Remontés par ce qu’ils qualifieraient de pratiques peu orthodoxes et contraires aux dispositions légales, les membres du syndicat national des enseignants-chercheurs du Gabon (Snec) dénoncent les pratiques auxquelles les enseignants vacataires de l’Université des sciences de la santé (USS) s’adonneraient depuis quelque temps. Ils interpellent le Premier ministre pour le mettre face à ses responsabilités.
Il a semblé nécessaire pour les enseignants membres du Syndicat national des enseignants chercheurs (Snec), à deux semaines de leur rentrée syndicale, d’interpeller le Premier ministre sur l’amalgame entretenu par leurs collègues vacataires de l’Université des sciences de la santé, qui prétendent disposer des mêmes grades universitaires que les enseignants permanents de cette institution. Ce qui de facto, leur donnerait droit aux mêmes avantages, à savoir la Prime d’incitation à la recherche (Pir) et l’inscription sur les listes d’aptitude du Cames.
En effet, selon le Snec, à l’issue des nouvelles orientations du gouvernement sortant, il s’est créé un collectif des enseignants hospitalo-universitaires qui a, avec insistance, demandé que la prime d’incitation à la recherche leur soit reversée et qu’on leur permette de s’inscrire sur les listes d’aptitude du Cames.
Reconnaissant que, dans les universités et grandes écoles du Gabon, les enseignants et chercheurs permanents sont souvent aidés dans leurs tâches d’enseignement, par des vacataires issu des administration publiques ou privées, le président du Snec, Jean Rémy Yama n’a pas manqué non plus de souligner que, «ce n’est pas parce qu’on dispense des enseignements dans les universités que l’on dévient universitaire. On est universitaire lorsqu’on appartient au corps des enseignants et chercheurs». Et d’ajouter : «s’agissant de l’USS, les vacataires sont généralement des médecins des hôpitaux de Libreville relevant du ministère de la Santé publique, les médecins de la CNSS et les médecins militaires relevant du ministère de la Défense nationale».
Selon le Snec, par le passé, les chefs d’établissement et les recteurs ont fait preuve de laxisme, de copinage, voire de mandarinat en permettant à certains vacataires de percevoir les avantages liés au corps des enseignants à l’exemple de la Pir. Il était également permis à certains vacataires de se présenter sur les listes d’aptitude du Cames. Pour cela, les recteurs produisaient un document mentionnant que les intéressés faisaient partie du corps des enseignants et chercheurs.
«Le Snec rappelle au gouvernement que si les recteurs et les chefs d’établissement ont fait leur mea-culpa en reconnaissant que depuis plus d’une décennie ils produisaient des actes contraires aux dispositions statutaires (loi 21/2000, décret 866 et dispositions du Cames), les enseignants-chercheurs ne pourraient tolérer que de tels actes puissent se reproduire. Permettre aux vacataires de percevoir la Pir et de s’inscrire au Cames serait une violation flagrante des textes en vigueur», a lancé Jean Rémy Yama.
«Monsieur le Premier ministre, si les informations qui nous parviennent, selon lesquelles, le gouvernement a pris faits et cause pour les vacataires en foulant aux pieds les textes, sont fondées, alors le Snec, malgré sa ferme volonté de voir l’ année qui a péniblement commencé en janvier 2014, aller à son terme, se verra obligé, contraint d’appeler ses membres et sympathisants à observer une grève illimitée dans les trois universités et grandes écoles et instituts de recherche relevant du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche», a prévenu Jean Rémy Yama sur un ton ferme. Et de conclure que «si d’aventure, le gouvernement se précipite à produire des actes administratifs de complaisance non codifiables aux intéressés, à l’instar d’un décret signé par le feu président Omar Bongo, faisant de certains des enseignants et chercheurs qu’ils n’hésitent pas à exhiber alors qu’il s’agit d’un texte non codifiable donc sans effet, notre réaction sera la même. Que ceux qui veulent bénéficier des avantages des enseignants et chercheurs rentrent dans le corps des enseignants et chercheurs en produisant des actes codifiables par la fonction publique».