Comme à la fin de l’année dernière avec la parution du livre de Pierre Péan, «Nouvelles Affaires africaines – Mensonges et Pillage au Gabon», ce début d’année est lui aussi marqué par la révélation d’affaires, de scandales financiers, de succession qui se règle difficilement, de procès intentés en France contre des membres de la fratrie du président de la République. Cette «série noire» n’est, semble-t-il, pas prête de s’arrêter !
Les choses ont recommencé, en janvier, par la reconnaissance, par Ali Bongo lui-même, de l’usage de faux documents pour lesquels il affirmait au journaliste Alain Foka (RFI, France 24) que «ce sont de faux documents, nous n’allons pas revenir dessus». Ayant eu l’effet d’une bombe dans l’opinion, cette déclaration était véritablement une maladresse qui semble avoir plombé durablement l’espoir de ceux qui, proches du chef de l’Etat, avaient cru que ce n’était qu’une «invention de l’opposition». Alain Foka lui avait alors demandé «pourquoi utiliser des faux lorsqu’il existe des vrais ?». Ce à quoi Ali Bongo avait plutôt répondu par une pichenette, alors qu’il aurait pu argumenter autrement.
Puis, arriva la saisie du Boeing 777 de la flotte présidentielle. A la suite des médias internationaux, la presse nationale s’en est saisie, certains allant jusqu’à se demander pourquoi les autorités gabonaises laissaient se dégrader l’image du pays à ce point. Début-mars, fut révélée par le journal français en ligne Médiapart l’affaire de la succession Omar-Bongo pour laquelle se battent certains héritiers à propos de la filiation de certains d’entre eux avec le père. A coup de révélations fracassantes, des informations ont été portées au grand jour, notamment au sujet d’une plainte déposée par une héritière contre l’un de ses frères : le seul qui n’aurait pas versé au dossier de succession «un acte de naissance en bonne et due forme». Ensuite, revint l’affaire des biens mal acquis, suivie de l’affaire du non-paiement, par la présidence de la République et par Pascaline Mferri Bongo, d’un ensemble de factures d’un fournisseur parisien à l’entreprise Dream Team. Un procès s’est tenu en France le 17 mars dernier.
On peut y ajouter le report sine die du sommet des chefs d’Etat de la CEMAC. Renvoyé plusieurs fois, l’opinion avait cru que celui annoncé pour les 2 et 3 mars derniers dans la commune d’Akanda se tiendrait effectivement. Echec et mat ! Incompatibilité d’humeur entre des chefs d’Etat de la sous-région. La CEMAC n’est pas pour autant morte, mais certains observateurs lui prédisent un avenir difficile. Est-ce dû au fait que c’est le Gabon qui en assure la présidence en exercice ?
A présent, on assiste à des tensions diplomatiques entre Paris et Libreville. Elles devraient se calmer quelque temps avant de repartir, puisqu’on annonce la sortie, dans quelques mois, de publications sur la gouvernance Ali Bongo. Elles ne devraient pas faire sourire au palais du Bord de mer, annonce-t-on.