LIBREVILLE – Le président de la République, Ali Bongo Ondimba a lancé dimanche à Makokou (nord-est) la phase opérationnelle du programme de la Gabonaise de réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (GRAINE), en procédant à la remise des agréments et des titres fonciers aux coopératives, avant la visite des sites devant accueillir les exploitations agricoles, a constaté un journaliste de l’AGP sur place.
‘‘Il y a trois mois, jours pour jours, je procédais à Libreville, au lancement officiel du programme GRAINE, devant les forces vives de la nation et les partenaires au développement. Me voici à Makokou, ce 22 mars 2015, pour procéder au lancement de la phase opérationnelle de cet important programme de développement pour notre pays’’, a déclaré le président Ali Bongo Ondimba, après avoir remis, à 105 coopératives (3 650 membres), sur 158 constituées en Ogooué-Ivindo, leurs agréments et 12 titres fonciers.
L’Ogooué-Ivindo, province pilote du programme GRAINE a vu depuis l’installation d’un centre régional GRAINE en janvier, la constitution de 158 associations, le choix de 23 sites agricoles de 120 à 220 hectares. Les premiers titres fonciers concernent une surface de 1458 hectares. Les travaux d’aménagement sont en cours, notamment l’installation de 179 pompes hydrauliques, dont cinq forages ont été réalisés. L’Ogooué-Ivindo, c’est aussi 8 agriculteurs, sur 52 au niveau national, qui vont début avril être formés en Malaisie.
Le président de la république a, au demeurant, présenté l’inauguration de ce programme dans l’Ogooué-Invindo comme un grand défi à plusieurs titres. ‘‘Les Ogivins portent la responsabilité de réussir, individuellement et collectivement ce programme afin de briser les préjugés et de servir de modèle aux autres provinces’’, a souligné le président.
‘‘Il vous revient, cher compatriotes, de démentir un certain nombre de préjugés qui ont longtemps prévalu dans nos esprits, et qui ont contribué à faire échouer plusieurs projets agricoles’’, a signifié Ali Bongo Ondimba, rappelant les préjugés et les doutes les plus courants.
‘‘Telle province n’a pas de vocation agricole’’, ‘les Gabonais n’aiment pas le travail de la terre, qu’ils préfèrent rester au bureau’’, les Gabonais n’ont pas un esprit d’équipe, qu’ils ne savent pas se mettre ensemble pour former des coopératives et des associations agricoles’’, a-t-il énoncé non sans encourager les populations ogivines, dont il a remarqué « l’engouement », « une réelle adhésion », « l’engagement spontané »...
Le deuxième défi pour l’Ogooué-Ivindo, le président l’a relevé, concerne le conflit Homme-faune, caractérisé entre autres par les destructions des plantations par les éléphants.
‘‘Le choix de la province de l’Ogooué-Ivindo est un second défi dans la mesure où c’est dans cette province que le problème des éléphants se pose le plus’’, a jugé le président qui a rassuré les Ogivins avec une pointe d’humour. ‘‘Je ne suis pas sourd à vos plaintes et je dois vous dire que j’ai été élu à la présidence de la République par des populations et non par les éléphants’’, a-t-il ironisé avant d’affirmer la poursuite de la politique de préservation engagé par son prédécesseur, pour les générations futures.
‘‘Nous ne protégeons pas les éléphants pour plaire à la communauté internationale. Nous les protégeons parce qu’ils contribuent à faire revivre nos forêts. Sans les éléphants, certaines de nos essences d’arbres auraient disparu’’, a-t-il clamé, signifiant par ailleurs ‘‘nous ne pouvons pas non plus laisser nos populations mourir de faim’’.
Le président à de ce fait engagé ‘‘le gouvernement, en relation avec l’Agence nationale des parcs nationaux et la coopération internationale, à explorer toutes les solutions envisageables, afin de résoudre ce problème’’ dans tout le pays.
Ali Bongo a présenté à ses hôtes ogivins les enjeux de GRAINE en terme d’autonomie financière, la dignité et la respectabilité qu’il va donner aux « entrepreneurs agricoles ». Car, « la terre ne ment pas », a rappelé le président, faisant sienne la maxime gabonaise clamée par une agricultrice de la province de la Ngounié, lors des assises sociales d’Angondjé en avril 2014. Le président a ensuite invité son auditoire à se remémorer les défis qu’on constitué, la réalisation du chemin de fer par le président Omar Bongo, l’organisation de la CAN 2012, alors que le scepticisme et le pessimisme avaient gagné de nombreux esprits.
Le président a par la suite loué le partenariat public-privé noué avec le Singapourien OLAM pour la mise en œuvre de ce projet. Il a invité les autres investisseurs à participer à la réalisation de ce programme, invitant aussi les ONG à jouer leur partition.