Lancée le 4 décembre 2013, la campagne électorales des locales et municipales prend de l’ampleur au fil des jours, malgré un démarrage laborieux. Les observateurs interrogés estiment pour leur part que, d’année en année, le jeu électoral perd de son lustre et de son attractivité dans le pays.
Sur le front électoral, du moins de la campagne au niveau de la capitale gabonaise, on remarque des candidats plus médiatisés que d’autres, à l’instar de têtes de liste du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) – Laure Olga Gondjout, Léandre Zué, Alexandre Barro Chambrier- mais aussi de quelques grosses pointures de la Majorité présidentielle comme Jean-Boniface Asselé du Centre des Libéraux réformateurs, ou de l’opposition à l’exemple de l’ancien Premier ministre, Jean Eyéghé Ndong, candidat indépendant, qui se fait accompagner d’une bonne partie de l’Union nationale qui présente également Chantal Myboto Gondjout.
Certains candidats, moins connus à l’échelon national, sont néanmoins sur le terrain et n’attirent pas les médias comme les ténors précités vus comme. Si bien que nombreux estiment que le prochain maire de Libreville figure parmi les personnalités les mieux médiatisées.
Quant à la campagne elle-même, de nombreux quidams en expriment plutôt de la déception. «Jadis, la campagne était le seul moment où on pouvait espérer avoir gratuitement l’argent de ceux qui nous gouvernent. Mais là il n’y a rien !», a lancé un jeune d’une vingtaine d’année, expliquant qu’il n’a eu ni tee-shirt ou autre gadget dans deux meetings où il s’est rendu dans son quartier du 6e arrondissement. Comme lui, les nostalgiques de feu le président Omar Bongo Ondimba trouvent que cette campagne est «fade». Une autre façon de dire que les forces en présence ne rivalisent pas d’originalité pour attirer les potentiels électeurs. «Depuis que la campagne a commencé, tout le monde vient nous parler d’insalubrité. Est-ce que c’est le seul problème que nous connaissons dans cette ville ? Tout va mal !», a lancé un quinquagénaire arborant le tee-shirt de son candidat, un ancien haut cadre de la République gabonaise. Pour lui, c’est «l’homme de la situation. C’est la personne idoine pour la mairie de Libreville malgré son passé dans le PDG» qu’il taxe pourtant d’être la source «du mal du pays».
«Cette campagne n’a vraiment pas de fonds. On a des candidats qui n’ont pas de projets et qui viennent essayer de dire ce qu’ils pensent pour berner les gens. C’est clair que cette fois-ci, on a trop de vendeurs d’illusion», a dit, critique, un enseignant du lycée d’Oloumi avant qu’une femme d’une trentaine d’années, attendant le taxi, ne relève à sa suite que «certains des ces candidats ont pour projet les critiques à l’endroit de leurs concurrents, c’est leur projet de campagne pour Libreville». «Cela ne peut pas les servir. Les Gabonais ont déjà trop vu», a-t-elle déclaré.
A coté de ceux qui estiment qu’elle manque de fonds et de fond d’autres pensent que la campagne est «normale». «On ne peut pas demander plus que ça. A l’époque de feu Omar Bongo, il y avait des moyens, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Beaucoup de candidats doivent sortir les fonds de leurs poches pour cette campagne», a fait remarquer un membre d’un directoire de campagne dans le 4e arrondissement.
D’autres en sont arrivés même arrivés à croire que le peu d’engouement enregistré dans certains meetings est la résultante du décès de Nelson Mandela. Et lorsqu’on leur demande de s’expliquer, l’un d’eux a répondu : «les uns sont devant les postes téléviseurs pour suivre les hommages à cet homme exceptionnel disparu le 5 décembre 2013». Et certains enfin estiment simplement qu’il «ne sert à rien d’aller aux meetings». Pour eux, «dés sont pipés et l’on sait quels seront les gagnants de ce scrutin».