La 31e édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) se tiendra en 2017 au Gabon. Le pays pourra-t-il remplir le cahier des charges à temps et organiser la compétition dans les règles de l’art ?
Cinq après la co-organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) avec la Guinée équatoriale, le Gabon organisera, en 2017, la 31e édition de la compétition continentale de football. La décision a été annoncée, le 8 avril dernier, par la Confédération africaine de football (Caf) au lendemain de son assemblée générale tenue au Caire en Egypte. Un verdict qui donne raison au président de Fédération gabonaise de football (Fégafoot), qui s’était voulu rassurant quant à la construction des stades nécessaires à l’événement. «Le cahier de charges de la Caf est connu, il nous faut quatre stades et quatre sites. Nous avons déjà Libreville et Franceville et nous aurons également Port-Gentil et Oyem», avait assuré Pierre-Alain Mounguengui. Selon, lui «deux grandes sociétés chinoises construiront les stades d’Oyem et de Port-Gentil. Les assurances données aux autorités gabonaises par les Chinois nous rassurent que les deux stades seront prêts dans les délais voulus comme ce fut le cas pour le stade de l’Amitié», a-t-il confié à Gabonreview le 7 avril dernier, assurant que le Gabon fera mieux que lors de l’édition 2012.
L’Algérie et le Ghana étaient également candidats à l’organisation de la compétition. La Can 2017 aurait dû se dérouler en Libye, mais le pays, frappé par la guerre civile, a été contraint de se désister. Le Maroc sera pris en compte lors du tirage au sort des qualifications à cette édition 2017, même s’il avait demandé un report de l’édition 2015, organisée in extremis par la Guinée équatoriale. D’abord suspendu par la Caf, ce pays a été réintégré après avoir obtenu gain de cause auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). Les éliminatoires de la 31e édition de la Can débuteront en juin 2015. Les 52 pays en lice seront répartis en 13 groupes de quatre équipes chacun. Les trois Can suivantes ont déjà été attribuées, au Cameroun (2019), à la Côte d’Ivoire (2021) et à la Guinée (2023).
Au Gabon, la nouvelle de l’organisation de la Can a été accueillie avec émoi par le président de la République. «Ensemble, rassemblons-nous dès à présent pour offrir le meilleur de l’Afrique au monde», a lancé Ali Bongo dans un communiqué, ajoutant que la Can 2017 est une chance pour le pays. «Cet événement permettra d’intensifier la diversification de l’économie et de booster les secteurs du BTP et des services. Je remercie la Confédération africaine de football d’avoir offert ce succès au Gabon et ce grand bonheur à la jeunesse africaine», a-t-il conclu. Dans le même élan, le ministre des Sports, joint au téléphone, n’a pas caché sa joie : «Nous sommes satisfaits et nous mesurons pleinement les responsabilités qui nous ont été confiées et nous nous attelons à mettre en place une organisation qui sied et ce dans les meilleurs délais», a-t-il confié.
Aussi, les nostalgiques du stade omnisports Omar Bongo de Likouala à Libreville devront passer à autre chose car cette infrastructure n’est pas éligible à l’organisation de la compétition. «La Caf exige que deux stades de compétition soient distants de 50 km. Ce qui est loin d’être le cas avec le stade de l’Amitié», a révélé Blaise Louembé, qui confirme qu’en plus de Libreville, Port-Gentil, Franceville et Oyem ont été retenus comme sites de compétition. Autre réaction du côté des Panthères, Pierre-Emerick Aubameyang : «Welcome back Can 2017 ! (…) Le peuple gabonais peut être fier d’accueillir une deuxième fois cet événement en peu de temps et celle-ci ne décevra pas car je sais que vous serez tous là pour vibrer avec nous», a lancé l’attaquant international.
Naturellement, de nombreux Gabonais s’interrogent sur le coût d’opportunité de cette compétition. Beaucoup se remémorent encore les promesses non tenues de 2012, notamment l’absence d’impact sur l’économie locale ou la trop forte politisation de l’événement. Alors que cette fête du football s’inscrivait dans un objectif plus large d’investissements à grande échelle pour moderniser le pays, il n’en fut réellement rien. Et ce, en dépit des 400 milliards évoqués pour l’organisation de cette compétition. Dans le même sens, d’aucuns se demandent comment financer cet événement alors que tous les chantiers ou presque sont à l’arrêt. Le scepticisme est donc de mise. Aux pouvoirs publics de convaincre les sceptiques et de donner raison à la Caf.