A l’heure du démarrage des grandes réformes dans le secteur éducatif gabonais, le lycée Jean Arsène Boungundza de Lastourville, comme plusieurs établissements d’enseignement secondaire et même universitaire du pays, n’a pas échappé à la volonté du gouvernement de «normaliser» les choses. Depuis, le modeste plateau sportif de ce lycée a été rasé pour des projets d’infrastructures aussi diffus qu’incongrus.
Si de nombreux élèves des classes de Troisième et de Terminale à travers le pays ont accueilli, tel un cadeau de noël avant l’heure, la suspension provisoire des mesures relatives à l’organisation du BEPC et du Bac, il est pourtant des causes que les revendications des apprenants ont tues. Pourtant, loin d’être dupes et crédules, de nombreux élèves émettent, près de deux semaines après la décision du chef de l’Etat, des doutes quant à l’action du gouvernement et notamment du ministère de l’Education nationale, qui continue d’essuyer les critiques les plus véhémentes malgré lui. Des élèves de Lastourville qui, depuis le début des manifestations de protestation ici et là, ne se sont pas fait remarquer, commencent à monter le ton. Et, ils ont raison, murmure-t-on désormais dans la commune de Lastourville. «On veut notre stade et le gymnase qu’ils nous ont promis», a lancé un élève le week-end dernier à la vue de journalistes parcourant la localité pour couvrir la campagne électorale. « On est fatigué des fausses promesses. On dirait que ce n’est que Libreville qui compte. Nous aussi on veut des terrains de jeux au lycée. Pourquoi ils ont détruit celui qui était là ?» S’est interrogé un autre, visiblement au bord de la colère.
Et la colère de cet élève semble une parfaite illustration de l’atmosphère ambiant. A «Lozo» (une autre appellation de Lastourville), on raconte que les «enfant sont fâchés» et risquent de gagner la rue pour attirer l’attention des adultes, de «manière vive». Les élèves de Lastourville ont quelques raisons de grommeler si l’on s’en tient à leurs conditions d’apprentissage, très loin d’être confortables depuis quelques temps. Notamment depuis que les autorités ont tout bonnement détruit le plateau sportif du Lycée Jean Arsène Bounguenza. Et pour cause : une nouvelle utilité a été trouvée à cet espace, jadis consacré aux activités sportives des élèves. Ce qui n’est pas sans rappeler l’Université Omar Bongo (Libreville) qui, depuis de nombreuses attend d’avoir un gymnase digne d’une université, tel que promis par le gouvernement actuel : le même qui a entrepris de raser l’ancien stade de football pour y installer un amphithéâtre, des salles et des bureaux administratifs préfabriqués. Soit.
A en croire les habitants de Lastourville interrogés sur cette curieuse affaire, il leur avait été promis la construction d’un «gigantesque gymnase» en faveur des jeunes de l’Ogooué-Lolo, et notamment de ceux du Lycée Bounguendza qui pourront enfin exercer, chacun, sa discipline sportive favorite. Mais, au grand dam des habitants et de nombreux lycéens, le «fameux» gymnase n’est jamais sorti de terre et l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), maître d’ouvrage de tous les chantiers du ministère de l’Education nationale aurait, dit-on, déjà changé d’objectif entre temps. En effet, interrogées sur la question, les habitants de Lastourville rapportent que, sur les lieux de l’ancien plateau sportif du Lycée, il serait désormais question de construire un «grand internat», bien qu’il en existe déjà un dans la ville. Celui-ci, visiblement mal entretenu aurait été «oublié» par les autorités, au point de souhaiter en rebâtir un tout neuf. En attendant le précieux édifice, les élèves du Lycée J.A Bounguendza suivent leurs cours d’éducation physique et sportive (EPS) comme ils le peuvent, souvent en mettant à profit l’espace jonché de pierres coupantes, dépourvu de pelouse. Pour ces élèves, il est surtout question de les divertir, pour tenter de justifier la présence des professeurs d’EPS au Lycée.
Une situation qui, murmure-t-on déjà dans le département de Mouloundou, risque de donner lieu à une nouvelle manifestation de colère de la part des élèves qui, bien souvent payent le lourd tribut lors des examens (BEPC et Bac). La raison évoquée par certains d’entre eux : le manque de préparation physique à cause de l’absence d’un véritable plateau de sport. Preuve que le secteur éducatif gabonais nécessite de «vraies» réformes, censées permettre aux élèves et étudiants d’apprendre dans les meilleures conditions et de pratiquer les disciplines sportives de leur choix. Mais, l’ANGT qui truste tous les budgets d’investissements de l’Education nationale, s’en soucie-t-elle vraiment ?