Les émoluments du lobbyiste de la société pétrolière chinoise exhalent une odeur de copinage doublé de manœuvre.
Au sein de la société pétrolière chinoise, les relations entre collègues sont loin d’être sereines. Et les bouderies du gouvernement n’arrangent pas vraiment les choses. Mis sous pression par l’Etat, Addax Petroleum est contrainte de montrer patte blanche, au risque d’une nouvelle sanction, à l’image de la réquisition du gisement d’Obangue qu’elle a subi en 2013. Si la compagnie avait pu en réchapper en émettant un chèque de 400 millions de dollars (environ 200 milliards de francs), les liens entre les deux protagonistes se distendent de nouveau, alors que des dirigeants de la major chinoise auraient récemment été entendus à la présidence de la République «pour se justifier sur la rémunération de leur lobbyiste», Thomas Assogba, ainsi que le rapporte le confidentiel en ligne Africa Energy Intelligence.
Agissant en tant qu’intermédiaire entre Addax Petroleum et le cabinet du président de la République, Thomas Assogba a des honoraires qui paraissent pour le moins flous aux yeux de la présidence de la République. Le récent voyage de Yi Zhang et Guus Klusener au Gabon, n’avait donc rien de touristique. Le directeur général et le directeur juridique de la société pétrolière, arrivés à Libreville 26 mars dernier, devaient s’expliquer sur le montant des honoraires de leur lobbyiste que d’aucuns disent proche du directeur de cabinet du président de la République, «qu’il connaît depuis sa jeunesse». Selon la lettre d’information, en plus de ses honoraires, l’intermédiaire aurait perçu, en décembre 2014, un bonus de 700 000 dollars (environ 350 millions de francs CFA), pour «ses bons offices». Or, à la présidence de la République, personne ou presque ne semble connaître l’existence du prétendu lobbyiste. A Addax Petroleum, l’affaire est en passe de prendre une tournure judiciaire, avec la plainte d’Eric Velard, récemment licencié.
La seule erreur du français, ex-directeur du contrôle interne de la filiale gabonaise d’Addax Petroleum, est d’avoir eu le courage d’engager une enquête sur les récentes embauches effectuées par Simeon Edzo Mezui, le directeur de la production au siège de Genève. Mal lui en a pris. Pour l’heure, tout porte à croire que Thomas Assogba est une garantie pour la société pétrolière chinoise basée en Suisse, qui veut renouer avec le Gabon. D’autant que l’homme d’affaires béninois, propriétaire de la société Challenge Entreprise, spécialisée dans le commerce international, a permis à la société de signer, en 2014, avec l’Etat gabonais, un nouveau contrat de partage de production de dix ans sur Obangue. Chose curieuse : Thomas Assogba ne traiterait qu’avec Yi Zhang, Guus Klusener et Maixent Accrombessi. Le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, Etienne Ngoubou, que l’on dit fâché avec Guus Klusener, n’aurait jamais été convié aux différentes tractations. Tout cela sent la magouille à plein nez !