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L’avenir de l’agriculture africaine discuté à Accra
Publié le mardi 10 decembre 2013   |  Sidwaya




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Des producteurs africains parmi lesquels 4 burkinabè, se sont réunis le 27 novembre 2013 à Accra pour la conférence 2013 des organisations paysannes d’Afrique.Venus d’Afrique du Centre et de l’Ouest, quelque 140 participants ont discuté des meilleurs moyens de sortir le secteur agricole africain du creux de la vague.Les producteurs du Burkina, du Ghana, du Mali, du Bénin, du Nigeria, du Kenya, du Rwanda, du Mozambique, du Malawi, de l’Ouganda et de la Tanzanie se sont retrouvés en conférence à l’hôtel Fiesta Royal d’Accra pour partager les expériences pouvant améliorer la productivité et les revenus. La conférence a également vu le lancement d’un livre qui met en exergue le travail des petits exploitants agricoles.
La rencontre a été initiée par le Centre de recherche sur le climat des investissements en Afrique (AFRICRES) et l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA). Son but est de mettre en contact les producteurs avec des organisations non gouvernementales et le secteur privé pour trouver la meilleure façon de résoudre les difficultés qui minent la base de l’agriculture, c’est-à-dire au sein des petits producteurs.
Amidou Ouattara de l’Association formation développement ruralité, basée à Ouahigouya, a expliqué l’importance de cette rencontre : « Ce genre de rencontres pour nous qui sommes dans la production et la commercialisation groupées est une tribune où l’on rencontre plusieurs acteurs du monde rural avec lesquels ont peur échanger. Les thèmes évoqués sont très pertinents et posent bien la problématique de l’agriculture en Afrique. Nous avons la question de la fertilité des sols, ici traitée sous l’angle de la santé des sols, la question des acteurs de la production, notamment les femmes et les jeunes et l’accès au financement. Au Burkina Faso, ces trois thèmes sont discutés et on cherche des approches pour voir comment relever ces défis ».
Sur la base d’études menées au Kenya, au Ghana, au Mozambique, en Tanzanie et au Malawi, le conférencier Sephooko Motelle a fait remarquer que les fermiers kényans de façon générale, sont mieux organisés que les autres, disposent souvent de plans d’investissements quinquennaux et utilisent les nouvelles techniques d’information et de communication. Par exemple, les organisations paysannes ont un niveau de redevabilité estimé à 85% au Kenya. Elles sont officiellement reconnues, avec des statuts clairs, des mécanismes d’évaluation et des sanctions prévues.
Selon lui, à l’inverse de ce qui se passe au Kenya, beaucoup de producteurs africains ne prennent pas leurs activités comme un vrai business, d’où de nombreuses faiblesses constatées.
Mais dans l’ensemble, poursuit-il, les producteurs africains ont de faibles capacités professionnelles, maîtrisent mal le marché et l’environnement économique, utilisent peu les nouvelles techniques d’information et de communication et attirent peu les jeunes. Conséquence, ils sont peu crédibles et victimes de nombreux conflits internes.
Le conférencier a plaidé pour que les organisations de producteurs enrôlent des jeunes en leur sein. "Si un jeune rêve d’avoir la grosse voiture qu’il a vue dans son quartier où à la télévision, il faut lui faire comprendre qu’il peut aussi l’avoir en allant dans les champs", a-t-il dit.

Les jeunes convoités, les retraités indexés

Mais sa proposition à fait réagir plus d’un. Certains participants ont fait comprendre que l’agriculture qui dépend des aléas climatiques offre des profits hypothétiques et reste un travail sale pour beaucoup de jeunes. D’autres ont réagi par rapport au travail forcé des enfants. En réplique, M. Motelle a fait comprendre qu’il faut inclure les jeunes dans la production, pas en tant que manœuvres, mais en tant que producteurs de demain. Il s’agit, selon lui, de leur faire gagner leur vie, leur donner un goût de l’agro-business, sans compromettre leur instruction.
Les participants ont aussi souligné le comportement égoïste de certaines personnes instruites au sein des organisations paysannes. Une fois admis à la retraite, ces gens retournent dans les champs, pas pour exploiter la terre uniquement, mais aussi pour exploiter les producteurs analphabètes. Avertis, expérimentés et futés, les retraités se retrouvent facilement à la tête des organisations paysannes. Malheureusement dans bien des cas, estime le conférencier Motelle, "ils sont souvent là pour eux-mêmes et pas pour les paysans, espérant ainsi maintenir le niveau de vie qu’ils avaient avant".
Pour améliorer la gestion des organisations paysannes, les participants ont proposé de les doter de textes constitutifs clairs, de séparer les rôles des bureaux exécutifs de ceux du secrétariat, et de les aider à se doter d’une stratégie claire.
« Il est indispensable que ces organisations aient des textes constitutifs qui soient bien clairs, qui prennent en compte les préoccupations des membres du groupe et que tous acceptent que les textes en conformité avec les lois du pays, soient bien appliqués », a proposé, Mme Delphine Zoungrana de la délégation burkinabè, coordonnatrice de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB). A ces propositions s’est ajoutée l’idée d’un comité de gestion des conflits internes et d’un conseil juridique.
Accra aura été une occasion de soulever les difficultés qui minent les organisations de producteurs. Parmi les sujets, les participants ont souligné les difficultés d’accès aux financements, souvent liés à l’incapacité de ses organisations à produire des documents convaincants, faute de compétence internes.

Des milliards de pertes

La question des pertes post-récolte est revenue dans les échanges. Dans toutes les récoltes, il y a des pertes, mais celles-ci sont en hausse chez les producteurs africains. A la séance des questions-réponses, il est ressorti que l’Afrique perd d’énormes quantités de récolte évaluées à des milliards de dollars. Par exemple, dans le battage à même le sol, non seulement des graines se dispersent dans la nature, mais aussi des cailloux, des herbes et d’autres augmentent considérablement le taux d’impureté et sur le marché, fait chuter le prix du produit. Des bâches de battage ont été proposées pour limiter ces pertes et le taux d’impureté.
Enfin, les participants ont évoqué le cas des équipements agricoles importés, abandonnés dès la première panne parce que le service après-vente n’est pas assuré. Mais avec le nombre de plus en plus croissant d’équipementiers locaux, ce problème devrait relever du passé.
Il a appelé à l’amélioration des organisations confessionnelles pour être plus efficace à travers le lobbying, l’articulation de leur position sur une politique agricole et le développement des stratégies favorables à leurs membres, notamment les petits exploitants et les agricultrices. Cette conférence, organisée à deux jours de la journée du paysan ghanéen, a été un succès eu égard à la richesse des sujets et des débats. Les participants ont ensuite assisté au 28 novembre 2013, à une cérémonie de récompenses destinées à encourager les meilleures organisations paysannes d’Afrique.

Aimé Mouor KAMBIRE
De retour d’Accra

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