevêque de Libreville qui était cité comme «celui qui a occasionné tout le désordre lié à ces obsèques». Une chose est sûre : ce n’est pas demain que des membres de la famille d’André Mba Obame iront le voir à Sainte-Marie !
D’une manière générale, Basile Mvé n’a pas bonne presse dans l’opinion librevilloise. Il lui est reproché une trop grande proximité avec le pouvoir politique, ce qui lui vaut cette impopularité certaine.
