Depuis sa défaite notable au terme d’une reprise des départementales dans le département du Ntem la semaine dernière, le PDG, dans cette partie du nord du pays est en proie à vives controverses et tensions internes. Comme en implosion, les camarades s’accusent mutuellement et la hiérarchie en prend pour son grade. Réactions de deux ténors du parti au pouvoir à Bitam.
Pour les camarades du Parti démocratique gabonais (PDG) du département du Ntem (Bitam), la pilule est difficile à avaler. Sujet à des tensions pour le moins révélatrices de la qualité des relations entre les ténors de cette formation politique dans le Woleu-Ntem, le parti du président de la République frise, nul n’en doute, l’implosion. Du moins dans cette partie du pays. La défaite du parti au pouvoir face au candidat indépendant Alfred Memine Me Zué, a en effet fait bondir plus d’un. Depuis, les tensions se sont exacerbées et les camarades s’accusent désormais ouvertement. Voltige d’invectives à peine voilées.
Chantal Ondo accuse « les brebis galeuses »
Le premier missile de cette guéguerre intestine est venu, comme on pouvait s’y attendre, de Chantal Ondo Oyé, visiblement dépitée et courroucée par tout ce qui se dit à son sujet au sein de sa propre famille politique. Pour la tête de liste PDG dans le département, membre du bureau politique et candidate à la tête du bureau du conseil département du Ntem, « ceci n’est plus ni moins qu’une escroquerie politique ». Interrogée au terme d’un point presse tenu mardi 21 janvier dernier et relayé par le quotidien L’Union (n°11437), Chantal Ondo n’y est pas allée par quatre chemin pour dénonçer le fait des « brebis galeuses mues par des dessins inavoués et qui tentent désespérément de pourrir le fruit de l’intérieur. » Sinon, s’est-elle interrogée, « comment expliquer à notre électorat que les indépendants que nous avons battus sur le terrain sans bavure et sans contestation soient les vainqueurs d’aujourd’hui ? » La seule réponse qui, pour elle semble envisageable, est la fourberie de quelques camarades « traitres » lors de la dernière consultation, à bulletins secrets, des conseillers élus du Ntem pour l’élection du bureau du conseil départemental.
La candidate malheureuse, au bord de la crise de nerfs, a martelé : « Il est inconcevable que le jeu de la traîtrise de quelques camarades revanchards n’ayant pas accepté leur remplacement lors du derniers congrès par des nouveaux camarades chargés désormais de conduire la politique du PDG dans le département du Ntem, viennent à travers des ententes contre-nature avec nos adversaires, inverser le choix souverain du peuple du Ntem. » Une accusation à peine voilée qui vise presque le conseiller politique du Président de la République dans la province, l’ancien vice-président du PDG, Emmanuel Ondo Methogo. Une accusation à laquelle ce dernier a tenu à répondre.
Ondo Methogo nie toute « traîtrise »
Ainsi, depuis la déroute du PDG dans le département du Ntem, Ondo Methogo, membre du Comité des Sages de l’ancien parti unique fait l’objet de plusieurs attaques dans sa localité, voire dans toute la province. Pour de nombreux militants, celui que l’on surnomme Méthode serait l’auteur de la victoire du candidat indépendant. On lui reproche notamment son aigreur et son désir de vengeance. Interrogé à ce sujet par le même journal, Ondo Methogo répond sans ciller : « Pourquoi devrai-je l’être ? Je n’ai pas à me cacher. J’ai exprimé toujours mes opinions. J’ai été candidat sur la liste. Tout ce qui m’a été fait a toujours été dénoncé. Je ne suis le maître-à-penser de personne. Surtout pas des compatriotes qui étaient sur ma liste. Ils sont libres et ils s’expriment comme tel. Peut-être qu’ils expriment leur ras-le-bol par rapport aux décisions qu’on leur impose. » Une réponse qui a le mérite d’être concise mais bien claire et qui ne disculpe pas son auteur pour autant. Qu’à cela ne tienne, d’autres regards accusateurs se portent de plus en plus sur la hiérarchie du parti sur laquelle ni Chantal Ondo ni Ondo Methogo n’hésitent pas déverser le tort.
Quand le Ntem remonte les bretelle à la hiérarchie du PDG
Pour Chantal Ondo, la victoire des fourbes sur les intérêts du PDG émane sans conteste du « laxisme, la nonchalance et la mollesse du secrétariat exécutif du parti ». Pour cause, soutient-elle, « l’instance du parti n’a pas réagi au regard des tous les rapports alarmants déposés en son sein sur les comportements blâmables des camarades indisciplinés avant, pendant et après la campagne. » Même son de cloche pour Ondo Methogo qui reste, lui, plus circonscrit : « Le résultat du vote de dimanche dernier (NDLR 19 janvier 2014) du renouvellement du bureau du conseil départemental du Ntem est le fruit du travail que les membres du bureau politique de la localité, qui sont d’ailleurs tous élus locaux, ont produit. » Plus direct encore, l’«ancien » pointe du doigt : « Ce à quoi nous avons assisté est la conséquence du travail du membre du comité permanent (René Ndemezo’o Obiang ?), des membres du bureau politique de Bikondom (NDLR Firmin Nguema, en l’occurrence) et du troisième siège. Lesquels n’ont rien fait pour éviter cette situation en appliquant la devise d’un parti dont ils sont membres. » Tout est dit. Reste à Faustin Boukoubi et son équipe de revoir leurs copies.