S’arrimant à la modernité et conformément à son plan de restructuration, la Société gabonaise des transports (Sogatra) s’engage sur une niche nouvelle du marché du transport à titre onéreux avec le lancement prochain, dans la commune de Libreville, de cent taximètres, également appelés taxis-compteurs. Les explications de cette première expérience gabonaise du genre dans cet entretien avec le directeur général de la société, Alain-Paul Ndjoubi Ossamy.
À l’exemple de l’Afrique du Sud et de la Côte-d’Ivoire, le Gabon s’apprête à s’essayer dans le domaine du taxi-compteur. De quoi s’agit-il concrètement ?
Nous avons acquis 100 taxis-compteurs de marque Ford qui vont arriver sur Libreville dans 10 jours maximum. Ce sont des véhicules peints à la couleur bleu du drapeau gabonais. Nous allons faire l’expérience de les lancer sur Libreville. Et nous voulons que ces taxis-compteurs marchent principalement dans la capitale gabonaise.
Vous savez c’est un projet, et à un moment, il fallait le matérialiser. C’est exactement comme quand vous décidez de construire une maison. Vous faites d’abord un plan, une fois vous avez construit votre plan, si vous ne savez pas dessiner, vous l’amenez chez un architecte qui vous le met en forme, et une fois qu’il est mis en forme, vous vous assurez les services du même architecte pour qu’il vous donne le montant qui vous permettra de réaliser le plan de votre maison, ensuite vous allez chez un banquier qui lui, vous trouvera de l’argent pour monter votre maison avec des maçons. C’est exactement le même cheminement lorsqu’on décide d’avoir les taxis-compteurs, sauf que là on ne parle pas d’architecte mais plutôt d’autres personnes.
Outre le taximètre (appareil de mesure mécanique ou électronique habituellement installé dans les taxis), de quels autres accessoires seront dotés les premiers taxis-compteurs de Libreville ?
Ces taxis de marque Ford sont tous climatisés. À l’intérieur, il y a naturellement un compteur, une imprimante de tickets pour permettre à ceux qui emprunteront ces véhicules, s’ils venaient à manifester l’envie de détenir une facture comme preuve de paiement, de se voir délivrer un ticket. En plus de tout cela, c’est un taxi qui dispose du wifi à l’intérieur, d’un système GPS, d’un système de vidéo surveillance pour la sécurité des usagers.
Au regard du nombre limité de véhicules au départ de cette première expérience, par rapport au calvaire que vivent les usagers en termes d’offre de services de transport en commun, quelles sont les zones de stationnement prioritaires de votre projet ? Et quels tarifs seront appliqués ?
Les lieux où nous allons les mettre, sont essentiellement l’aéroport international Léon Mba, certains grands hôtels, notamment l’Okoumé Palace, l’Étoile d’or, le Méridien Ré-Ndama. Mais également dans certaines grandes surfaces comme Mbolo et CKDO Géant.
Pour ce qui est du prix, il va y avoir un test avec un prix de départ comme partout ailleurs. Ce prix de départ sera étudié et calculé par rapport à plusieurs caractéristiques et selon des règles bien précises. Il existe deux types de prix, à savoir, le prix au kilomètre parcouru et le prix horaire.
On lancera l’opération en heure de pointe pour voir quels peuvent être les prix. À tout hasard, on pourra prendre 500 francs CFA comme prix de départ sur un 1er taxi, 700 francs sur un 2e et 1000 francs sur un 3e et on fait exactement les mêmes distances en tenant compte de la période de pointe et une fois arrivé, on fait la moyenne des différents montants afin de déterminer le prix de départ. Mais ce qu’il faut retenir est que, ces taxis ne sont pas réservés à une catégorie de personne. Il est accessible à tous selon les besoins et les capacités de tout un chacun.
Les réalités du trafic dans la capitale gabonaise et ses communes voisines d’Akanda et d’Owendo, tristement connues pour leurs bouchons à certaines heures, n’entraveront-elles pas la réussite de ce projet ?
Vous savez, quand vous décidez de construire votre maison, vous ne pouvez pas savoir si elle sera balayée par le premier vent ou pas. Simplement que, il y a des aspects techniques qui sont pris en compte pour éviter ce genre d’éléments. Pour ces taxis-compteurs, nous avons eu l’idée, nous les avons achetés, ils arrivent et nous allons les exploiter. Il va de soi qu’il y a un certain nombre de problèmes que nous allons rencontrer au fur et à mesure. C’est cela la réalité de ce qui se fera.
S’agissant des embouteillages au niveau de Libreville, il faut savoir que nous travaillons avec l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) et, si vous êtes allé du côté de Glass, vous avez dû voir que les voies ont été élargies, pour permettre à l’ANGT de prévoir un couloir bus et taxi. C’est déjà un élément qui peut nous permettre de rentrer dans les embouteillages.
Le deuxième élément qu’il faut savoir est que, quand on parle de taxis-compteurs, cela renvoie au compteur horokilométrique, c’est-à-dire des compteurs qui fonctionnent à la fois au temps et au kilométrage. Les paramétrages seront réglés de façon à ce que si vous dépassez une certaine vitesse, à titre d’exemple si vous roulez à 50 km/h dès que vous allez au-delà, la machine elle-même distingue que vous êtes à plus de 50 km/h vous devez passer plutôt au compteur kilométrique. Mais si vous êtes par en exemple en dessous de 50 km/h la machine reconnaîtra elle-même que vous êtes en phase d’embouteillage, donc au lieu que ce soit kilométrique, le compteur sera à l’heure. Dans le cas d’un bouchon, il peut être comptabilisé un tarif KM et un tarif heure en alternance, en fonction de la vitesse du véhicule.
Quels sont les avantages qu’offre le choix d’un taxi-compteur par rapport au taxi traditionnel qui a toujours su nous satisfaire malgré les aléas ?
Les avantages sont nombreux. Quelques exemples : par rapport aux taxis ordinaires que vous partagez avec d’autres usagers de la route qui ne sont pas forcément vos parents, qui ne sont pas vos amis, avec le taxi-compteur, si vous êtes seul au départ, vous le serrez également à l’arrivée et le chauffeur n’a pas le droit de prendre un autre usager pour le mettre à l’intérieur du taxi et vous payez le prix juste qui s’affiche. Aujourd’hui quand vous prenez une course, vous êtes embarqué, vous payez 2000 francs CFA, 100 mètres un peu plus loin, le chauffeur du taxi traditionnel prend une autre personne en même course qui paye également 2000 francs et souvent vous êtes quatre et tous payiez la même course ce qui fait en tout 8000 francs. Ce cas de figure n’est pas possible dans le taxi-compteur.
Le deuxième avantage c’est qu’il s’agit des taxis avec système de vidéo surveillance à l’intérieur. Tout ce qui se fait de mal ou de bien est enregistré en temps réel et naturellement, le jour où il y a un problème, nous avons un système de tracking qui permettra à la direction de Sogatra de savoir exactement ce qui s’est produit. Il y a une bande et à n’importe quel moment on peut visionner la cassette. Il y a une différence avec les taxis qui pratiquent le transport en commun : si vous regardez aujourd’hui, la plupart des braquages se font souvent dans les taxis, parce qu’au moment où l’usager monte, il y a déjà d’autres personnes à l’intérieur qui se font passer pour des clients et qui n’attendent qu’une occasion pour agir.