Si les avocats ont initié, le 25 mars dernier, une journée d’action dans le hall du palais de justice de Libreville, le premier juge d’instruction entend lancer des mandats d’amener contre le bureau du conseil de l’ordre alors que le président de la Cour de cassation lui intime l’ordre de ne rien faire qui puisse envenimer les choses. Ambiance…
Irrités par ce qu’ils qualifient de tentative de déstabilisation de l’ordre des avocats, menée en violation de la loi, le bâtonnier et le barreau du Gabon dans son ensemble ont décidé d’envahir l’entrée du Palais de justice de Libreville pour marquer leur mécontentement. Pour ces auxiliaires de justice, il n’est nullement question de fléchir devant les manœuvres de leur ancien confrère radié de l’ordre pour indélicatesse, à savoir : Jean-Paul Moubembé. À ce dernier, ils reprochent de vouloir contourner le dispositif sécuritaire et noyer le poisson en s’aidant de ses puissantes relations. D’autant que le premier juge d’instruction serait également indexé pour acharnement contre les avocats. «Aucune disposition légale ne prévoit de poursuites et de sanctions contre le conseil de l’ordre des avocats et le bâtonnier, même sous la forme déguisée de poursuites individuelles contre chacun de ses membres. En outre, aux termes de la loi, aucune poursuite pénale ne peut être exercée par un avocat contre un autre avocat sans autorisation préalable du bâtonnier de l’ordre», a rappelé Jean Pierre Akumbu m’Oluna.
Pour rappel, le conseil de l’ordre des avocats avait été saisi de ce que Me Jean Pierre Moubembé était soupçonné d’indélicatesses. À la suite de quoi, un conseil de discipline avait été convoqué pour en débattre. La délibération disciplinaire déboucha sur la radiation de ce dernier, qui n’a pas apprécié cette décision. Il a donc porté plainte pour «faux et usage de faux et usurpation de titre» contre X auprès du procureur de la République, qui a requis l’ouverture d’une information confiée au juge d’instruction. Une situation qui a valu aux membres du conseil de l’ordre des avocats une amende de 100.000 francs chacun pour non-déferrement à la convocation du juge d’instruction, suite à la plainte. Le magistrat, quant à lui, entend poursuivre sa procédure par l’envoie des «mandats d’amener». En attendant, l’examen de ladite requête, le premier président de la Cour de cassation a pris une ordonnance aux fins d’empêcher le juge d’instruction de continuer à agir dans ce dossier.