Depuis la parution, le 16 février 2015, du numéro 67 de l’hebdomadaire La Loupe, Sidonie Flore Ouwé ne décolère pas. Le courroux du procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, qui, le 10 avril dernier, avait soumis sa requête de voir les responsables de ce journal s’expliquer, a été suscité par un titre pour le moins provocateur à son goût : «Interdiction de critiquer Ali Bongo et sa légion étrangère, foutez le camp, c’est mieux !» Une liberté à laquelle la magistrate a moyennement goûté. D’autant qu’elle était appuyée par un éditorial aux propos jugés «effroyables». D’où la citation directe émise à l’encontre de Hermeland Loubah.
Le directeur de la publication de L’Aube et du groupe de presse Oloumambe est donc appelé à comparaître au tribunal de première instance de Libreville pour «outrage au président de la République», un délit puni par les articles 157 et 158 du Code pénal. Le principal reproche fait au journaliste : le choix des mots, jugés irrespectueux du statut de président de la République. Ainsi, après la suspension de son titre pour un mois, le 26 février dernier, par le Conseil national de la communication (CNC), le responsable de l’hebdomadaire devra s’expliquer sur son éditorial intitulé : «Ali Bongo : un musulman terroriste», ainsi que son contenu, où le procureur croit avoir décelé des «termes injurieux, outrageants, inadmissibles pour des personnes qui prétendent être journalistes».
Sidonie Flore Ouwé dit y avoir vu notamment une volonté du média incriminé d’«inciter à la haine et à la révolte». De même, elle estime que les qualificatifs qui apparaissent dans l’éditorial sont en réalité «l’expression d’un sentiment de mépris, de haine, de violence envers le président de la République», et constituent, dans une moindre mesure, une menace pour Ali Bongo. Hermeland Loubah, conformément à la loi, encourt donc une peine de 1 à 10 ans de prison ou une amende de un million de francs.