Signes avant-coureurs de fraude par le PDG, mauvaise foi et bilan «catastrophique» du Conseil sortant, la tête de liste indépendante, Paulette Missambo, sort les griffes et provoque, sur son propre terrain, des listes vraisemblablement timides de Patrice Tonda (PDG) et d’Etienne Guy Mavougha (Indépendant).L’ancienne ministre d’Omar Bongo et hiérarque de la quasi-clandestine Union nationale (UN), dans cet entretien accordé à Gabonreview, le 8 décembre 2013 à son domicile de Lastourville (Ogooué-Lolo), s’est voulue confiante, l’expérience et la force de l’unité parlant pour elle.
Gabonreview : Quelles raisons ont inspiré votre candidature dans la commune de Lastourville ?
Paulette Missambo : Je me présente à la commune de Lastourville suite à la demande des populations. Suite à de nombreuses sollicitations, bien qu’ayant été un peu absente après les élections législatives de 2011 au terme desquelles j’ai enregistré une défaite, je me suis sentie dans l’obligation de répondre à l’appel de la population de Mouloundou qui exprimait un certain désir de changement. Et chemin faisant, cette pression s’est accentuée, ceci dès l’annonce par le ministère de l’Intérieur de l’ouverture des candidatures, il y a quelques mois. Leur stratégie a été de commencer très tôt à se concerter dans leurs quartiers respectifs afin d’en ressortir une personnalité devant rejoindre ma liste.
Ce n’est qu’à l’occasion d’un séjour ici (Lastourville, ndlr) que je me suis rendue compte que les habitants avaient déjà constitué des dossiers pour la présentation de la liste électorale que je devais conduire. Mon refus et ma résistance n’ayant alors servi à rien, je me suis donc résolue à accepter cette nouvelle mission, preuve du soutien et de la confiance que les habitants de Lastourville ont placé en moi.
De même, à l’écoute des populations, lors de nos récentes tournées à travers les différents quartiers de la ville, les gens nous ont fait parvenir leur sentiment de frustration et d’abandon durant le règne de l’équipe du maire sortant. De nombreux riverains ont regretté le fait de ne pas être impliqués et associés dans les décisions des autorités municipales. J’ai donc dû les écouter et par la suite respecter leur volonté, tout en me renseignant sur leurs attentes. Et c’est naturellement sur la base de ces attentes et du bilan des cinq dernières années que nous avons, ensemble, élaboré un projet ayant pour but de redonner vie à Lastourville.
Comment se décline ce projet ?
Lastourville est une ville carrefour qui nécessite qu’elle soit mise en valeur, afin qu’elle soit dynamique, attrayante et moins sujette aux nombreuses critiques négatives dont elle fait l’objet ces dernières années. Vous savez, on dit de Lastourville qu’elle est déjà une ville morte. C’est devenu une ville où il n’y a pas de nouveaux investissements, donc pas d’emplois ; les jeunes sont victimes du chômage bien que diplômés ; il n’y a pas de lieux de loisirs, alors ils sombrent dans l’alcoolisme et la drogue. De plus, la vie est devenu chère à Lastourville : les produits de première nécessité se raréfient et coûtent de plus en plus chers.
Sur la base des plaintes et recommandations recueillies auprès des populations lors de nos échanges, en tenant compte du bilan lourdement négatif du Conseil sortant, en collaboration avec les habitants, nous avons établi un projet basé sur trois principaux points, susceptible de redonner vie à la commune et l’espoir d’un mieux-être pour nos concitoyens de tous bords politiques.
