Invoquant une supposée présence aux frontières de caisses d’armes, le ministère de la Défense a lancé une opération musclée de sécurisation du territoire nationale, d’un genre jadis connu sous le terme «Opération Nguéné» (du nom d’un serpent tropical venimeux).
Le gouvernement semble avoir perdu le sommeil avec les récents évènements survenus dans le pays à l’annonce du décès d’André Mba Obame. Patrouilles militaires et policières, dispositif de contrôle des véhicules… sont autant de constats relevés durant les dernières 48 heures. Et pour cause, le ministère de la Défense s’est fendu d’un communiqué dans lequel il indique que «sur la base de ses services de renseignements et de ceux émanant des pays amis, (il) a été lourdement informé de la présence à nos frontières, de caisses d’armes dont les destinataires ne sont pas encore identifiés». Demandant aux populations d’être vigilantes et de signaler tout mouvement suspect, le ministère de la Défense annonce que «toutes les forces sont déployées dans le cadre d’une opération de sécurisation du territoire nationale, baptisée Nguene».
Bien connu des Gabonais, l’opération Nguene (serpent très venimeux du Gabon) a déjà été initiée pour démasquer les sans-papiers, traquer les bandits de grand chemin et autres criminels. Si aucun rapport officiel n’a été établi au terme des premières opérations du genre, ce sursaut sécuritaire intervient au lendemain d’informations selon lesquelles des armes légères et lourdes auraient été découvertes dans deux quartiers de Libreville. Un article de Koaci.com, seul média à en avoir parlé, fait état d’une dizaine d’armes de calibre 12 et au moins cinq fusils mitrailleurs avec des munitions découverts par des éléments des services spéciaux dans trois habitations de Venez-voir et Cocotiers, quartiers populaires de Libreville. Au moins quatre individus, dont deux d’origine étrangère, auraient été interpellés, soulignent les mêmes sources.
On se demande bien à quoi rime les «informations» de Koaci.com qui passent pour une intox auprès des habitants de Venez-voir. Interrogées à ce sujet, en effet, les petites frappes de ce quartier reconnaissent une descente de la police judiciaire, le week-end dernier, dans leurs ruelles qui a débouché sur l’interpellation de certains déliquants, mais d’armes «que dalle». Tout comme le chef du quartier soutient n’avoir pas entendu parler de prise d’armes, encore moins avoir remarqué de la stupeur ou de la psychose auprès des populations de sa zone.
Toutefois, l’agitation autour de cette découverte coïncide avec l’interpellation, le 18 avril dernier, soit quelques heures plus tard, de trois militants du Front de l’opposition pour l’alternance. Mais surtout le lancement de cette opération de sécurisation du territoire intervient alors que les obsèques du secrétaire exécutif de l’Union nationale, André Mba Obame, sont annoncées pour la semaine prochaine à Libreville. Simple coïncidence ?
