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Réquisitoire ’’Tournons la page’’ : «87 % des Gabonais n’ont connu qu’une seule famille au pouvoir»
Publié le jeudi 2 avril 2015   |  Gabon Review




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Estimant que «87 % des Gabonais n’ont jamais connu qu’une seule famille au pouvoir», une coalition articulée autour d’acteurs de la société civile d’Afrique et d’Europe, a rendu public, le 1er avril courant, un rapport sur l’alternance politique et la démocratie en Afrique.

Citoyens d’Afrique et d’Europe, intellectuels, artistes, militants, journalistes, responsables religieux, associations, syndicats, luttant pour la mise en place des conditions d’une véritable démocratisation du continent ont produit un rapport dénommé «Tournons la page». Leur objectif est de s’opposer à toute manipulation constitutionnelle pour convenance personnelle, de délégitimer les régimes dynastiques et obtenir l’arrêt de la caution apportée par les dirigeants Occidentaux aux pratiques anti-démocratiques. Ce rapport accorde une place non négligeable au Gabon, qui n’a connu, depuis 1960, que trois présidents de la République dont deux issus de la même famille.

La campagne «Tournons la page» note que 87 % de Gabonais n’ont jamais connu qu’une seule famille au pouvoir. Allusion faite à la famille Bongo dont le patriarche, Omar Bongo Ondimba, a dirigé le pays de 1967 à sa mort, en 2009. Son fils, Ali Bongo, lui a succédé en octobre de la même année, à l’issue d’un scrutin plus que controversé. A elle seule, cette famille totalise 48 ans de magistrature suprême. Or, jusqu’à preuve du contraire, le Gabon n’est pas une monarchie mais une république. Pour les auteurs du rapport, l’absence d’alternance dont souffrent de nombreux pays africains ne relève nullement de la culture. «Ce sont des systèmes organisés autour de l’accaparement du pouvoir et des richesses, au profit des dirigeants et de leur clientèle, mais aussi au profit d’Etats et d’investisseurs étrangers», mentionnent-ils, soulignant : «Les populations sont prises en otage».

Mba Obame, vainqueur en 2009

Concrètement, seuls 12% des Gabonais ont connu Léon Mba, seul président de la République à ne pas appartenir à la famille Bongo. S’il est vrai qu’à sa mort en 1967, «c’est la Constitution – opportunément révisée sous l’insistance de Jacques Foccart, le Monsieur Afrique du général De Gaulle, qui consacre à la présidence Albert-Bernard (devenu Omar) Bongo», il n’en demeure pas moins que ce dernier a, par la suite, refusé de lâcher les rênes du pays jusqu’à sa mort. Présenté comme élu à six reprises dont trois sous un régime de parti unique, Omar Bongo Ondimba a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels en 2003. «Dans ce pays faiblement peuplé, il a fait de la corruption, parfois de la répression (par ex. lors des révoltes universitaires en 1991), le moyen de pérenniser son pouvoir avec le soutien des responsables politiques et économiques français (cf. affaire Elf, soupçons de financement la vie politique française jusqu’à encore récemment…)», note le rapport.

Selon les rédacteurs de ce rapport, le Gabon reste un enjeu important au plan militaire (avec la présence d’une base permanente de l’armée française) et économique (pétrole, uranium, manganèse, bois…) pour la France. D’où le soutien accordé à Ali Bongo en 2009, «au prix d’une élection frauduleuse» dont «le véritable vainqueur était André Mba Obame» ; du moins, selon la campagne «Tournons la page», qui s’appuie sur les affirmations de Michel de Bonnecorse, ancien conseiller de Jacques Chirac pour l’Afrique, et de Maurice Delaunay, ancien ambassadeur de France au Gabon dans le documentaire de Patrick Benquet «La Françafrique».

Si les jeux de pouvoir et les pratiques politiques peuvent différer grandement, la plupart des pays où des familles s’éternisent au pouvoir présentent de nombreux points communs. Il s’agit notamment de l’usage de la violence, la négation des libertés, la corruption, la captation des richesses, la désinformation, le maintien d’une pauvreté endémique et la mise en avant d’une démocratie de façade. Généralement, dans ces pays, la conquête ou la conservation du pouvoir se fait aux prix du sang, singulièrement au moyen de coups d’Etat militaires, assassinats des prédécesseurs, conflits armés, coups d’Etats constitutionnels, hold-up électoraux suivis de répressions… Voilà pourquoi, les auteurs de ce rapport estiment que «la conquête de la capacité des peuples à décider de leur destin passera par une alternance à la tête de leur État, mais aussi par bien d’autres luttes».

Prescriptions pour l’alternance

Se voulant concret, le rapport met l’accent sur les luttes et stratégies visant à «tourner la page» dans l’accalmie et par la voie pacifique dans une Afrique présentée comme «le continent de demain» et dont «(les) taux de croissance, (les) surfaces cultivables, (les) forêts, (les) sous-sols, (les) nouveaux marchés suscitent toutes les convoitises». Dans cet ordre d’idées, des mouvements citoyens tels que «Ça suffit comme ça» ou le «Front des Indignés» sont présentés, pour le cas du Gabon, comme des initiatives porteuses d’un désir de démocratie et d’alternance «Ils sont engagés dans la lutte pour la défense des droits des citoyens, la mise en place d’un véritable régime démocratique, la bonne gouvernance, la défense des droits de l’Homme, la promotion du dialogue social, le bien-être et la mise en œuvre d’élections libres et transparentes au Gabon», précise le rapport.

Pour que les choses se passent selon les normes, les rédacteurs de ce rapport prescrivent aux dirigeant africains de «rendre possible l’alternance démocratique». Cela suppose la limitation des mandats présidentiels, législatifs et municipaux, le refus d’élections présidentielles à tours uniques, la mise en place de processus électoraux sur des accords politiques inclusifs et consensuels ainsi que l’interdiction de l’utilisation des fonds publics et des moyens de l’Etat pour financer ou appuyer les campagnes électorales des candidats issus des partis au pouvoir. Ils proposent également d’assurer la tenue d’élections libres, équitables et transparentes dans les délais prévus par la Constitution, de maintenir les listes électorales à jour et les rendre accessibles aux citoyens, d’en faire régulièrement un audit indépendant, d’assurer l’indépendance, la pérennité et les moyens humains, techniques et financiers des organes de gestion des élections, de publier les résultats détaillés des votes par bureau et d’afficher les résultats des votes dans les bureaux. Vaste programme…

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