Libreville – Le 23 mars 2015 s’est tenu à Brazzaville (Congo), une conférence sur l’accès aux services financiers en zone Cémac organisée par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et le Fonds Monétaire International (FMI). Les deux institutions ont mobilisé plus de 200 participants venant des banques centrales et commerciales, des ministères des finances , des établissements de micro-finances, des universités, et des sociétés civiles de six pays d’Afrique centrale, pour réfléchir sur comment augmenter le taux de bancarisation en Afrique centrale.
Partant du constat du peu développement de l’accès à la finance, chiffré à 85% de la population exclu du système financier formel en Afrique subsaharienne, le ministre d’Etat congolais, en charge de l’économie et des finances, M. Gilbert Ondongo, a reconnu le retard accusé en matière d’inclusion financière par la sous-région d’Afrique centrale comparativement aux autres régions de l’Afrique au sud du Sahara. L’accès au crédit y serait faible et concentré dans certains secteurs et entre les mains de quelques grosses entreprises.
Au Congo Brazzaville, 9% seulement de la population disposerait d’un compte en banque, un chiffre en deca de la moyenne des pays de la zone Cemac, selon un rapport du FMI. « Cela tient pour l’essentiel à trois raisons, notamment le faible niveau de revenu nationale et du PIB réel par habitant, le sous-développement des services financiers et les difficultés d’accès aux services bancaires », a expliqué Gilbert Ondongo.
« L’absence d’inclusion financière limite la participation de vastes secteurs de la population à l’activité économique, et retreint l’accès des PME aux crédits nécessaires à leur développement. En raison de cet handicap, ces populations et ces entreprises restent prisonnières du secteur informel avec tous les inconvénients que cela entraine », a quant à elle déclaré Anne-Marie Gulde-Wolf, directrice adjointe du département Afrique du FMI.
D’après les participants, l’accès aux services financiers réduit les inégalités et accélère la croissance inclusive, notamment en permettant aux populations démunies de s’affranchir des contraintes des transactions en espèce, d’épargner et de recevoir des microcrédits pour investir, à l’instar des PME.
En Afrique centrale, les services financiers exigeraient plus de garanties aux entreprises, que dans le reste de l’Afrique subsaharienne. De même, les intermédiations bancaires sont élevées du fait de l’absence d’un système d’information sur les emprunteurs et la faiblesse de la concurrence dans le secteur bancaire. Puis il y a le retard des cadres juridiques par rapport à l’évolution rapide des transactions financières.
La promotion des nouvelles technologies comme la banque mobile et internet, la signature électronique et l’identification biométrique ont été en outre fortement préconisés par les intervenants, de même que l’éducation financière aura été particulièrement recommandée.
Néanmoins, Mme Gulde-Wolf a observé que « la gestion des défis technologiques peut poser problème dans des environnements institutionnels et des structures de gouvernance faciles, d’où l’importance d’une supervision financière progressant parallèlement à l’inclusion financière afin d’en promouvoir les avantages et de gérer les risques concomitants ».
L’inclusion financière est donc à encourager par tous les pays, ont admis unanimement les participants. Et la BEAC a adopté comme mesures : la création d’un fonds de garantie ; l’éligibilité au refinancement des créances bancaires ; et la réduction des taux directeurs de près de moitié.