Libreville-Lors de notre passage à Ouagadougou, nous avons mené une enquête sur la cessation des activités de la radio rurale. Pour ce fait nous sommes allez a la rencontre d’un des précurseurs de cet outil de communication en zone reculé. Retour sur l’histoire de la radio rurale au pays des hommes intègres. La suppression de la radio rurale est un énorme gâchis. La radio rurale a été créée par décret N° 69/251/PRES/PT du 24 novembre 1969. A partir de 1985, elle battait de l’aile, et s’acheminait vers la cessation de ses activités, suite au retrait de l’assistance Allemande et l’absence d’une véritable politique gouvernementale pour assurer la relève, afin de promouvoir sa durabilité et son développement. Des démarches entreprises auprès de la FAO, ont permis au gouvernement du Burkina Faso d’obtenir une assistance sous forme d’un projet dénommé TCP/BKF/032 (T): « Décentralisation et régionalisation de la radio rurale » qui devait être exécuté sur la période allant de juillet 1990 à septembre 1992. L’apport financier de la FAO s’élevait à 100.000 (Cents millions FCFA) destinés à couvrir les honoraires de consultants internationaux, l’achat d’un véhicule tout terrain, de fournitures, matériels et équipements techniques, les frais de sessions de formations, les sorties sur le terrain.
C’est dans ce contexte que le 22 juin 1990, j’ai été nommé chef du service de la radio rurale et responsable national du dit projet par madame DAMIDA Béatrice, alors ministre de l’information et de la culture, actuelle présidente du conseil supérieur de la communication (C.S.C).
A la fin du projet, une réunion internationale des partenaires traditionnels de la radio rurale a été organisée pour examiner les résultats atteints. Les participants, après avoir constaté le respect des engagements du gouvernement du Burkina Faso, apprécié le rapport d’exécution du projet, ont recommandé vivement la poursuite du projet.
La FAO, n’a pas l’habitude de prolonger le délai d’exécution et le financement d’un TCP (T), tout au plus, peut-elle servir d’agence d’exécution pour soutenir une requête de financement auprès d’un Etat ou une institution membre du système des nations unies. Le Royaume des pays Bas a été identifié comme partenaire potentiel. Ce pays a marqué son accord pour un apport financier au second projet dénommé GCP/BKF/037/NET « la radio rurale au service du développement intégré » pour un montant de 100.000.000 (cent millions) de FCFA sur une période de deux ans.
Le document de ce projet issu de l’accord de financement stipulait expressément que le gouvernement du Burkina Faso s’engage à : « doter la radio rurale d’un statut juridique et administratif qui lui donne une autonomie financière à même de générer et de gérer des ressources propres ».
Pour obtenir cet engagement du gouvernement du Burkina Faso, un dossier sous forme de communication orale à l’attention du conseil des ministres a été préparé.
Ce dossier préconisait la création d’une Direction de la radio rurale, et une structure associative des partenaires institutionnels. Ce dossier a fait l’objet d’une présentation en réunion de Directeurs centraux du ministère.
Malgré une forte opposition de plusieurs Directeurs centraux (et pas des moindres), il a été transmis en conseil des ministres qui l’a approuvé, car il a bénéficié en son temps, de l’appui et du soutien de plusieurs personnalités parmi lesquelles :
- Monsieur HIEN KILIMITE Théodore, ministre en charge de la communication et de la culture,
- Monsieur Beyon Luc ADOLPHE TIAO, Secrétaire général du ministère en charge de la communication et de la culture, aujourd’hui Premier ministre, chef du gouvernement,
- Monsieur Joseph KAHOUN, ancien chef de service de la radio rurale, aujourd’hui, conseiller auprès de la présidence du Faso et vice-président du conseil supérieur de la communication (C.S.C).
- Monsieur Clément Pegdwendé SAWADOGO, ancien Directeur Général de la RTB (Radiotélévision du Burkina), aujourd’hui coordonnateur national du programme de renforcement de la gouvernance politique (PRGP).
Comment et pourquoi, toutes ces personnalités de haut rang qui sont toujours aux « affaires », responsables à un titre ou à un autre, de la mise en œuvre du programme quinquennal du président du Faso : Bâtir, ensemble, un Burkina émergent, eux qui savent parfaitement que la première étape d’un développement véritable, est l’affranchissement de la dépendance alimentaire, eux qui ont connu, aimé et soutenu la radio rurale, ont-ils pu avaliser ou « laisser faire » ce qui apparait comme la plus grosse « bêtise » jamais faite en matière de structuration du département ministériel en charge de la communication qui a entrainé la suppression de ce formidable outil de communication et de promotion du monde rural ?
La suppression de la radio rurale peut être considérée comme un reniement des nombreuses déclarations auxquelles le Burkina a souscrit, et qui préconisent le développement de la radio rurale comme outil de promotion du développement participatif et durale, de la bonne gouvernance, du genre en Afrique.
Les promoteurs et les organisateurs de la journée nationale du paysan qui se tiendra cette année à FADA N’GOUMA, seraient bien inspirés d’engager la réflexion et de conduire les démarches nécessaires à la prise de décision pour « ressusciter » la radio rurale, qui est et le restera pour longtemps encore, le véritable moyen d’expression de la parole paysanne authentique au Burkina Faso.
Nombré Urbain
Enseignant/Formateur
Chargé de cours en production radiophonique et radio rurale à l’ISTIC
Ancien Directeur de la radio rurale
Consultant international pour l’UNESCO et la FAO