Renvoyée une première fois le 17 mars dernier pour le 26 mars 2015 en raison de l’absence de Jean Ping, l’affaire a de nouveau été reportée au 16 avril 2015, cette fois pour des raisons médicales liées au prévenu.
Jean Ping aurait-il décidé de mettre sur pied une stratégie visant à contraindre le tribunal à classer l’affaire l’opposant à Hervé Patrick Opiangah sans suite ou à fatiguer le plaignant pour que ce dernier retire sa plainte ? Au terme de l’audience correctionnelle spéciale du 26 mars dernier, cette interrogation semblait partagée par de nombreuses personnes y ayant assisté. Et pour cause : accusé de «diffamation», délit puni par les articles 283 et 284 du Code pénal, l’ancien président de la commission de l’Union africaine qui s’en était violemment pris à Hervé Patrick Opiangah, conseiller du président de la République, à la suite des actes de vandalisme perpétrés à son domicile dans le 1er arrondissement de Libreville, l’accusant d’en être le commanditaire, multiplie les absences au procès. Une situation qui n’a pas manqué d’irriter les juges, contraints d’ordonner un «renvoi ferme» de l’affaire au 16 avril prochain, et d’exiger une nouvelle comparution personnelle de l’ancien ministre des Affaires étrangères.
Absent au procès le 17 mars dernier, Jean Ping ne s’était pas, semble-t-il, embêté pour fournir une raison valable aux juges. Une nouvelle fois absent à l’audience, il a fait parvenir, par le truchement de son avocat, Me David Foumane Mengué, un certificat médical notifiant son état de santé faible, qui nécessite «un arrêt de travail de 15 jours», jusqu’au 4 avril prochain. Si le tribunal a dit ne pas avoir compétence pour discuter de la véracité du document, celui-ci n’en a pas moins suscité quelques doutes et des interrogations parce qu’établi le 20 mars dernier.
Le ministère public s’étant montré peu convaincu, l’avocate du plaignant, Me Gisèle Eyue Békalé, quant à elle, y a vu «un document fabriqué pour les besoins de la cause». «Pour quelqu’un qui se dit malade et qui a besoin de repos, permettez qu’on émette quelques doutes lorsque les médias nous montrent ce même supposé malade en pleine forme tenir des causeries politiques depuis le 20 mars 2015», s’est-elle écriée, un brin moqueuse. «Ce que je comprends, c’est que M. Ping ne veut pas répondre des propos qui lui sont reprochés à l’endroit de M. Opiangah. Le prévenu ne veut tout simplement pas comparaître pour répondre de ses actes. Il ne veut pas être confondu, et en le faisant il a décidé de braver l’autorité de la cour», s’est-elle emportée. Pour Me Gisèle Eyue Békalé qui n’a pas manqué de déplorer le nombre d’avocats déployé en soutien à l’avocat «officiel» de l’ancien président de la commission de l’Union africaine (UA) pour «la déstabiliser», l’attitude de Jean Ping révèle un fait : «C’est lui qui est déstabilisé. Il panique».