RABAT- La capitale marocaine de Rabat accueille du 27 au 30 janvier la deuxième édition des Journées Annuelles sur la Gouvernance en Afrique (JAGA) sur le thème « l'Afrique réinvente son économie ». Organisées conjointement par le ministère marocain des Affaires générale et de la Gouvernance et l'Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA), cet événement est l' aboutissement de la rencontre entre des acteurs africains et non africains qui ont décidé de mettre en commun leurs expériences et de mobiliser d'autres acteurs, convaincus que l'avenir de l' Afrique, de ses peuples, de son « être au monde » ne peut se satisfaire de rapiéçages sectoriels, de plans de sauvetage sans succès, de modèles importés et imposés.
Les JAGA répondent au besoin de construire des espaces de mutualisation des expériences et des initiatives en matière de gouvernance en Afrique, de réflexion prospective sur le devenir du continent.
La conférence de Rabat, qui s'inscrit également dans cette entreprise de ré-interrogation des fondements des économies africaines, ambitionne notamment de poser la nécessité pour l' Afrique de réinventer son économie, et surtout de définir et d' accompagner les initiatives qui y contribuent. A la lumière d'expé riences concrètes, de réflexions africaines et du meilleur des trajectoires internationales sur l'évolution des systèmes é conomiques, la conférence vise à définir une conception africaine du développement durable. Il ne s'agit plus maintenant de se borner à imiter le modèle occidental de développement. Celui-ci, fondé sur l'exploitation de l'énergie et des ressources naturelles venant de toute la terre, n'est ni généralisable pour le monde entier ni durable pour lui-même. Il doit connaître une profonde mutation.
Pour réinventer l'économie africaine et réaliser son insertion appropriée dans le monde, et au-delà de l'impératif d'adosser la politique et la gestion économique aux valeurs et principes de gouvernance, la conférence abordera 15 propositions regroupées en 5 ateliers. « Comment construire une vision et des capacités strat égiques, politiques et intellectuelle au service d'une refondation de l'économie africaine? », « Comment recouvrer la souveraineté sur l'ensemble des ressources naturelles et les mettre au service d'économie africaine durables? », « Comment repenser l'industrialisation et l'entreprise dans la stratégie de dé veloppement du continent? », « Comment promouvoir de nouvelles visions et approche de développement des territoires et des é conomies? », « Comment construire une architecture et des systèmes
financiers endogènes, au service du financement du développement africain? », sont autant de questions que la conférence essayera de répondre.
Pour les organisateurs, l'Afrique est assurément le continent des paradoxes ! Certainement le mieux doté en ressources naturelles de la planète, le continent abrite les populations les pauvres du monde. Les statistiques établissent qu'en l'espace de 25 ans, la pauvreté a connu un net recul dans le monde sauf en Afrique subsaharienne où le nombre de pauvres continue d'augmenter. Elle est la seule région du monde où, en pourcentage, la pauvreté est à l'état stationnaire. Pire, elle croît en valeur absolue. Aujourd'hui, 562 millions d'africains au sud du Sahara vivent avec moins de 2 dollars par jours.
En somme, le bilan économique et social du demi-siècle est globalement en deçà des potentialités du continent. Il est en dé calage manifeste avec les défis du continent confronté à la croissance démographique la plus rapide au monde, avec 7 à 10 millions de nouveaux arrivants sur le marché du travail chaque ann ée. Dans cette perspective, des expériences de réussite africaine existent, et peuvent être investies comme points d'appui pour le renouveau et la relance du développement africain.