Une semaine après la décision de recourir aux titres de paiement pour verser les salaires des enseignants grévistes, des voix s’élèvent pour dénoncer les manquements.
La décision gouvernementale de mettre l’ensemble des enseignants sur bons de caisse n’en finit plus de susciter des remous. Estimant que la «grève est générale et illimitée», certains observateurs en concluent que tous les agents publics sont concernés par ce mouvement. «Les chefs d’établissements ont-ils travaillé ? Qu’ont-ils fait ? Peuvent-ils justifier l’avancement dans les programmes durant cette période? Sur quelle base doivent-ils établir les attestations de présence au poste ?», entend-on çà et là. D’autres vont plus loin et s’interrogent sur les répercussions de cette décision «Le gouvernement a-t-il pensé aux responsabilités que certains ont vis-à-vis des banques ? A-t-il imaginé le calvaire qu’il faut endurer pour toucher l’argent?», se demande un enseignant du Lycée Montalier.
La procédure étant inhabituelle et lourde, les enseignants broient du noir. Une situation qui risque d’avoir des effets imprévus. Les uns parlent de durcir le ton, tandis que d’autres retrouvent le chemin des salles de classe, sans conviction. Il y en a qui estiment que le gouvernement a voulu les mettre en conflit avec les chefs d’établissements. D’autres se demandent si cette mesure a été «sérieusement pensée et murie», avant d’être annoncée. D’autant que certains de ceux qui donnent des cours voire des chefs de services ou encore des enseignants en stage ne retrouvent pas leurs noms sur les listes établies et encore moins leurs bons de caisse. A l’Université Omar Bongo, par exemple, le 31 mars dernier, de nombreux enseignants de la faculté des lettres et sciences humaines ne comprenaient pas pourquoi ils n’avaient pas de bons de caisse comme certains de leurs collègue de la faculté de droit et sciences économiques. Pour eux, les cours avaient été entièrement perturbés dans cette université et aucun département n’avait été épargné par la grève.
Pour mémoire, en vue de sanctionner les enseignants en grève, le gouvernement avait annoncé l’instauration du paiement des salaires par bons de caisse. Depuis le 26 mars, la distribution, bien que laborieuse, de ces titres de paiement est effective. Elle se ferait «de manière disparate et anarchique». De nombreux fonctionnaires du ministère de l’Education nationale disent ne pas comprendre cette décision qui ressemble à «une injustice et à une pression du gouvernement».