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«Gabon Émergent» : rien d’autre qu’un slogan, selon Oyé Mba
Publié le jeudi 28 novembre 2013   |  Gabon Review


Casimir
© Autre presse
Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre d’Omar Bongo et ancien gouverneur de la Banque des États d’Afrique central (BEAC)


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Dans une interview accordée à l’hebdomadaire économique et financier «les Afrique», Casimir Oyé Mba, l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo et ancien gouverneur de la Banque des États d’Afrique central (BEAC), livre un bilan sans concession de la gestion du pays par le pouvoir actuel, tout en affichant un scepticisme sur la capacité du Gabon à devenir émergent d’ici à 2025.Bien qu’étant l’un des rares barons de l’Union nationale, parti politique interdit et passé à la clandestinité, à ne pas prendre part aux échéances électorales du 14 décembre prochain, l’ancien Premier ministre d’Omar Bongo, Casimir Oyé Mba, ne démord pas dans sa lecture de la gestion de la chose publique par le pouvoir actuel.De la santé économique du Gabon, en passant par les réformes initiées depuis septembre 2009 par le président Ali Bongo Ondimba pour déboucher sur le concept de l’«Emergence à l’horizon 2025» souhaité par le numéro un Gabonais, la note attribuée par Casimir Oyé Mba – «Cam la classe» pour les aficionados – est loin d’être complaisante.

Pour l’ancien gouverneur de la BEAC, le pouvoir actuel excelle dans les effets d’annonce, dépense des milliards dans la «communication» et à travers des manifestations organisées ici et là. «Toutes ces manifestations relèvent d’abord de la communication du gouvernement. Le pouvoir aujourd’hui dépense énormément d’argent pour sa communication et ça porte, parce que les gens perçoivent le Gabon comme un pays qui bouge. Le New York Forum Africa concourt aussi à cette vaste politique de communication. Nous avons reçu l’équipe du Brésil, on découvre le Gabon. Mais je ne pense pas que ça rapporte en termes de retombées économiques pour le pays. Je reste sceptique, mais ne demande qu’à être démenti par les faits. On verra bien !…», a-t-il dénoncé dans l’entretien à cœur ouvert.

«Voir le Gabon devenir un pays émergent, tous les Gabonais le souhaitent parce que nous voulons que notre pays avance, mais thématiser autour des concepts «Gabon industrie, Gabon vert, Gabon des services …» c’est une formulation des agences de communication au service du pouvoir. C’est bien, ce sont des formulations parlantes, percutantes, ramassées, publicitaires. Une politique a sans doute besoin d’être formulée, mais il n’y a rien de nouveau dans cette approche», a critiqué Casimir Oyé Mba, avant de rappeler que, «sous Omar Bongo il s’agissait également de développer l’industrialisation du Gabon, de la poursuivre, de faire progresser les services bancaires, les assurances, de protéger la biodiversité. C’est sous Omar Bongo qu’ont été crées les 13 parcs nationaux, c’est «le Gabon vert»…».

«Comprenez-moi bien. Je ne souhaite pas qu’Ali échoue, car se serait souhaiter que mon pays échoue. Il est le président de la République. Aujourd’hui, il est le président de tous les Gabonais, y compris moi. Ses actes impactent ma vie et celle de mes enfants. Je ne crois pas que le Gabon sera un pays émergent en 2025. Dans 11 ans, nous ne serons pas au niveau du Brésil, de la Malaisie, de la Corée du Sud, de l’Afrique du Sud. Nous sommes encore très loin», estime-t-il.

Pour Cam la classe, le «Gabon Emergent» n’est rien d’autre qu’un slogan pour galvaniser les populations. «En politique, il faut des slogans, sans doute. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Surtout, ne pas les confondre avec la réalité», a conseillé l’ancien cadre éminent du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) depuis les années 1970.

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