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30% des gabonais sont économiquement faibles (Ali Bongo Ondimba)
Publié le vendredi 31 janvier 2014   |  Gabonactu.com


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© Autre presse par DR
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba


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Libreville – Environ 30% des gabonais soit 95 000 foyers sont économiquement faibles dans un pays producteur de pétrole et riche en ressources naturelles, a révélé le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba dans un discours « Pour un nouveau contrat social » prononcé mercredi au palais présidentiel devant les diplomates et le nouveau gouvernement de Daniel Ona Ondo. Allocution de Son Excellence, Ali BONGO ONDIMBA
Président de la République Gabonaise,
Chef de l’Etat
Discours
Pour un Nouveau Contrat Social
Libreville, le 29 janvier 2014

Mesdames et Messieurs,
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
Depuis 2009, notre pays est un vaste chantier pour bâtir le Gabon émergent que j’ai promis à mes compatriotes dans mon projet de société, l’Avenir en Confiance.
De nombreuses réformes structurelles ont été menées visant à moderniser et à diversifier notre économie. L’objectif étant de produire plus de richesses afin de sortir notre croissance économique de l’essoufflement de ces trente dernières années.
Les programmes développés nous ont permis en effet d’obtenir des taux de croissance de l’ordre de 5 à 6% ces quatre dernières années, contre 2% auparavant.
Cette amélioration significative n’a cependant pas permis la réduction des inégalités et l’éradication des souffrances et des difficultés auxquelles certains de nos compatriotes sont confrontés pour se soigner, se loger, se déplacer, ou plus globalement pour accéder à une vie plus décente, telle que nous l’avions espérée.
Cette situation n’est cependant pas spécifique à notre pays. En effet, d’autres Etats, y compris ceux dont les économies comptent parmi les plus performantes au monde sont confrontés à la même problématique.

Certains pays d’Asie qui affichent des taux de croissance supérieurs au nôtre connaissent le phénomène des travailleurs pauvres.
Cela est si vrai que les Nations-Unies se sont emparé de ce problème en fixant les Objectifs du Millénaire pour le Développement, dont la finalité est la réduction de la pauvreté et la précarité dans le monde.
Comme vous pouvez donc le constater, la pauvreté et la précarité constituent un enjeu majeur pour tous les Etats, tous les Gouvernements et tous les Peuples.
Néanmoins, ce constat d’un phénomène global qui atteint tous les peuples ne doit pas être un prétexte à l’inaction. Je ne ferai pas la politique de l’autruche.
Pour combattre et vaincre cet ennemi aux multiples facettes, il nous faut bien le connaitre.
C’est pourquoi, la lutte contre la pauvreté, la précarité et les inégalités nous impose une démarche lucide, objective, transparente et volontaire.
C’est dans ce sens, que j’ai commandé en octobre 2013, un rapport sur l’état de la pauvreté de notre pays.

Conduit sous l’autorité de la Première Dame, ce travail d’enquête pose un diagnostic sans précédent dans l’histoire de notre pays. En effet, le rapport préliminaire, qui nous a été présenté, jette une lumière crue et met en évidence une cartographie et une description précise sur l’étendue de ce phénomène au Gabon.
Malgré les efforts déployés et les différentes aides et subventions accordées à la lutte contre l’exclusion sociale, les données de cette enquête qui décrivent une situation alarmante nous conduisent à affronter avec courage et détermination la réalité sociale de notre pays.
Nous ne devons rien cacher. Il est désormais établi :
• Qu’environ 30% de la population est considérée comme économiquement faible, correspondant à 95.000 foyers vivants avec de très faibles revenus mensuels.

• Que près de 55% des foyers économiquement faibles vivent dans les grandes agglomérations et 45% en milieu rural ;

• Que 60% des départements sont en décrochage en termes d’accès aux minimas sociaux de base, pour ce qui

relève de l’accès à la santé, l’eau potable et l’électricité, dans des conditions d’habitat précaires et enclavés.

Nous ne pouvons pas accepter que la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale prennent racine dans notre société.
Il est par conséquent inadmissible, comme je l’ai rappelé lors de mon discours des voeux à la Nation, le 31 décembre dernier, que seulement 20% des 300 milliards d’inscriptions budgétaires réservés aux différentes aides sociales arrivent à destination des populations les plus démunies.
Mesdames et Messieurs,
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
Ce propos que je tiens devant vous ce jour est pour moi l’occasion de rappeler une promesse faite à mes compatriotes et que je n’ai pas oubliée.
La promesse d’un Gabon plus juste, plus solidaire et qui ne laisse aucun de ses enfants sur le bord de la route.
Je veux parler de nos familles sans ressources avec de nombreux enfants.
Je veux parler aussi des personnes seules, sans soutien.

Je veux parler de nos mères célibataires sans emploi, de nos personnes du troisième âge délaissées, de nos veuves et de nos orphelins abandonnées, des enfants des rues, des personnes handicapées, sans oublier les élèves et les étudiants isolés, socialement décrochés à cause des difficultés que le quotidien leur impose.
Je veux également parler de tous nos compatriotes qui vivent dans des zones insalubres de nos villes, et qui aspirent légitimement à de meilleures conditions de vie.
A tous, je veux dire que la pauvreté n’est pas une fatalité. Nous devons mobiliser toutes nos forces pour la combattre avec courage et détermination.
Parce que vous êtes mon unique raison de me battre au quotidien, d’avancer, de construire, de bâtir, pierre après pierre, loi après loi, le Gabon émergent.
Ce d’autant plus que vous restez debout, dignes et courageux face aux épreuves.
Nous devons nous battre pour tous les marginalisés de notre pays qui pourraient être tentés de croire que rien n’existe pour les soutenir au quotidien.
A tous et à chacun, je dis que notre situation doit changer. Notre situation changera.

