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Ali Bongo fixe le cap du nouveau gouvernement
Publié le jeudi 30 janvier 2014   |  Gabon Review


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© Gabon Review par DR
Le président Ali Bongo, lors de son allocution du 29 janvier 2014 à Libreville.


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Vingt-quatre heures après la nomination des membres du nouveau gouvernement, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a prononcé une allocution d’envergure, le mercredi 29 janvier 2014, devant les représentants des institutions régaliennes de l’Etat, les hauts fonctionnaires, les dirigeants des organismes internationaux et des institutions bancaires et de protection sociale, les leaders religieux et associatifs. Il s’est agit là du déroulement de la feuille de route pour ce nouveau gouvernement qui n’aura pas d’«état de grâce».

Rendu public par le chef du gouvernement le mardi 28 janvier 2014, le nouveau gouvernement s’est retrouvé ce mercredi 29 janvier en Conseil des ministres avant de suivre le discours de cadrage prononcé par le chef de l’Etat. Dans l’ensemble, le Président de la République a tenu à s’appesantir sur les aspects sociaux du moment au sujet de quoi il a lui-même relevé que «30% des citoyens sont jugés économiquement faibles (95.000 foyers, dont 55% en ville), car 60% des départements sont en décrochage en termes d’accès aux minimas sociaux de base pour ce qui relève de l’accès à la santé, à l’eau potable et à l’électricité».

C’est dans ce contexte que le Chef de l’Etat a lancé aux membres du gouvernement, «Voici votre feuille de route : l’impérieux devoir de gagner la guerre contre la pauvreté, le délitement social, la précarité».

Lucide et sommaire bilan d’étape

Dès les premières phrases de cette allocution, Ali Bongo Ondimba a planté le décor : «Depuis 2009, notre pays est un vaste chantier pour bâtir le Gabon émergent que j’ai promis à mes compatriotes dans mon projet de société, l’Avenir en Confiance. De nombreuses réformes structurelles ont été menées visant à moderniser et à diversifier notre économie. L’objectif étant de produire plus de richesses afin de sortir notre croissance économique de l’essoufflement de ces trente dernières années».

Ali Bongo a relevé que les programmes développés ont permis d’obtenir des taux de croissance de l’ordre de 5 à 6% ces quatre dernières années, contre 2% auparavant. Cependant, a-t-il noté, «cette amélioration significative n’a cependant pas permis la réduction des inégalités et l’éradication des souffrances et des difficultés auxquelles certains de nos compatriotes sont confrontés pour se soigner, se loger, se déplacer, ou plus globalement pour accéder à une vie plus décente, telle que nous l’avions espérée».

Le Président de la République a souligné à cet effet que «comme vous pouvez donc le constater, la pauvreté et la précarité constituent un enjeu majeur pour tous les Etats, tous les Gouvernements et tous les Peuples». Et de rajouter que «ce constat d’un phénomène global qui atteint tous les peuples ne doit pas être un prétexte à l’inaction. Je ne ferai pas la politique de l’autruche».

«Pour combattre et vaincre cet ennemi aux multiples facettes, il nous faut bien le connaître», a-t-il déclaré avant d’indiquer que «la lutte contre la pauvreté, la précarité et les inégalités nous impose une démarche lucide, objective, transparente et volontaire».

Inventaire sans complaisance

Faisant référence au rapport sur l’Etat de pauvreté qu’il a commandé sous l’autorité de la Première Dame en 2013, le numéro un gabonais a fait remarquer que «ce travail d’enquête pose un diagnostic sans précédent dans l’histoire de notre pays. En effet, le rapport préliminaire qui nous a été présenté jette une lumière crue et met en évidence une cartographie et une description précise sur l’étendue de ce phénomène au Gabon […] Malgré les efforts déployés et les différentes aides et subventions accordées à la lutte contre l’exclusion sociale, les données de cette enquête qui décrivent une situation alarmante nous conduisent à affronter avec courage et détermination la réalité sociale de notre pays. Nous ne devons rien cacher. Il est désormais établi : Qu’environ 30% de la population est considérée comme économiquement faible, correspondant à 95 000 foyers vivants avec de très faibles revenus mensuels ; Que près de 55% des foyers économiquement faibles vivent dans les grandes agglomérations et 45% en milieu rural ; Que 60% des départements sont en décrochage en termes d’accès aux minimas sociaux de base, pour ce qui relève de l’accès à la santé, l’eau potable et l’électricité, dans des conditions d’habitat précaires et enclavés.

Nous ne pouvons pas accepter que la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale prennent racine dans notre société.

Il est par conséquent inadmissible, comme je l’ai rappelé lors de mon discours des vœux à la Nation le 31 décembre dernier, que seulement 20% des 300 milliards d’inscriptions budgétaires réservés aux différentes aides sociales arrivent à destination des populations les plus démunies», a déclaré le Chef de l’Etat après l’inventaire de constats qui précède.

Ayant fait l’énumération des maux qui accablent le social gabonais, le président Ali Bongo a demandé l’établissement d’un «nouveau pacte social». «Le Gouvernement qui vient d’être formé a donc l’impérieux devoir de gagner cette guerre contre la pauvreté, dont l’enracinement pourrait mettre en péril l’équilibre de la Nation et notre traditionnel «vivre ensemble». Pour cela, nous devons plus que jamais réaffirmer et faire respecter le triptyque qui guide mon action : «Paix, Développement et Partage». Aussi, j’instruis le Gouvernement à déployer, dès maintenant, une stratégie pour la matérialisation de ce nouveau pacte social», a-t-il assigné.

Une feuille de route détaillée

Cette stratégie exige l’intervention coordonnée des acteurs concernés, notamment le Gouvernement, les collectivités locales, les partenaires au développement, les acteurs non étatiques et même les citoyens.

Entre autres pistes pour apporter des solutions à ces problèmes, le chef de l’Etat demande au gouvernement de : «tout mettre en œuvre pour Poursuivre la réforme du système des rémunérations et des primes de toute nature qui devront dorénavant prendre en compte les notions de risque, de pénibilité, de performance et de mérite ; engager sans délai la réforme de certaines subventions, notamment celles liées aux produits pétroliers afin de les mettre en adéquation avec nos politiques publiques et en particulier avec le nouveau pacte social que j’engage aujourd’hui ;

Ouvrir le chantier relatif au nouveau code du travail en lien avec les organisations patronales et les syndicats de travailleurs ; renégocier les conventions collectives par secteur d’activité afin des les adapter au nouvel environnement économique national et international pour favoriser la compétitivité de nos entreprises ; finaliser les lois d’orientation et de programmation des axes du Plan Stratégique Gabon Emergent ; poursuivre la réforme du système d’enseignement et de formation professionnelle ; ouvrir le chantier sur la réforme des territoires en adéquation avec le renforcement de la déconcentration et la mise en œuvre de la décentralisation ; renforcer la sécurité des biens et des personnes et lutter davantage contre l’immigration clandestine et les comportements déviants ; légaliser le mariage coutumier afin de renforcer la protection des conjoints et des enfants».

«Monsieur le Premier Ministre, le Gouvernement que vous conduisez n’aura pas d’état de grâce, ni de période d’apprentissage. Il n’aura qu’un seul objectif, qu’un seul mot d’ordre : Réussir. C’est ce que j’attends de vous et de votre équipe. C’est ce qu’attendent nos compatriotes», a indiqué le président de la République en guise d’épilogue à l’importante adresse au nouveau gouvernement.



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