Qui sauvera le bateau « éducation nationale & enseignement supérieur » ? Le lundi 23 mars, les syndicalistes grévistes et les élève ont été dispersés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène lors d’une marche initiée par la Dynamique Unitaire. Une situation qui démontre l’enlisement de la situation au sein de ce secteur clé du pays.
Les images des heurts qui ont obscurci la célébration de la journée de l’enseignant sur le plan national font largement écho au malaise du secteur éducatif au Gabon.
Initialement prévue pour se tenir à l’école Martine Oulabou, l’assemblée générale du regroupement syndical de la Dynamique Unitaire s’est déportée au carrefour de la cité de la démocratie à cause des forces de défense qui ont envahi l’établissement scolaire, fief de ce groupe de syndicats. En effet, un dispositif militaire a envahi toutes les artères du quartier Bessieux empêchant par la même occasion tout déplacement des résidents de cette zone. Toutes les voies d’accès menant au quartier général de la Dynamique Unitaire ont été également fermées.
Face à cette situation, les enseignants qui avaient deux points à l’ordre du jour à savoir, la décision de reprise ou non des cours et la célébration de la journée de l’enseignant se sont déportés au quartier Nzeng-Ayong.
Appuyés par les élèves et étudiants qui appelaient à la reprise des cours, les enseignants ont décidé d’organiser une marche de protestation. Et ce fut le début des heurts avec les forces de l’ordre. Le bilan fait état de deux interpellations, de quelques blessés, de destructions d’installations publiques et de bouleversements du trafic routier.
Cependant des interrogations demeurent sur les évènements de cette journée. Pourquoi empêcher la tenue d’une assemblée générale en cette journée symbolique ? A qui profite ce genre de décision ? Face à de récentes déclarations du chef de l’Etat reposant sur l’apaisement et la volonté de sortie de crise, qui a donc décidé d’une intervention des forces de l’ordre ?
Pourquoi en cette journée nationale de l’enseignant marquée par des revendications comme celles qui avaient coûté la vie à Martine Oulabou le 23 mars 1992, les enseignants ont-ils été dispersés à coups de gaz lacrymogène ? Le devoir de mémoire n’aurait-il pas voulu qu’en cette journée de commémoration, les enseignants se retrouvent dans le calme pour faire le bilan de leurs différentes réclamations ?
Pourtant le Syndicat de l’éducation nationale (Sena) n’a pas manqué de le rappeler en affirmant « un 23 mars 1992, Martine Oulabou tombait sous les balles de l’oppresseur parce qu’elle osait revendiquer une meilleure école pour tous ».
Un tel témoignage doit-il se répéter pour que le problème de l’enseignement soit définitivement résolu et avancer au lieu de faire du surplace ?
Par ailleurs, dans la journée du 23 mars, plusieurs groupes de manifestants se sont formés, pendant que certains étaient encerclés par les forces de défense à Nzeng-Ayong, un autre groupe envahissait l’Assemblée nationale dans le but de rencontrer le responsable de cette institution, tandis qu’un autre groupe fuyait les bombes lacrymogènes dans des quartiers sous-intégrés de Libreville.