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Pleins feux sur «Le magot des Bongo»
Publié le vendredi 24 avril 2015   |  Gabon Review




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Après Mediapart, c’est au tour de son confrère français Le Monde de tirer à boulets rouge sur la succession d’Omar Bongo, avec la mise en relief de tensions et autres manœuvres qui en découlent. Pascaline et Onaida Bongo, Macky Sall, Alassane Ouattara mais surtout Denis Sassou Nguesso autant de personnes citées.
Près d’un mois après les révélations de Mediapart sur la succession des Bongo, c’est au tour du journal Le Monde de jeter le pavé dans la marre. D’entrée, le journal français jette son dévolu sur l’ainée de la fratrie Bongo, par ailleurs, ancienne directrice de cabinet d’Omar Bongo : Pascaline Bongo. «Aucun accessoire ne laisse transpirer son train de vie de princesse d’Afrique centrale, ses demeures fastueuses à Beverly Hills, Genève et Abidjan, ses luxueux appartements parisiens gelés par la procédure pénale française des biens mal acquis, ou ses millions de dollars que l’on dit à l’abri sur des comptes bancaires à Beyrouth, Hongkong ou Singapour», écrit le quotidien français. Pourtant, depuis l’accession de son frère Ali Bongo à la magistrature suprême en 2009, la «fille chérie» est peu à peu tombée en disgrâce. Mais toujours est-il que cette dernière a toujours la haute main sur la fortune colossale d’une famille qui se déchire aujourd’hui autour de l’héritage du père.

«Il y a trop de fantasmes sur la richesse présumée d’Omar Bongo», assure Pascaline Bongo, citée par le journal, avant d’ajouter : «Il était très riche mais il a distribué beaucoup d’argent avant sa mort». Pour sûr, Omar Bongo était vraiment riche avec un patrimoine immobilier et des comptes bancaires pêle-mêle. Mais surtout, Delta Synergie, puissante holding appartenant à la famille Bongo. Matières premières, banques, assurances, BTP, transports, agriculture… aucun secteur d’activité n’échappe aux tentacules de cette dernière, évaluée à 28 milliards de francs CFA. Un pactole qui aiguise les convoitises dans le cadre de la succession d’Omar Bongo avec des manœuvres en tout genre entre les héritiers et qui s’intensifient en coulisses. Alors qu’«en mars 2013, Pascaline Bongo a été mandatée par le conseil des familles, créé par l’ensemble des héritiers, pour orchestrer l’inventaire de la succession. Mais son président de frère la soupçonne d’avoir dissimulé des avoirs et profité des circuits financiers opaques de leur père dont elle seule connaît les arcanes», écrit Le Monde.

D’où le bras de frère entre Ali Bongo et sa sœur aînée (lire par ailleurs «Succession Omar Bongo : Eclats de voix et déchirements»). Sitôt arrivé au pouvoir, Ali Bongo a écarté sa sœur du conseil d’administration, où elle siégeait depuis 1988. Une guéguerre aux enjeux économiques considérables. Consciente de la situation, Pascaline aurait sollicité début avril, en coulisses, le chef d’Etat sénégalais, Macky Sall, pour une médiation avec son frère, rapporte Le Monde. Selon le journal elle aurait également adopté la même démarche avec des proches d’Alassane Ouattara. «En vain. Les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ne souhaitent pas s’impliquer dans les affaires de la richissime famille régnante du Gabon, un pays où plus d’un tiers des 1,6 million de Gabonais vit sous le seuil de pauvreté», affirme le quotidien.

Par ailleurs, la querelle autour de l’héritage Bongo semble s’être étendue jusqu’au Congo voisin où, mi-avril, le président de la République du Congo a ainsi découvert avec stupeur ce que, pense-t-il, Ali Bongo lui aurait caché. «Sa défunte fille, Edith-Lucie, qui fut l’une des épouses d’Omar Bongo, détenait 10 % du capital de Delta Synergie. Les enfants nés de cette union, Omar Junior et Yacine, détiennent, eux, 18 % du capital. Leur grand-père, Denis Sassou Nguesso, ne cache pas en privé sa fureur d’avoir été tenu à l’écart de cet héritage maudit», soutient Le Monde. Denis Sassou Nguesso se serait aurait ainsi dépêché, début avril, ses émissaires à Londres et à Paris pour tenter d’obtenir davantage d’informations sur cet héritage si controversé. Tandis qu’à Libreville, il s’est attaché les services d’un notaire.

Aussi, cette guerre de succession s’est-t-elle récemment immiscée dans la procédure judiciaire des biens mal acquis, avec la plainte d’Onaida Myboto, fille d’Omar Bongo et de Chantal Myboto. Une procédure qui devrait «permettre de vérifier les conditions dans lesquelles certains actifs de la succession auraient pu être soustraits à l’ensemble des héritiers», indique-t-on. Suivant cette affaire avec attention, l’opposition et la société civile gabonaises entendent bien jouer leur partition pour affaiblir le pouvoir. Car, conclut Le Monde, «en se disputant le pactole, le régime expose ses faiblesses et accélère la nécessité de transformer ses pratiques, ce que la société civile demande depuis longtemps».

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