S’ils disent s’en tenir aux clauses contractuelles avec le ministère de l’Education nationale, les enseignants non gabonais exercent, suscitant le courroux de leurs collèges nationaux.
Depuis le lancement du mouvement de grève, il y a plusieurs semaines, rien ne va plus dans le secteur de l’éducation. Plus que jamais scindée en deux voire trois camps plus ou moins opposés, la «Dynamique unitaire», principale organisation syndicale né au sortir des Assises d’Agondjé couve en son sein des querelles portées par des leaders peu enclins à se voir dicter leur conduite par d’autres dont les modes de revendication ne correspondent pas toujours à leur vision des choses. Dans cet imbroglio, certains leaders de la «Dynamique unitaire», qui compte désormais un double, jugé plus «responsable», se plaignent de l’absence de soutien de la part de leurs collègues expatriés.
Pour Yves Alain Koumba et Joël Mamboundou qui intervenaient sur Gabonews FM à la suite de la manifestation du 23 mars dernier, «la situation des agents publics gabonais est plus que grave au regard des récents agissements des forces de l’ordre et du silence méprisant des élus sollicités lors de la manifestation devant l’Assemblée nationale». Une situation qui, ont-ils dit, est loin de s’arranger quand les enseignants expriment une incapacité à rester soudés et à se soutenir les uns les autres. Sans langue de bois, les deux porte-paroles ont pointé du doigt les enseignants expatriés. «Qu’ils arrêtent de boycotter notre grève en continuant de donner des cours», a lancé Joël Mamboundou, avant d’ajouter que dans leurs pays respectifs, les enseignants gabonais n’oseraient pas le faire. «N’y voyez aucune xénophobie, mais en se comportant de la sorte, ces enseignants affaiblissent nos chances de parvenir à la résolution des problèmes que nous décrions dans le secteur, qui nous sont d’ailleurs communs», ont-ils justifié, sans prendre en compte les clauses contractuelles liant ces enseignants à l’Etat gabonais. D’autant que ces derniers sont parmi les premiers à être soumis aux pressions des pouvoirs publics dès l’entame d’une grève.
Si le Syndicat des enseignants contractuels de l’Etat gabonais (Seceg) n’a pas officiellement donné sa position depuis le début du mouvement de grève, il n’en demeure pas moins que les enseignants expatriés sont eux-mêmes concernés par un certain nombre de revendications. Le Seceg avait d’ailleurs montré les crocs en novembre 2013 pour réclamer, entre autres, l’harmonisation de l’indemnité de logement pour les enseignants contractuels ayant moins de 150 000 francs, le payement de la prime d’expatriation et leur intégration dans le programme de départ volontaire de la Fonction publique, lancé le 18 octobre 2013. Pourtant, si on peut comprendre l’inquiétude des enseignants nationaux à voir leurs chances de sortir vainqueurs de ce bras-de-fer avec le gouvernement s’effriter, on comprend moins qu’ils ne veuillent pas s’accorder sur le fait que leur grève et les méthodes choisies ne puissent plaire à tous leurs collègues, dont certains ont repris le chemin des classes dès le paiement de la PIP.