Libreville – La dépouille de l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2009, devenu le principal opposant politique au régime d’Ali Bongo Ondimba a été portée en triomphe par une foule délirante et surtout triste d’avoir perdu l’homme qui incarnait l’espoir d’une alternance démocratique au pouvoir.
Comme durant ses meetings pour la présidentielle de 2009, André Mba Obame, affectueusement appelé AMO par ses partisans a attiré une véritable marée humaine dans les rues de la capitale. Des femmes d’un certain âge, mais surtout des jeunes ont battu le macadam, durant 4 heures d’horloge, de l’aéroport international Léon Mba jusqu’au stade de Nzeng Ayong dans le 3ème arrondissement où le pouvoir et la famille se sont accordés à organiser le dernier hommage des librevillois à cet ancien ministre de l’Intérieur d’Omar Bongo Ondimba.
Au passage, les populations sont sorties spontanément de leurs maisons et formées une haie d’honneur pour ce parfait séducteur qui avait comme par magie réussi à faire oublier ses longues années de collaboration avec Omar Bongo Ondimba pour paraitre comme l’homme neuf, ou l’oiseau rare que les gabonais recherchaient.
Quasiment tout le monde a sorti son téléphone, caméra, appareil photo ou tablette pour immortaliser ces moments uniques de l’histoire politique du Gabon.
La police et la gendarmerie, très présentes ont su canaliser la foule plutôt disciplinée. Les craintes d’une violence aveugle se sont dissipées même si beaucoup de gabonais sont restés cloitrés chez eux. Ils ont eu en mémoire les violences qui ont suivi l’annonce de son décès à Yaoundé au Cameroun des suites d’une longue maladie. Des émeutiers se sont attaqués aux véhicules et ont incendié l’ambassade du Bénin.
De nombreux élèves ne sont pas allés à l’école même si le gouvernement n’a pas interdit les cours ce jour assez particulier. Aucun incident n’a été signalé, le calme règne à Libreville.
Dans le stade de Nzeng Ayong, la longue nuit est écoutée par une série d’éloges. La société civile a salué l’unique ancien collaborateur d’Omar Bongo Ondimba, passé à l’opposition, qui s’est publiquement mis à genoux pour demander pardon au peuple gabonais pour les erreurs commises durant son passage au pouvoir. Les leaders politiques ont affirmé avoir perdu une pièce maitresse pour le combat en faveur de l’alternance au pouvoir. Un combat que Zacharie Myboto, président de l’Union nationale a promis poursuivre jusqu’au bout.
La dépouille quittera Libreville mercredi pour Oyem puis Medouneu où il reposera en paix vendredi prochain.