A vous qui continuez chaque jour de croire en un avenir plus juste, je dis que le temps est venu de livrer un combat acharné contre la précarité et la pauvreté.
Certains acteurs publics ont longtemps dissimulé la réalité aux décideurs, pour maintenir les populations dans la précarité et la dépendance.
Nous ne pouvons plus laisser faire.
En déclarant la guerre à la pauvreté, à la précarité et aux inégalités, notre objectif à terme est de réduire considérablement la proportion des gabonais économiquement faibles.
Pour cela, il nous faut établir un nouveau Pacte social.
C’est pour mettre en oeuvre ce nouveau pacte social, que j’ai souhaité réunir autour de moi une équipe de Femmes et d’Hommes dirigée par le Pr Daniel ONA ONDO, desquels j’attends foi, engagement et détermination pour cette grande cause sociale.

Mesdames et Messieurs,
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
Le Gouvernement qui vient d’être formé a donc l’impérieux devoir de gagner cette guerre contre la pauvreté, dont l’enracinement pourrait mettre en péril l’équilibre de la Nation et notre traditionnel « vivre ensemble ».
Pour cela, nous devons plus que jamais réaffirmer et faire respecter le triptyque qui guide mon action : « PAIX, DEVELOPPEMENT et PARTAGE ».
Aussi, j’instruis le Gouvernement à déployer, dès maintenant, une Stratégie pour la matérialisation de ce nouveau pacte social.
Cette stratégie exige l'intervention coordonnée des acteurs concernés, notamment le Gouvernement, les collectivités locales, les partenaires au développement, les acteurs non étatiques et même les citoyens.
Il s’agira notamment de tout mettre en oeuvre pour :
• assister les populations les plus vulnérables aux fins de subvenir à leurs besoins alimentaires, sanitaires et éducatifs. Cette action devra se traduire concrètement par la mise en place de programmes intégrés sur la protection

des personnes âgées, des orphelins et des handicapés, afin de faire face au délitement des liens sociaux traditionnels ;

• aider les populations économiquement faibles à développer des activités génératrices de revenus sur l’ensemble du territoire national, par une offre de financement diversifiée pour soutenir les projets dans les domaines à fort potentiel d’emplois tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, le tourisme, l’artisanat ainsi que les services et les petites transformations;

• réduire les inégalités d'accès aux services publics de base dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de l’accès à l'eau potable et à l'électricité dans les zones défavorisées de nos villes mais aussi de nos villages.

Mesdames et Messieurs,
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
La lutte contre les inégalités doit s’étendre à tous les secteurs et à toutes les couches de la population.
C’est pourquoi, je demande là encore au Gouvernement de tout mettre en oeuvre pour :
• Poursuivre la réforme du système des rémunérations et des primes de toutes nature qui devront dorénavant prendre en compte les notions de risque, de pénibilité, de performance et de mérite ;

• Engager sans délai la réforme de certaines subventions, notamment celles liées aux produits pétroliers afin de les mettre en adéquation avec nos politiques publiques et en particulier avec le nouveau pacte social que j’engage aujourd’hui;

• Ouvrir le chantier relatif au nouveau code du travail en lien avec les organisations patronales et les syndicats de travailleurs ;

• Renégocier les conventions collectives par secteur d’activité afin des les adapter au nouvel environnement économique national et international pour favoriser la compétitivité de nos entreprises ;

• Finaliser les lois d’orientation et de programmation des axes du Plan Stratégique Gabon Emergent ;

• Poursuivre la réforme du système d’enseignement et de formation professionnelle ;

• Ouvrir le chantier sur la réforme des territoires en adéquation avec le renforcement de la déconcentration et la mise en oeuvre de la décentralisation ;

• Renforcer la sécurité des biens et des personnes et lutter davantage contre l’immigration clandestine et les comportements déviants ;

• Légaliser le mariage coutumier afin de renforcer la protection des conjoints et des enfants.

La mise en oeuvre de cette feuille de route nécessite que soit adopté un collectif budgétaire, sur lequel j’appelle le gouvernement à travailler instamment.

Il doit par ailleurs poursuivre la politique pour une croissance soutenue à un niveau suffisant pour assurer le succès et la pérennité des mesures que je viens d’indiquer.
Cette volonté de sortir de la pauvreté et de la précarité nos populations les plus démunies, et de lutter contre les inégalités sous toutes leurs formes doit être partagée par tous et portée par chacun d’entre nous.
Il ne s’agit ni d’un choix, ni d’une option : c’est une obligation collective, à laquelle j’associe nos partenaires au développement.
Mesdames et Messieurs,
Gabonaises, Gabonais, mes chers compatriotes,
Tel est le chemin que nous allons parcourir, ensemble, ces prochaines semaines.
Avançons ! Pour le Gabon d’aujourd’hui et plus encore pour que nos enfants grandissent dans un pays dont ils pourront être fiers.

Je demande à tous les ministres, à toutes les administrations publiques et privées, à tous nos compatriotes, de faire preuve de disponibilité, d’abnégation, de loyauté et de patriotisme dans la matérialisation de notre pacte social, chacun à la place qui est la sienne.
Monsieur le Premier Ministre,
Le Gouvernement que vous conduisez n’aura pas d’état de grâce, ni de période d’apprentissage. Il n’aura qu’un seul objectif, qu’un seul mot d’ordre : Réussir.
C’est ce que j’attends de vous et de votre équipe. C’est ce qu’attendent nos compatriotes.
Vive la République, Vive le Gabon.
Je vous remercie.

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