Sur le front de mer, la bâche présentant le projet Champ Triomphal Port-môle vient d’être retirée. Retrait temporaire ou enterrement de première classe ?
Et si la marina de Libreville était définitivement tombée aux oubliettes, rangée au rayon des souvenirs douloureux ? Une issue à laquelle les apôtres de l’Emergence à la gabonaise se refusent, tant ils n’ont de cesse de défendre ce projet pharaonique et emblématique des forces au pouvoir. Pourtant, trois ans après le lancement du chantier à 450 millions de dollars (environ 225 milliards de francs), la question mérite d’être posée. D’abord parce que les travaux sont à l’arrêt (retrait d’engins, départ des ouvriers, etc.), faute de budget. En témoigne, les aveux du ministère du Budget, qui avait affirmé avoir commis une erreur d’appréciation, estimant qu’un tel projet ne peut être financé uniquement sur fonds propres. Neuf mois après cet argumentaire, c’est toujours le calme plat sur le chantier. Pire encore, la bâche présentant la maquette du projet a disparue. Le Champ Triomphal Port-Môle est-t-il mort et enterré ?
Selon une source proche du projet, le retrait de ladite bâche se justifie par l’état qu’elle présentait désormais. Lacérée par quelques passants, elle ne présentait plus bien. De plus, un accident s’y est produit le week-end dernier. La structure métallique sur laquelle était tendue la toile illustrative a donc été atteinte par une automobile et la bâche flottait au vent au risque de perturber la circulation aux moments des grands vents et même provoquer d’autres accidents. Son retrait et celui des supports d’affichage s’imposait donc pour «réparation», sinon restauration. Ce qui devrait prendre quelques semaines.
Reculer pour mieux sauter ? En supposant que la bâche soit réinstallée d’ici-là, elle occasionnera nécessairement des dépenses supplémentaires alors même que le budget initial peine à être bouclé. En attendant, du public qui n’y a rien compris fusent des questions et autres interprétations. Malgré la promesse, le 17 août dernier par le chef de l’Etat lui-même, d’une reprise des travaux à la mi-septembre 2014, sur le chantier ce n’est que désolation et silence. Progressivement, la nature y reprend ses droits. Ne va-t-on pas vers une catastrophe écologique ? Voire…
Dans tous les cas, cette situation donne du grain à moudre aux contempteurs d’Ali Bongo. L’accusant de déni de réalité, certains le disent rattrapé par la réalité. Surtout que la conjoncture actuelle n’arrange pas les choses. L’aménagement de l’issue du boulevard Triomphal Omar Bongo devrait donc être renvoyé aux calendes grecques. Signe des temps ? En tout cas, même si la bâche illustrative revenait, les choses laissent à penser que le Champ Triomphal Port-Môle de Libreville est mort et enterré.