Réagissant à la récente diffusion sur Gabon Télévision d’une vidéo mettant en cause des responsables de l’opposition dans l’incendie de l’ambassade du Bénin et à la supposée découverte d’une cache d’armes, L’Union Nationale a nié toute implication, mettant en garde le pouvoir contre les «manipulations» visant à légitimer l’arrestation de certaines personnalités.
Pour François Ondo Edou, les propos du quidam présenté dans une vidéo diffusée dans la nuit du 20 au 21 avril 2015 sur Gabon Télévision, sont sans conteste «des accusations calomnieuses et sans fondement» proférées par «un individu qui n’est pas militant du parti». Si le porte-parole de l’Union Nationale (UN) est apparu, le 22 avril dernier, plus amusé que préoccupé, c’est parce que, dit-il, les accusations portées contre certains dirigeants, qui auraient un rapport avec l’incendie de l’ambassade du Bénin, survenu le 12 avril dernier, n’étonnent que moyennement et sont caractéristiques des méthodes du pouvoir en place. «Cette faveur accordée à un inconnu dont les propos sont décousus et totalement incohérents, montre qu’il s’agit d’une manipulation politicienne», a-t-il déclaré, avant d’ajouter que des informations, et notamment des archives datées du 10 novembre 2013, attestent de ce que «cet énergumène est l’un des jeunes que le pouvoir émergent commet régulièrement pour infiltrer les manifestations de l’opposition».
Au sujet de l’origine de la vidéo, l’Union Nationale indique que «de sources sûres, l’enregistrement en question a été effectué à la présidence de la République et réalisée par la presse présidentielle». Pour le parti du défunt André Mba Obame, il s’agit donc d’une «opération» menée par le pouvoir, et matérialisée par «un montage» et «un grossier mensonge», pour «préparer l’opinion et justifier l’arrestation imminente de Zacharie Myboto, Jean Eyeghe Ndong, Paul-Marie Gondjout, François Ondo Edou, Gérard Ella Nguema, Ghislain Ledoux Mbovoue Edou et autres».
A en croire le secrétaire exécutif adjoint et porte-parole de l’UN, la présidence de la République cherche les voies et moyens de neutraliser les leaders de l’opposition et particulièrement ceux de son parti, jugés trop gênants et bien trop dangereux. Le montage médiatique étant, selon lui, une méthode déjà usitée «par le pouvoir pour salir ou tenter de discréditer l’Opposition. En s’arrêtant sur des exemples récents des accusations similaires ont été proférées par Francis Sala Ngouah Beaud contre André Mba Obame, l’accusant de préparer une guerre ou une insurrection armée. Six ans après, la fameuse guerre n’a toujours pas eu lieu. Cependant, Francis Sala Ngouah Beaud a été exfiltré, gardé sous haute protection à Franceville avant d’être bombardé conseiller à l’Ambassade du Gabon au Maroc.» Et d’ajouter que des accusations comparables ont été proférées, par le passé, contre Marc Saturnin Nang Nguema, Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto. «Chaque fois, la preuve de ces accusations n’a jamais été faite et aucune de ces affaires n’a connu aucune suite judiciaire».
Une manœuvre qu’il dit percevoir dans la découverte supposée, le 21 avril dernier, d’une cache d’armes sur l’île Nendjé. «Comme par hasard, le procureur de la République a présenté à la presse (…) des armes de guerre qui auraient été découvertes dans la région du Cap-Estérias», a rappelé François Ondo Edou, comme pour railler ce fait, avant d’indiquer : «Les journalistes présents sur les lieux à l’invitation du gouvernement ne comprennent toujours pas comment le procureur savait déjà le contenu des caisses». «Sur la base de quels éléments Mme Ouwé a-t-elle rédigé la déclaration qui indiquait déjà avec précision le contenu et la nature des armes à peine découvertes ?», s’est-il interrogé.
Pour l’UN, qui souhaite faire le deuil de son secrétaire exécutif dans la sérénité et le calme, «il s’agit, en fait, d’une stratégie bien connue de toutes les dictatures qui ont émaillé l’histoire des nations lorsqu’elles se sentent en difficulté». Le jeu des intimidations et autres accusations réciproques, qui oppose les deux parties a bel et bien démarré.