Si Marie Madeleine Mborantsuo estime que le bâtiment abritant la haute juridiction est le «Palais de la démocratie», certains y voient une plaisanterie de mauvais goût.
Alors que l’institution, l’une des plus importantes du pays, est l’objet de vives critiques de la part de l’opposition et des organisations de la société civile, qui n’ont cessé de réclamer sa restructuration, l’édifice qui l’abrite a prétention à s’ériger en «Palais de la démocratie». Si la dénomination de cet édifice est passée presqu’inaperçue, elle n’en pas moins suscité étonnement et raillerie au sein de l’opinion, qui ne croit que moyennement en l’engagement de cette institution en faveur de la démocratie. Perçue comme une garantie sans faille pour le Parti démocratique gabonais (PDG) depuis la restauration de la démocratie en 1990, présentée par Paul Mba Abessole comme «un obstacle majeur au fonctionnement de la démocratie», la Cour constitutionnelle aurait-elle changé de cap pour tenter de redorer son image et rompre avec la mauvaise opinion que certains ont d’elle ? Pour sa présidente, qui communique désormais plus qu’il y a quelques années, la Cour constitutionnelle est plus que jamais portée à l’enracinement d’une plus grande démocratie.
Tentant de se justifier, Marie-Madeleine Mborantsuo avait déclaré, à la faveur d’un entretien à L’Union magazine en mars 2015 : «Au cours de mon allocution, je l’ai appelé «Palais de la démocratie» parce qu’en étant le siège de la Cour constitutionnelle, cette bâtisse incarne tous les attributs de l’institution, en sa qualité de gardienne de la Loi fondamentale (qui) régit et garantit le bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays.» Pour elle, c’est sans conteste que «cette cour exprime le plus fortement les aspirations démocratiques du peuple gabonais depuis la réinstauration du multipartisme en 1990, parce que c’est cette même cour qui prévoit toutes les modalités de toutes les élections à caractère politique». La Cour constitutionnelle ainsi peinte des plus belles couleurs, a-t-elle toujours été exempte de reproches, alors que s’exhale à chaque élection une forte odeur de parti-pris voire de négation du suffrage universel ? La question reste posée.
Qu’à cela ne tienne, les occupants du «Palais de la démocratie», ont fort à faire pour convaincre. D’autant que plusieurs de ses salles, baptisées en hommage aux «éminentes personnalités gabonaises qui ont contribué à la consolidation de l’Etat de droit et à l’instauration de la démocratie», suscitent quelques interrogations. En effet, au sein de la nouvelle bâtisse, des salles portent les noms d’Omar Bongo Ondimba, Ali Bongo, Léon Mba, Pierre Mamboundou, Pierre Louis Agondjo Okawé, Rose Francine Rogombe, Simon Oyono Aba’a et bien d’autres. A chacun d’en juger.