Plus explicitement…
Explicitement, ainsi qu’il apparaît dans le prospectus [celui posé devant elle et distribué aux populations], il s’agit d’intervenir sur le plan économique, socioculturel et sur le plan politique. Sur le plan économique, nous entreprendrons de réaménager le marché central afin de permettre aux femmes de vendre leurs produits vivriers dans les conditions décentes, en plus de construire un deuxième marché pour faire face à l’agrandissement de la ville. Pour la petite anecdote, une femme avait été grièvement blessée à la jambe alors qu’elle commerçait à l’ancien marché, jugé trop proche de la route. Ce qui avait alors contraint le maire sortant à déplacer le marché, mais cette fois avec l’acquisition des tables à un prix élevé. Conséquence : les femmes sont retournées aux abords des routes au risque d’autres accidents, malheureusement. Nous comptons réviser la baisse des impôts et autres taxes imposés aux commerçants pour encourager l’initiative privée et attirer davantage d’investisseurs dans des domaines variés tels que le transport, le commerce, les services, la formation et bien d’autres. Nous souhaitons venir en appui au ministère de l’Agriculture en mettant sur pied des moyens pour encourager la création des coopératives agricole à travers la commune, tout en cherchant des partenariat partout. Pourquoi pas en Europe ou dans d’autres continents ?
Sur le plan social et culturel, la liste de l’unité [avec son ancien adversaire Moutoumbou, ndlr] que je représente, apportera un appui aux structures de santé et d’éducation. Il s’est trouvé que le Centre de lecture et d’animation culturelle (Clac) qui était un lieu de la culture pour les jeunes et les moins jeunes a été transformé en salle des fêtes par le Conseil sortant. Comprenez le désarroi des jeunes de Lastourville. Mais aussi, nous initierons, au moins une fois par an, des campagnes de sensibilisation sur le civisme, la propreté, l’hygiène, etc. Surtout, il nous importe énormément d’aménager des espaces de loisir et de sport pour les jeunes. D’autant plus qu’ils sont venu casser le plateau sportif du Lycée Bounguendza, soit disant pour construire à la place une gigantesque gymnase puis un grand internat, alors qu’il y en a déjà un. L’aménagement de ce genre d’espace sera donc, non plus pour le Lycée Bounguendza uniquement, mais le Lycée Saint Pierre Claver en sera également pourvu. Nous n’avons pas d’évènements culturels ni sportifs majeurs, censés faire la promotion des valeurs dont nous disposons ici, il donc convient d’en créer. Et c’est à quoi nous aspirons.
Pour ce qui est de l’aspect politique de notre projet, il s’agira d’envoyer un valeureux représentant au Sénat, chargé de relayer les différentes préoccupations des populations de Lastourville. Notamment en ce qui concerne la réhabilitation des voiries, des structures scolaires et sanitaires. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’une ville comme Lastourville n’ait pas une voirie pour gérer ses ordures, que les hôpitaux et des établissements scolaires soient en de si piteux état, avec des voies impraticables en saison de pluie et la présence dans les hôpitaux d’appareils usagés et mal en point. J’oubliais, un projet important : celui de la construction d’un parking pour que les rues ne soient plus encombrées de véhicules qui garent aux deux bords des routes. Sur le plan politique, nous entendons également promouvoir la fraternité et la solidarité dans le respect de la diversité d’opinions, même si nos adversaires ont récemment déclaré que lors de ces campagnes, «on met la famille entre parenthèses». De propos qui ne sont pas honorables pour ceux qui les tiennent, en tant qu’Africains. Ces mêmes personnes prétendent aujourd’hui que je n’ai rien fait ; que toutes les infrastructures que j’ai créées ont été créées par le PDG [Parti démocratique gabonais auquel est a appartenu, ndlr]. C’est trop facile !
L’on a également entendu dire que certaines personnalités de la ville retiendraient des cartes d’électeurs pour les empêcher de voter pour vous le 14 décembre prochain. Vous confirmez ?
En effet, la même chose m’a été rapportée récemment. Une femme dans la ville retiendrait plusieurs cartes d’électeurs, supposés me voter le 14 décembre, sous prétexte qu’elle n’a jamais de temps. A chaque fois que les électeurs vont dans l’un des trois bureaux de vote qu’on lui a confiés, elle n’est jamais là. Comment peut-on confier la gestion de trois bureaux à une seule personne ? C’est déjà des signes de fraude. Et si je sors perdante de cette élection, c’est que le PDG aurait une fois de plus usé de fraude, parce qu’il n’aurait pas respecté la volonté des habitants de la commune.